mardi 15 mars 2016

15 mars 44 avant JC : Assassinat de Jules César



Je n'ai jamais écrit sur l'Antiquité ici. Pas parce que je n'aime pas cette période, juste que je n'ai jamais eu l'occasion. Et comme je disais la dernière fois que je n'avais aucune mort à mettre en article, en voici une du plus grand connu des romains : Jules César. Dictateur, homme de guerre, adulé puis haï, trahi par les siens, sa mort est digne des grandes tragédies latines de Sénèque. Direction le cœur de l'empire romain : Rome, au Sénat précisément.


Comme à toutes époques, les hommes poussent un de leur semblable au sommet, avant de le faire chuter. Particulièrement vrai durant l'empire romain, où les chefs se succédèrent à grande vitesse au fil des assassinats. Jules César essaye d'apporter un peu de stabilité à la République. Adoré, adulé et même divinisé, le voici au-dessus de tous, sans se douter qu'un complot se prépare.

En cette journée du 15 mars, durant les ides, fêtes mettant à l'honneur le dieu de la guerre Mars, Jules César se rend au Sénat. Mais son épouse Calpurnia Pisonis tente de l'en empêcher. En effet, elle a rêvé qu'il se faisait poignarder. Quel rêve sympathique. Mais elle n'est pas la seule, le devin étrusque Spirunna l'avait averti aussi quelques jours auparavant, de se méfier des ides de mars. Mais Decimus Brutus, un proche de César, vint le quérir chez lui, vers 11 heures du matin. Ne voulant pas que le Sénat pense qu'il les méprise, le dictateur part en en litière par la via Sacra pour assister au conseil.

Il y a tellement de solliciteurs que César ne lit pas la missive d'Artémidoros, un de ses informateurs, qui a eu vent de la conspiration et veut en informer au plus vite le dictateur. Et en gravant les marches de la Curie, il croise l'augure Spurinna et l'interpelle :
« Eh bien, les ides de mars sont là.
Oui elles sont là, mais elle ne sont pas passées. »

Et pendant qu'il pénètre dans le Sénat, son consul, Marc-Antoine, est retenu dehors par un sénateur, Caius Trebonius. Il faut l'épargner, seulement tuer César. Car oui, l'assassinat est prémédité, et par une soixantaine de personnes ! Si le Sénat a nommé son chef dictateur à vie, il n'y a pas unanimité : certains pensent que l'imperator veut se faire couronner roi, et remettre sur les rails la monarchie ! Il faut donc l'en empêcher avant. Et ce Caius Trebonius, avait demandé à Marc-Antoine de rejoindre le complot, ce dernier refusa mais ne prit pas la peine d'en avertir César.

La mort de César, Vincenzo Camuccini

Pendant ce temps, le dictateur s'assit et les conseillers l'entourèrent, sous prétexte de lui rendre hommage. L'un d'eux, Tillius Cimber, s'approcha, comme pour demander une faveur. Et alors que César le renvoyait, un autre le frappa en-dessous de la gorge. César cherche à se dégager mais une autre blessure l'affaiblit. Puis il se rendit compte que l'hommage supposé relevait plutôt d'un crime collectif puisque tous brandissaient des poignards. S'enroulant dans sa toge comme pour se protéger, il fut transpercer de vingt trois coups de poignards. Sans doute est-ce la, quand il vit son fils Marcus Brutus parmi les traîtres lui dire « Toi aussi, mon fils. » Puis il tomba au pied de la statue de Pompée, blessé à mort. Courageux, les assassins coururent au dehors, de même que d'autres sénateurs, stupéfait par ce crime atroce. Personne n'approcha le corps sans vie du grand homme pendant plusieurs heures. Puis enfin, trois esclaves l'installèrent dans une litière pour le ramener chez lui.

Estampe de Jules César, sur Gallica

Assassinat réussi ? Pas tout à fait. Les conjurés avaient décidé de jeter le corps dans le Tibre – fleuve de Rome – et de lui confisquer ses biens. Sauf que leur fuite avait donné l'occasion à César de briller encore, jusque dans la mort. Le peuple adorait César et le consul Marc-Antoine prépara de sublimes funérailles. Le lit funèbre, en ivoire et tentures d'or, du grand chef de guerre sur le forum, devant la tribune des magistrats. Tous se disputèrent : où brûler son corps ? Dans le sanctuaire de Jupiter ou dans la Curie de Pompée ? Le problème fut réglé quand deux hommes mirent le feu directement sur le forum. S'en suivit d'un élan populaire, où tout le monde apporta sa contribution, par le bois des tribunes, les musiciens du cortège jetèrent leurs vêtements, certains leurs armes, des couronnes de lauriers et les femmes lancèrent leurs parures. Quant aux Juifs, ils le pleurèrent plusieurs nuits.

Voilà l'étrange fin d'un grand homme de guerre, pas toujours parfait, mais qui a eu le défaut de ne pas faire taire l’idolâtrie du Sénat à son encontre, au point de proposer un couronnement plusieurs fois, ce qu'il refusa. Si les conjurés pensèrent sauver la République, ils ne firent que l'enliser dans une guerre civile jusqu'en 31 av. JC avec la victoire d'Octave, petit-neveu et fils adoptif de César.



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