mardi 22 septembre 2015

Journées du Patrimoine 2015 , jour 1 : Samedi 19 septembre



S'il y a bien un événement que je ne manquerais pour rien au monde, c'est bien entendu les Journées du Patrimoine. Mon troisième weekend de septembre se vit au rythme de visites incroyables, d'endroits fermés au public en général, toujours plus somptueux les uns que les autres. Et cette année encore, ça n'a pas échappé. Si je n'ai pas encore eu la folie de me lever à 4h du matin pour faire le Palais de l’Élysée, j'ai vu bien d'autres choses dont je vous parle ici. C'est parti pour trois visites ce samedi. Suivez moi …


Pendant ce weekend, avec Pipou – mon appareil photo toujours à mes côtés – nous écumons Paris et entrer dans de véritables bijoux. J'ai d'ailleurs une certaine passion pour les ambassades, très souvent d'anciens hôtels particuliers sublimes. Le thème de cette années, patrimoine du XXIe siècle, je ne l'ai pas du tout écouté, au contraire ! Accompagnée d'amies, dont Cécile de Cécile Voyage, et Emma de Vague de Livres, nous avons préparé notre périple au cœur de Paris. Cinq visites en deux jours, c'est quand même pas mal. Pour vous éviter une indigestion de lieux, je ferais deux articles, un par jour. En toute logique, commençons par le samedi.

L'Opéra Garnier


Honte à moi, je n'avais jamais visité l'Opéra avant ce jour. Il faut dire que tout ce que je veux voir se trouve à l'Opéra Bastille (un bâtiment moche) et je n'avais jamais pris la peine de le visiter. Levée tôt, car l'endroit est prisé, me voici plongée au cœur d'une architecture des plus riches qu'il soit, avec le style Second Empire.

En effet, Napoléon III a besoin un nouvel Opéra. Il faut dire que l'empereur et son épouse ont échappé à un attentat mené par des anarchistes italiens en sortant de l'opéra de Paris, rue Le Peletier (détruit dans un incendie en 1873), situé à 600m de ce qui sera le nouvel opéra ! On comprend Napoléon III, il n'a pas envie de sortir d'une réception et mourir sur les coups d'une machine infernale. Voici donc qu'un concours est organisé, soixante et onze concurrents viennent présenter leurs projets, et Paris se passionne pour cette histoire. Si Eugène Viollet-le-Duc, architecte favori du couple impérial, semble avec de l'avance, un certain Charles Garnier vient tenter sa chance, et contre toute attente, voit son projet être retenu. Le projet est titanesque et coûteux, plusieurs fois interrompu pour des causes budgétaires d'ailleurs. L'empereur ne verra jamais son opéra terminé, car il abdique le 4 septembre 1870, part en exil et meurt en 1873. L'Opéra, quant à lui, n'est inauguré que durant la IIIe République le 5 janvier 1875. Le style est celui du Second Empire : clinquant, éclectique (on prend tout ce qu'il y avait avant et on mélange), très luxueux avec beaucoup de dorures, et très chargé.

Le bassin de la Pythie, l'entrée vers la salle de spectacle et une vue du grand escalier.

Autant dire que j'ai adoré l'endroit. On me donne du chargé, du doré et des décorations à tout va, ça me plaît ! On n'entre pas par le grand hall mais par l'arrière, ce qui est actuellement la rotonde des abonnés, et déjà c'est superbe. Le spectacle commence par le bassin de la Pythie, une superbe sculpture sous le grand escalier. On en parle de celui. Un escalier central qui se scinde en deux, à double révolution, le tout avec des balcons tout autour où il était sûrement bon de paraître, un plafond peint somptueux et des décors au point d'en perdre la tête.
On en parle des différents salons, et du foyer ? De la mosaïque au sol, des peintures au plafond et que d'or partout ! Dans le grand foyer donnant sur le balcon, des miroirs sont mis en face, comme la Galerie des Glaces, donnant cette impression d'immensité et de lumière. Clairement, je voyais des hommes en queue de pie et des femmes en robes à tournures dans ces lieux, durant l'entracte d'un Wagner par exemple …

En haut : vue du grand escalier, la bibliothèque ; en bas : le grand foyer et les costumes de La Belle au Bois Dormant

S'en suit la bibliothèque-musée, où l'on commence par la beauté des yeux par les quelques 100.000 livres de la bibliothèque, tout en bois, avec des échelles et des petits escaliers à la dérobée pour monter à l'étage. On se croirait davantage dans un manoir que dans un opéra. Quant à la partie musée, en cinq salles, proposent des maquettes de scènes, des costumes, des peintures de personnalités de l'opéra et différentes sculptures, notamment de compositeurs. On peut imaginer aisément l'importance de l'Opéra à l'époque, notamment sociale. La visite se termine par le grand vestibule, qui est normalement l'entrée principale les jours de représentation.

Mon seul regret fut de ne pas voir la salle en elle-même. Je compte bien revenir, cette fois-ci pour assister à une représentation. Mais j'ai adoré cette visite, l'endroit est juste superbe et nous plonge dans une autre époque. Et je n'ai pas rencontré le fantôme non plus …

Hôtel de Charost – Résidence de l'ambassadeur de Grande Bretagne


Après le XIXe siècle, petit bon dans le temps au siècle d'avant, et partir en Grande Bretagne. On ne peut pas visiter l'ambassade en elle-même, par contre monsieur l'ambassadeur nous reçoit chez lui. Et non, il n'y avait pas de Ferrerro Rocher, c'était décevant. Heureusement qu'on se rattrape sur le reste.

Hôtel particulier construit au milieu des années 1720 pour Armand de Béthune, 2e duc de Charost et gouverneur de Louis XV. Autant dire que ce n'est pas n'importe qui, et il fait appelle à Antoine Mazin, architecte (connu pour l'hôtel Matignon) pour construire sa demeure. La famille y vit jusqu'à la Révolution, et la branche s'éteint en 1800. Trois ans plus tard, Pauline Bonaparte rachète l'endroit. Sœur du 1e Consul et futur empereur Napoléon 1e, et elle s'y mariera avec le prince italien Camillo Borghèse. Sous l'Empire, l'hôtel connaît de fastueuses réceptions et la princesse impériale redécore entièrement les lieux avec ce style Empire si reconnaissable, elle y passera onze ans, avant de fuir la France à la chute de son frère. Arthur Wellesley, duc de Wellington, ambassadeur britannique en France, achète les lieux à la princesse exilée et en fait la première ambassade de Grande Bretagne permanente à l'étranger.
Durant l'Occupation, les allemands tentèrent de s'emparer de l'hôtel mais son vivement repoussés par les concierges et employés toujours à l'intérieur, pour s'assurer de l'entretien des lieux, placés sous la protection de la Suisse. Depuis 1947, l'hôtel n'est plus que la résidence de l'ambassadeur, toutes les autres fonctions ont été transférées dans le bâtiment voisin, devenu la véritable ambassade.

En haut : l'escalier style Louis XV, le salon Pauline ; En bas : la salle du trône et la salle de bal

Pour une amoureuse des hôtels particuliers, j'ai pris mon pied. Même si la décoration a été quelque peu remaniée avec le temps, l'empreinte du style Empire et de Pauline Borghèse reste bien présente, que ce soit dans la décoration des pièces mais aussi du mobilier. Le plus drôle dans l'affaire, c'est que le grand ennemi de Napoléon 1e, le duc de Wellington, ait racheté cet hôtel particulier, que trône un buste de Napoléon dans le hall. Je pense que ce type avait une obsession pour l'empereur car il a quand même cette statue de Nappy nu au bas des escaliers de sa maison londonienne, à Aspley House …

On ne peut visiter que le rez-de-chaussée, le premier étage étant les appartements privés de l'ambassadeur et de sa famille. Mais les huit pièces que l'on parcourt, en plus du ravissant jardin en mettent déjà pleins les yeux, puis les britanniques ont l'amabilité de montrer un diaporama d'images de l'étage, pour qu'on puisse voir l’inatteignable. Après un vestibule redécoré dans le style edouardien du début XXe siècle, avec un duplicata de la statue de la belle Pauline Borghèse à demi-nue par Canova, place aux différents salons. Le salon rouge est orné de peintures de personnalités britanniques entre le XVIIe et le XIXe siècle, dont le duc d Wellington lui-même, des membres de la famille Stuart, dont le père Charles Stuart fut ambassadeur. On passe aussi par le salon Pauline, qui était sa chambre de repos. On peut toujours y voir son lit, toujours dans cet imposant style Empire avec son aigle sculpté.
La salle suivante est sans doute la plus étonnante : une salle du trône ! C'est ici que les cérémonies de remise de décorations ont lieu, l'ambassadeur remplaçant Elizabeth II. D'ailleurs plusieurs souverains sont venus dans l'hôtel, notamment Édouard VII ou encore l'actuelle souveraine. Il s'agit en vérité d'un usage disparu : au moment de partir en mission, l'ambassadeur recevait un draps d'honneur en damas cramoisi, une chaise, deux tabourets, un repose-pied et un tapis, des symboles du monarque qu'il représentait. C'est sympa d'offrir du mobilier quand on s'installe à l'étranger ! Cette salle ouvre sur l'actuelle salle de bal, anciennement une galerie de tableaux sous Pauline Borghèse, le style va davantage dans celui du Second Empire.
Après avoir longé une galerie, nous entrons dans une salle à manger d'apparat, dont la décoration date du début du siècle, aménagée pour la visite du roi Édouard VII en 1903. Pour l'occasion de ma visite spéciale – ou peut être simplement pour les Journées du Patrimoine – la table fut dressée pour 60 couverts, avec des centres de table en bronze doré, de nombreuses fleurs, on peut y voir les petits cartons au nom des convives, comme le président Pompidou, la reine Elizabeth II ou encore Édouard Balladur. Autant dire qu'on y reçoit pas n'importe qui !
La visite se termine par le petit jardin dans un style anglais, bien évidemment avec une grande pelouse entourée d'arbres et de fleurs. Difficile d'imaginer qu'en 1870, durant la Commune de Paris, des chèvres broutaient ici !

J'ai adoré l'endroit, cela faisait deux années que je n'avais pas réussi à y aller, je ne suis absolument pas déçue. Si vous pouvez y aller aux prochaines journées du Patrimoine, foncez-y !

L'hôtel de Galliffet – Institut culturel italien


Le dernier de la journée peut s'avérer surprenant car assez peu connu. Je me confesse, dans le Secrets d'Histoire sur Désirée Clary, ils parlaient de cet endroit, ce fut donc logique de marcher sur les traces de Stéphane …

Construit entre 1776 et 1792 pour Simon-Alexandre de Galliffet, président au Parlement de Provence, à la base entourés d'immenses jardins, dont il ne reste plus qu'un petit morceau aujourd'hui. A peine fini, aussitôt confisqué par l’État, on y installa le service des Relations Extérieures, le plus célèbre de ses habitants est sans aucun doute Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, de son petit nom Tayllerand, où il vécut jusqu'en 1814. Là encore, le Premier Empire hante les lieux : les évènements politiques, culturels et mondains s'y déroulèrent. La grande réception donnée pour le retour de Napoléon Bonaparte de sa glorieuse campagne d'Italie le 3 janvier 1798 fut mémorable d'après les écrits.
Sous la Restauration, en 1821, les membres de la famille de Galliffet récupèrent enfin leur bien, et amputent une partie du terrain pour construire des immeubles, et ils louèrent l'hôtel, notamment l'infant d'Espagne don Francisco de Paula en 1838 et au nonce du Pape, Monseigneur Fornari en 1850. Le faubourg Saint-Germain devint au fil du XIXe siècle, le quartier des ambassades et le gouvernement italien loua l'hôtel de Galliffet en 1894, avant de l'acheter le 22 mai 1909, devenant de façon permanente voisin de la Russie, des Pays Bas notamment. En 1938, l'ambassade fut transférée rue de Varenne, à l'Hôtel de Boisgelin, laissant à l'hôtel de Galliffet le Consulat général d'Italie, puis enfin l'Institut culturel italien en 1962. Ce dernier a pour but de promouvoir la culture italienne et les relations entre l'Italie et la France.

En haut : la salle à manger, buste de Napoléon 1e ; En bas : façade vue des jardins, cage d'escalier et rotonde

J'ai beaucoup aimé l'endroit, difficile après tout de ne pas admirer les lustres de verre de Murano, avec les miroirs, les décors en trompe l’œil ou l'impression à certains moments de se trouver dans une villa romaine. Le rez-de-chaussée donnait cet impression dans les salles d'apparat, même s'il est dommage que tout soit vide de mobilier. Pour se rendre à l'étage, il faut passer par le petit jardin et on peut admirer les colonnes le long de la façade, des SPQR pour rappeler la Rome Antique. Nous sommes restées un petit temps dans ce jardin paisible, à part ce gamin qui déroulait le tuyau d'arrosage sans que les parents ne l'arrêtent, et nous sommes quand même montées, par un magnifique escalier dans une rotonde surplombée d'une coupole. Là, on s'imagine aisément en robe Belle Epoque, et ça j'aime ! L'étage n'est plus l'institut mais le siège de la Délégation Permanente d'Italie auprès de l'OCDE. Aujourd'hui des bureaux, il s'agissait à l'époque des appartements privés de Tayllerand, et autant dire qu'il avait du volume ! Là encore, on retrouve Napoléon Bonaparte en buste, ce stalkeur du weekend, avant de se souvenir qu'il avait été roi d'Italie. Tout s'explique.

Si les lieux sont beaux, le rez-de-chaussée reste un peu vide et l'étage a besoin de quelques restaurations, notamment au niveau de la coupole dans la cage d'escalier. L'institut propose de nombreuses activités, comme des concerts, des expositions, des rétrospectives de films ou encore des cours d'italien. Je pense que j'y retournerais un de ces quatre. Pour en savoir plus : http://www.iicparigi.esteri.it/IIC_Parigi

Cette première journée fut donc riche en marche et en émotions. Trois endroits différents mais toujours beaux et intéressants, comment refuser de faire une seconde journée ? Ce sera l'objet d'un prochain article sur mes visites du dimanche.


Et vous qu'avez vous visité lors des Journées du Patrimoine ?

3 commentaires:

  1. Trop bien ! Je crois qu'on est sensibles aux même choses :)

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  2. Je suis trop contente d'avoir passé ce week-end entre belettes ** Un jour, on fera l’Élysée, j'y crois o/ (sinon Nappy III me fera la tête) <3

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