mercredi 11 mai 2016

Le pont du Gard, retour aux sources




A chaque fois que je pars dans le Sud, j'ai besoin de visiter un nouvel endroit. Et il y a de quoi me surprendre : un aqueduc romain ! Autant dire qu'on joue dans la cour de l'originalité, car il n'en reste pas des masses, et pas dans cet état. Classé au titre des monuments historiques, grand site de France et même inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, il serait dommage de faire la fine bouche et de passer à côté ni d'aller voir cette prouesse de construction humaine, témoin du savoir-faire romain et de se sentir tout petit à côté. Suivez moi, on enfile nos toges et on va suivre le fil de l'eau !


Je parle assez peu de l'antiquité car je ne suis pas une grande spécialiste, cela ne m'empêche pas de m'y intéresser depuis des années et de me documenter. Quant aux visites, les sites antiques ne pullulent pas vraiment autour de Paris. Mais dans le sud de la France où je descends régulièrement, quelques témoignages subsistent. Si je ne suis pas encore allée à Nîmes (mais c'est prévu), j'ai enfin découvert l'aqueduc qui alimentait la ville antique en eau au début de notre ère.

Mais pourquoi transporter de l'eau ? Réponse simple : les romains avaient inventé l'eau courante et c'était synonyme de civilisation absolue. Il fallait bien que Nîmes, Nemausus à l'époque, grande ville de plus de 20.000 habitants de début du 1e siècle de notre ère, soit dotée de modernité. Les Romain décidèrent de construire un aqueduc, reliant la fontaine d'Eure à Uzès jusqu'à la ville, soit plus de 50 kilomètres, pour l'équiper de l'eau courante dans les grandes demeures, mettre en eau les fontaines, créer des thermes … Bref, faire comme Rome, modèle ultime de l'époque.

Le chantier commence aux alentours de 50 après JC, à situer sous Claude ou Néron, et se termine en cinq ans grâce à des milliers de petites mains. Quelle prouesse ! Il faut dire que le pont a des dimensions titanesques : avec ses 49m de hauteur, il est le plus haut du monde romain ! C'est une magnifique superposition de trois arches, l'unique à tenir encore debout aujourd'hui avec ce genre de structures ! Pourtant, abandonné aux environs du 6e siècle, on ne pouvait pas imaginer que l'édifice tiendrait toujours debout. C'était assez mal parti.



Au Moyen Âge, l'aqueduc devint un pont routier et les pierres des dix premières arches (sur 35) du dernier étage furent prélevées pour bâtir des édifices religieux du coin. Au 17e siècle, les compagnons du Tour de France viennent saluer ce génie de construction et laissent leurs marques sur les pierres (environ 320 recensées, entre 1611 et 1989). Au 18e siècle, un pont routier est accolé à l'aqueduc pour la circulation. Ce n'est qu'au 19e siècle, durant la Monarchie de Juillet, que Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments historiques, redécouvre le pont du Gard dans un sale état « Les grands arcs sont dans un état épouvantable, un certain nombre de claveaux sont détachés, et tous sont rongés de manière à donner de vives inquiétudes. Le rapporteur pense que c’est une affaire dont il faut s’occuper sans perdre de temps, car l’administration serait impardonnable s’il arrivait un accident. » Cinq ans plus tard, en 1840, il est inscrit sur la liste des monuments historiques. Des travaux de restaurations eurent lieu entre 1842 et 1846, sous la direction de Charles Questel, architecte chargé des monuments autour de Nîmes. Chose insolite, on pense même à réutiliser l'aqueduc pour l'industrie textile de Nîmes ! Évidemment, le projet n'aboutit guère …

En cette période où les ruines et vieux édifices sont des trésors pour les romantiques en mal de mélancolie, comme Stendhal en 1838 : « En face du Pont du Gard, l’âme est jetée dans un long et profond étonnement. C’est à peine si le Colisée à Rome m’a plongé dans une rêverie aussi profonde ». Quant au peintre Hubert Robert, il aime s'inspirer de ruines antiques et a peint le pont du Gard en 1787.

Et moi, ce que j'en ai pensé ? Je suis rarement difficile, surtout lorsque vous me donnez de vieilles pierres à voir ! J'ai adoré me perdre dans les vieux escaliers pour monter jusqu'au niveau de la dernière arche mesurer vraiment l'importance de l'édifice. Et puisque rien ne me fait peur, j'ai poussé le vice de monter plus haut jusqu'à un fantastique point de vue sur le pont, le Gard d'un bleu sublime qui la traverse et le paysage au loin, si pittoresque et bucolique.

Puis enfin traverser le pont, observer les gravures des compagnons (et d'immondes graffitis de vandales stupides), essayer de les déchiffrer et avancer en imaginant le chantier titanesque de l'époque.











Pour comprendre cela, un musée ultra-moderne aide à comprendre ! Il se trouve sur la rive gauche, c'est sans doute la première chose que vois visitez si vous arrivez de ce côté. Forcément, je suis arrivée rive droite donc j'ai vu le pont en premier. Le musée s'avère très interactif, bien fait pour comprendre là complexité de la construction, les moyens mis en œuvre ... Un peu sombre et avec une scénographie déconcertante, j'ai appris beaucoup de choses et il serait dommage de ne voir que le pont du Gard sans comprendre son mécanisme.




J'ai vu aussi l'exposition sur les gaulois, là encore très interactive. Loin des clichés, elle présente la vie des gaulois du sud au travers de plusieurs stands pour comprendre leur quotidien par leur habitat, les poteries, les armes, le tout ponctué d'objets et aussi de petits jeux sur écran, ludiques et amusant. Par exemple j'ai fait des fouilles d'un site gaulois ! De quoi ravir les petits et les grands :)




Le temps d'une pause glace face au musée (que je vous recommande, la vendeuse blinde ses cornets), il est temps de reprendre le pont, derniers instants romains avant de reprendre la voiture.

Je vous conseille vivement cette merveille très bien conservée (et restaurée) de près de deux millénaires. Si vous passez dans le coin, foncez !

Site du Pont du Gard
Ouvert toute l'année





1 commentaire:

  1. Je ne pensais pas qu'on pouvait le visiter, je ne m'étais pas vraiment posée la question. L'Antiquité n'est pas ma période préférée mais je la préfère sans doute à la Renaissance par exemple. Cette visite m'intéresse donc beaucoup. J'ai déjà été à Nîmes et j'en garde un bon souvenir.

    P.S. : je note aussi pour la glace ! ;-)

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