samedi 1 août 2015

1e août 1589 : Assassinat d'Henri III


Pas ma faute si chaque mois, un roi meurt sur ce blog. Puis père et fils, j'ai tiré le gros lot ! Aujourd'hui, la mort ne sera pas stupide, un peu drôle dans les faits, mais surtout assez triste car Henri III (1551-1589) n'a pas su être aimé par son peuple à sa juste valeur, lui préférant un Guise balafré, et se révoltant contre leur souverain, peut être un peu trop avant-gardiste pour son époque. Voici le récit d'une mort non seulement d'un roi, mais aussi d'une dynastie : les Valois.


Henri III, excommunié par le pape au mois de mai 1589 pour avoir assassiné le cardinal de Guise, peu aimé de son peuple, avait l'ambition de reconquérir son royaume. Pour cela, il s'allia à Henri de Navarre, son cousin huguenot, et sans aucun doute le plus proche parent masculin pour devenir son successeur. En effet, le souverain a épousé Louise de Lorraine, magnifique jeune femme dont il était épris, mais le couple n'avait pas la chance d'avoir d'enfant pour continuer la dynastie, il fallait donc songer à un successeur et le béarnais, qui prendre le nom d'Henri IV, était le parfait candidat, avec le seul souci d'être protestant. Mais il le dira lui-même quelques années plus tard « Paris vaut bien une messe ». Les deux hommes et leurs armées marchèrent donc sur la capitale après avoir repris Jargeau, Pithiviers et Etampes, puis avança vers l'ouest de Paris, sur Saint-Cloud. La nuit du 31 juillet 1589, le monarque prit ses quartiers au château de Saint-Cloud – aujourd'hui malheureusement disparu – appartenant à Jérôme de Gondi, italien de l'entourage de la défunte reine-mère, Catherine de Médicis. D'ici, Henri III a une vue imprenable sur Paris et est prêt à conduire le siège.

Le matin de ce 1e août, après le lever du roi, une demande d'audience est requise : un moine serait chargé d'une lettre du président du Parlement de Paris, Achille de Harlay, prisonnier de la Ligue. Pour rappeler la Ligue est un groupe de catholiques en lutte contre les protestants et est devenue si puissante qu'elle a réussi à chasser Henri III en 1588. Enfin il n'était pas seul, Jacques de La Guesle, procureur général du parlement de Paris, est présent aussi. On fit entrer le religieux, alors que le souverain se trouvait sur sa chaise percée. Ne vous offusquez pas, à l'époque les souverains posaient leur pêche devant autrui sans que cela ne gêne, il en était presque un honneur de vous un roi dans une telle intimité, alors le moine devait se sentir chanceux. Le religieux se nomme Jacques Clément est un jeune homme de 27 ans, de l'ordre dominicain et un fanatique ayant rejoint la Ligue. Il demande la permission de s'approcher pour remettre ce pli confidentiel et quand cela fut accepté, il tendit la lettre au souverain qui la lit. Puis ayant fini sa commission, il se leva, remit ses chausses. C'est à cet instant précis que le moine sortit un couteau de sa manche et planta Henri au ventre. Il retira l'arme de sa plaie et voulut à son tour attaqué son assassin, qu'il toucha légèrement en criant « Ah le méchant moine, il m'a tué ! ».

Sans plus attendre la garde royale arriva et sans aucune forme de procès, transperça le moine de leurs épées avant de le jeter par la fenêtre, histoire d'être sûr de sa mort, je pense. Le roi, quant à lui, avait perdu beaucoup de sang et on le transporta jusqu'au lit. Les médecins, bien mauvais à cette époque, trouvèrent la blessure sans gravité, c'est pour dire. Il fit prévenir Navarre de sa blessure, fit envoyer des missives dans le royaume pour avertir de l'attentat, puis fit dicter une lettre à son épouse, alors à Chenonceau avant d'écrire ces lignes lui-même « Ma mie, j'espère que je me porterai bien. Priez Dieu pour moi, et ne bougez de là. » Cependant, l'intestin était perforé et le lavement prescrit par les médecins accélèrent le mal. Voici arriver Henri de Navarre autour et le souverain affaibli, lui donna ses dernières recommandations, affirma son statut de successeur. Il l'appela Mon frère – après tout il étaient beau-frères vu que Navarre avait épousé Marguerite de Valois – et demanda à ses fidèles gentilshommes de prêter serment au futur roi. La scène fut d'une vive émotion, certains pleuraient de voir mourir leur roi. En fin de journée, la fièvre ne tombait pas, la plaie étaient vilaine et Henri se sentait partir. Il se confessa, pardonna a ses ennemis, il fit par deux fois le signe de croix et s'éteignit vers trois heures du matin.


La reine Louise pleure son mari assassiné et prend le deuil en blanc, et se donne pour ligne directrice de réhabiliter la mémoire de son mari, trop souvent malmené. Dans sa chambre au second étage du château de Chenonceau, elle fit peindre les murs en noir et pleure son époux disparu. Pendant ce temps là, dans Paris, on ne s'émeut guère de la mort de ce roi qu'on considérait mauvais, mais comme disait le mémorialiste de l'époque, Pierre de Lestoile « C'était un très bon prince, s'il rencontré une bonne époque. » Cette phrase résume bien l'histoire de ce souverain mal-aimé et incompris, dont le portrait fut rarement élogieux alors qu'il était un mécène, raffiné, humaniste. Mais devenir roi en pleine guerre de religion et avoir tué le duc de Guise ne l'aidèrent pas à sa popularité. Henri III fut le premier roi assassiné et le dernier de sa dynastie les Valois. Après lui, la Maison Bourbon prend le relais en matière de rois …  

2 commentaires:

  1. J'avoue la phrase "Ah le méchant moine, il m'a tué" m'a fait rire. Mais pour le reste, c'est trop triste. (surtout que maintenant je le vois avec la tête de Raphaël Personnaz). Et c'est tellement émouvant quand on entre dans la chambre de Louise de Lorraine à Chenonceau.

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    1. La chambre de Louise de Lorraine me rend toujours triste, on sent la tristesse à l'intérieur...

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