Deux jours à Bruxelles, la belle

Troisième fois que je me rends dans la capitale belge et européenne, et je découvre toujours de nouvelles choses, je m’émerveille encore au détour des rues, à tout observer … Je ne reste jamais bien longtemps, un week-end à chaque fois et je me promets de revenir encore, pour découvrir d'autres endroits, et aimer encore cette belle ville. Je sais déjà que je reviendrais une quatrième fois, mais avant, petit tour dans la jolie ville de Bruxelles …

J'avais promis à une amie bruxelloise de revenir, et il a fallu trois ans pour que cela se concrétise. Je suis partie en vadrouille avec mon amie Cécile de Cécile Voyage voir notre amie (merci d'ailleurs Laeti et André pour votre accueil ♥ ). Parties le vendredi soir et rentrées le dimanche soir, on avait 48h pour profiter de la capitale européenne, il y avait de quoi faire. Contrairement à d'habitude où l'on prépare nos voyages avec un beau planning (comme à Copenhague ou Londres entre autre), on a prévu surtout de se balader et un peu visiter, nous laissant porter par la ville.

Samedi

Nous avons eu de la chance, il faisait grand soleil et doux, la parfaite journée du touriste en vadrouille. Après avoir pris le tramway et marché un peu dans la ville, passant près de l'énorme palais de Justice en travaux et pris l'ascenseur pour descendre en ville, nous avons cherché la Grand Place, magnifique sous le soleil de printemps. Des bâtiments fin 17e siècle avec des dorures, finement ouvragées, avec des détails sublimes, le musée de la ville dans un style néogothique, et surtout cet imposant hôtel de ville, vestige médiéval du 15e siècle, évidemment restauré, agrandi au cours des siècles et transformé au 19e siècle avec toutes ces statues, sans doute pour faire plus Moyen Âge que le Moyen Âge ! Bref, la place est d'une grande beauté, un véritable cœur de ville d'un autre temps.

Vous avez remarqué que la porte n'est pas alignée au reste ? Selon la légende, quand
l'architecte vit cette erreur, il monta en haut du beffroi et se jeta dans le vide.

Après le déjeuner, on a tenté notre chance au Musée du Costume et de la Dentelle, car nous sommes à la fois passionnées d'Histoire ET de mode. Surtout que j'avais été frustrée la dernière fois, il était fermé entre deux expositions. Et là, la malédiction continue : fermé jusqu'au 2 juin. Vous comprenez pourquoi je dois revenir ? Ce musée ne peut pas me résister !

Tant pis, reprenons notre route et pénétrons dans le musée de la ville de Bruxelles, sur la Grand Place. Cette magnifique architecture néogothique date bien sûr du 19e siècle, mais le bâtiment de la Maison du Roi existe depuis le 13e siècle, comme halles pour le pain, les draps et la viande. Un bâtiment fut reconstruit par-dessus au 15e siècle, lourdement endommagé en 1695, durant la guerre de la ligue d'Augsbourg, par le bombardement de LouisXIV. Le bâtiment est grossièrement restauré, passe entre divers propriétaires avant d'être racheté par la ville en 1860 et confie la restauration à Victor Jamaer, une sorte de Viollet-le-Duc à la belge. D'ailleurs, il demanda conseil à ce dernier pour les travaux. Vu le mauvais état, il fit raser le bâtiment et voulut le reconstruire selon le bâtiment du 16e siècle, avec évidemment une vue bien contemporaine de la Renaissance …

Le musée est inauguré en 1887, il s'agit d'un musée communal, retraçant l'histoire de la ville de Bruxelles. Il est aujourd'hui divisé en trois partie : le rez-de-chaussée est consacré aux arts bruxellois (sculptures, faïences, tapisseries … ), le premier étage à l'histoire de la ville, son aménagement, et le dernier étage aux costumes du Manneken-pis.

On découvre une initiative original : 100 masters aux Musées de la Ville de Bruxelles, soit une sélection de 100 chefs d’œuvres dans 41 musées bruxellois. Au musée de la Ville, cinq œuvres sont mises en avant et le musée propose des visites guidées explicatives. Nous en avons fait deux, très intéressantes. La première est sur un tableau anonyme montrant le le bombardement de la Grand-Place de 1695, peint au début du 18e siècle.

Si le tableau n'est pas d'une beauté ou d'une technique remarquable, il présente tout de même toute la violence de la guerre, où Bruxelles, doté pour la plupart de maisons de bois, a brûlé à grande vitesse. Mais pourquoi ce bombardement ? Compliqué de résumer en quelques lignes sans paraître barbante : depuis 1688, la guerre de la Ligue d'Augsbourg fait rage. En cause ? Une alliance de grandes puissances européennes contre Louis XIV et sa politique expansionniste de son royaume. Alors la Ligue, c'est un peu toute l'Europe : les Provinces Unies (actuels Pays-Bas), l'Angleterre, l'Espagne, la Suède, le Portugal, le duché de Savoie, une grande partie du Saint-Empire Romain Germanique et bien sûr, les Pays-Bas Espagnols qui a Bruxelles pour capitale. En juillet 1695, la France assiège la ville de Namur à une centaine de kilomètres de la capitale, mais piétine. François de Neufville de Villeroy, dit le maréchal de Villeroy, a une idée : attaquer Bruxelles pour détourner les ennemis de Namur et gagner la ville. Du 13 au 15 août 1695, la ville est bombardée et un grand incendie s'y répand. Si au final, il y a peu de morts, les dégâts matériels sont plus que conséquent : tout est à reconstruire.

Si ce bombardement fut inutile, puisque les ennemis ne quittèrent pas Namur, il servit tout de même à la ville, avec la construction de nouveaux bâtiments, d'un style plus moderne, dans le style baroque de l'époque. Maximilien-Emmanuel de Bavière, gouverneur des Pays-Bas espagnols, a de grands projets pour faire rayonner la ville de Bruxelles. Sur la Grand-Place, les maisons de corporations fleurissent les unes à côté des autres et la ville est rebâtie en seulement cinq années.

Le guide nous expliquait cela avec grand intérêt, et quand il parlait de Louis XIV, il disait « notre roi », comme si cela s'était passé il y a seulement quelques années, de quoi nous amuser.

Après cette explication du tableau situé au premier étage, nous avons poursuivi notre visite, observant les maquettes de Bruxelles, tableaux et documents permettant de comprendre la ville. Je dois l'avouer, je ne suis pas une grande connaisseuse de l'histoire de la Belgique. Je sais situer les Pays Bas espagnols, quelques gouverneurs (comme Marguerite d'Autriche, la tante de Charles Quint) et que la Belgique est devenu un royaume indépendant depuis 1831, mais je connais assez peu de détails, donc tout cela se montrait très instructif.

Après avoir monté le magnifique escalier en bois où les vitraux dessinaient les différentes provinces appartenant à Charles Quint (qui avait aussi hérité des pays bas espagnols, n'oubliez pas qu'il est né à Gand, à 50km de Bruxelles) avant d'atteindre un étage assez amusant, celui sur les costumes du Manneken-Pis, vous savez cette petite fontaine représentant un enfant urinant. Plusieurs légendes courent sur cette statue, mais je vous cite ma préférée : à l'endroit où se trouve aujourd'hui la fontaine se trouvait la maison d'une sorcière que personne n'osait approcher. Par impressionner ses copains, un petit garçon décida de faire pipi sur la maison. Seulement, la sorcière le vit et transforma l'enfant en statue en pleine action de son crime.

Hé bien figurez vous que ce petit garçon n'a pas moins de 950 costumes différents, je ne peux même pas rivaliser avec ma garde-robe ! Là encore, le pourquoi s'avère très drôle : au 18e siècle, un français vola la statue, ce qui fit grand scandale. Louis XV, roi de France à l'époque, demanda au voleur de rendre la statue, et fit envoyer à Bruxelles un petit habit à la française pour l'habiller, et le décora de l'ordre de Saint-Louis ! Cet ordre royal et militaire crée par Louis XIV était une des plus haute distinction que l'on pouvait avoir ! Pour l'obtenir, il fallait être catholique et avoir servi plus de dix ans dans l'armée française. Le petit Manneken-Pis ne remplissait évidemment aucune condition, ce qui était un honneur encore plus grand ! Et quiconque fait partie de cet ordre était salué par les autres militaires en signe de respect.

Vous voyez où je veux en venir ?

Hé oui, les militaires français passant à Bruxelles se devaient de saluer le Manneken-Pis !

Au milieu des années, offrir un costume au petit bonhomme s'avéra coutumier et il en reçoit du monde entier : du costume du carnaval de Venise à celui de samouraï japonais, en passant par Elvis … tout est possible ! Pardon pour mes photos sombres, mais voici un aperçu de quelques tenues.

Les originaux sont conservés au musée.

De gauche à droite ; en haut : le fameux costume donné par Louis XV et l'habit
traditionnel d'Azerbaïdjan ; en bas : Elvis Presley et le samouraï

Et enfin, on termine par la visite du rez-de-chaussée avec de superbes sculptures et tapisseries. Mais le plus impressionnant reste le retable de Saluces du 16e siècle, magnifique œuvre sculptée avec grande précision sur la vie de Joseph et de Marie. Il est lui aussi un chef d’œuvre du musée, et on comprend pourquoi !

Si vous passez par Bruxelles, faites un tour dans ce musée très intéressant, je vous le conseille !

Après cet instant culture, place à nouveau à la marche dans la ville, voir notamment le Manneken-Pis après avoir vu sa garde-robe. Puis déambuler dans les rues, à croiser la Zinneke, parade culturelle mettant en avant des associations et la richesse culturelle. Au travers des différentes associations vues, on se serait cru à la Nouvelle Orléans, puis dans un film médiéval-fantastique, les années 40 et un film effrayant … Très riche et dans la bonne humeur, cela était très sympa à voir.

Le centre-ville de Bruxelles avec ses petites rues permettent de se perdre, de s'extasier sur des bâtiments, les galeries royales, tout ce qui peut être vu, j'aime vraiment cette ville !

Côté nourriture, on a fait nos touristes pures : le goûter à la Maison Dandoy pour déguster une gaufre, et le soir dans une friterie, avant de terminer dans un bar faisant aussi spectacle de marionnettes au fond d'une cour pour boire une bière. Oui, tous les clichés belges en nourriture, mais on assume !  

Dimanche

Après un samedi avec un temps magnifique, place à la pluie en quasi continu. Autant dire que le rythme de la journée va être hautement ralenti ! Et on commence avec de la nourriture ! Petit brunch au restaurant du musée des instruments de musique. Par beau temps, on peut manger sur la terrasse avec une magnifique vue sur Bruxelles. Là, on a juste profité du buffet à volonté en intérieur, mais c'était toujours aussi bon. Petit plus classe : la coupe de champagne comprise. Ceux qui me suivent sur Instagram ont du voir une de mes assiettes (sinon c'est ici), mais je vous conseille cette adresse pour un bon brunch. L'endroit est aussi beau que touristique, pensez à réserver, car il y a souvent foule !

Profitant d'une légère accalmie, nous avons profité d'une balade dans Bruxelles, tout d'abord pour voir les appartements de Charles de Lorraine, ancien gouverneur des Pays-Bas espagnols. Pour situer le personnage, il était le frère de François III de Lorraine, qui a épousé l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche. Charles a épousé la sœur de l'impératrice, Marie-Anne d'Autriche. Malheureusement on n'a pas pu entrer, mais l'extérieur dans l'architecture classique laisse deviner la beauté des lieux.

Après un passage dans un bar à chats, le Chat Touille, nous voici en vadrouille pour voir les magnifiques façades art nouveau de Bruxelles. J'adore particulièrement ce style, si original et chargé, j'aime les dorures, les arabesques, et l'architecture traduit si bien ce style de début 20e siècle ! L'un des principaux architectes de ce style est Victor Horta (notre Hector Guimard belge), dont sa maison est actuellement un musée. S'il avait fait meilleur, j'en aurais demandé d'en voir encore, mais qu'il était plaisant de voir ces sublimes bâtiments surgir de nul part, au milieu de constructions modernes, comme des survivants des démolitions au fil des modes et du siècle.

Et déjà il était l'heure de repartir. Mais je reviendrais, pour tout ce que je n'ai pas pu voir et parce que j'aime beaucoup cette ville et ce qu'elle dégage ! Et vous, êtes vous déjà allé.e à Bruxelles ?