Deux visites de deux
sites inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO, ce weekend fut
absolument royal ! Cette fois-ci, après l'Antiquité, on passe
par un village médiéval charmant sur les traces des pèlerins qui
se rendent à Saint-Jacques de Compostelle. Saint-Guilhem le Désert
ne semble pas avoir bougé durant tous ces siècles, avec ces petites
rues sinueuses et ses maisons de pierres. Je vous ai donné envie,
n'est-ce pas ? Allez, je vous en parle plus en détail, et je
vais même vous parler du diable !
Beaucoup de gens
connaissent les pèlerinages vers Saint-Jacques
de Compostelle, ville espagnole abritant le tombeau de
Saint-Jacques, l'un des douze apôtres de Jésus Christ. Mais saviez
vous qu'il existe quatre chemins en France pour s'y rendre ?
L'un part de Paris, un autre de Asquins-Vézelay, un troisième du
Puy-En-Velay et le dernier d'Arles. Les trois premiers se rejoignent
en terre espagnole, vers Saint-Jean-Pied-de-Port, la dernière, la
via Tolosana, se permet un détour avant de rejoindre le
Camino Francés, chemin unique vers le lieu de pèlerinage. C'est sur
cette dernière route que vous allons nous concentrer, notamment un
de ses sites majeurs : Saint-Guilhem le Désert.
Avant 800, il n'y
avait pas grand-chose ici jusqu'à l'arrivée de Guillaume
de Gellone, comte de Toulouse. Il fonde l'abbaye de
Gellone en 804, pour reprendre le main la question
religieuse de la région, après l'invasion des Wisigoths et des
musulmans. L'empereur Charlemagne,
dont Guillaume de Gellone est un
cousin éloigné par sa mère, lui donne un morceau de la Sainte
Croix et le comte de Toulouse en fait don à son tour à l'abbaye,
permettant ainsi un pèlerinage dans la région. Après une vie
militaire bien remplie, le comte de Toulouse se retire de la vie
publique et entame une retraite dans sa propre abbaye, avant de
mourir en 812-814. Suite à quelques miracles reconnus, le
Vatican le béatifie en 1066 et
il devient Saint-Guilhem (Guillaume en occitan) et l'abbaye
portera son nom.
Au cours du Moyen Âge,
et grâce à la route de Saint-Jacques de Compostelle, de nombreux
pèlerins empruntent la via Tolosana et s'arrêtent dans le
village qui se construit autour de l'abbaye, et le chemin reste
toujours en vogue de nos jours. En 1998, la France fait
inscrire plus de 70 monuments, dont l'abbaye, et plusieurs morceaux
de route au Patrimoine Mondial de l'UNESCO au titre de «
Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ». Quant
au village en lui-même, il est classé « Grand Site de
France » mais aussi parmi les plus beaux villages de
France.
Avant d'entrer à
Saint-Guilhem le Désert, il est important avant de passer par le
Pont du Diable, pour se
familiariser avec Guillaume de Gellone, et mieux comprendre
l'histoire. Durant sa construction au 11e siècle, le pont ne cessait
d'être détruit chaque nuit par le Diable en personne, et les
ouvriers implorèrent leur Saint Patron, Saint Guilhem, de leur venir
en aide. Ce dernier vint de nuit et entreprit de passer un pacte avec
le Diable : qu'il laisse la construction se terminer contre «
l’âme d’un de tes chiens de serviteur » comme dit ce
dernier. Les travaux se poursuivent s'en encombrent et à la fin, il
revint chercher son dû. Comme promis, on lui donna l'âme … du
plus fidèles des chiens ! De rage, le Diable voulut détruire
le pont sans succès et finit par se jeter à l'eau et créa le
gouffre dans sa chute. Il paraît qu'on peut parfois entendre ses
cris et certains pèlerins traversent le pont munis de pierres qu'il
jettent pour qu'il reste bien au fond.
Magnifique pont de
construction romane, malgré des modifications au cours des siècles,
savoir qu'un tel édifice est toujours debout me laisse sans voix. Et
que dire de la beauté du paysage, avec son eau turquoise et son
gouffre gigantesque, il serait dommage de ne pas s'arrêter le
visiter !
Après n'avoir pas vu le
Diable, direction le village ! L'attraction reste bien sûr
l'abbaye, même s'il ne reste plus grand-chose de la première
abbaye. Devenant plus importante au cours des siècles, elle fut
reconstruite à partir de 1030 avant de connaître un déclin,
et d'être pillée durant les guerres de religion, par les
protestants. Laissée presque à l'abandon pendant plusieurs
décennies, des travaux sont entrepris au cours du 17e siècle,
notamment dans le cloître très endommagé. Après avoir été vendu
comme bien national durant la Révolution Française, elle est
inscrite aux monuments historiques en 1840 et l'édifice subit
de nombreuses restaurations.
A l'intérieur de
l'église, on y trouve un orgue de Jean-Pierre Cavaillé,
facteur d'orgue au 18e siècle absolument sublime. D'ailleurs, il
fait partie des "Sept Merveilles Organistiques de l’Hérault".
Vraiment un bel endroit, notamment le cloître avec son petit jardin
médiéval, presque reposant s'il n'y avait pas autant de monde …
Ensuite, il suffit de se
balader des les rues pour admirer les demeures, quelques ruines dans
les ruines, tout paraît pittoresque ! Et que dire de ces ruines
tout en haut de la falaise. On y raconte qu'un géant avait élu
domicile dans les ruines d'un château, en compagnie d'une pie, et il
terrorisait le village. Ce fut Guilhem qui se chargea de tuer le
géant avec son épée légendaire. Quant à la pie, elle s'enfuit et
plus jamais on ne revit cette espèce d'oiseau dans les parages.
Difficile d'accès, je ne m'y suis pas risquée mais il s'agit
apparemment d'un ancien château Wisigoth tombé en ruine après leur
départ.
Dans le village, on
s'extasie devant chaque maison, chaque balcon couvert de fleurs, aux
petites échoppes, à ces ruelles sinueuses, même la mairie a un
côté bucolique, qu'il doit être bon de se marier ici … Par
contre, s'il est facile de descendre les rues, il faut s'armer de
bonnes jambes pour revenir à la place principale. Heureusement que
l'endroit fait oublier les calories dépensés !
Venue seulement pour
l'après-midi, je n'ai pas d'adresses de déjeuner à vous
communiquer, mais par contre, j'ai découvert le meilleur glacier de
ma vie ! L'Artisan Glacier, à la croisée de deux
rues, offre une grande variétés de glaces ! Les crèmes
glacées sont à partir de lait de brebis, donnant un côté
onctueux, et les sorbets à partir de vrais fruits, crées par des
artisans de la région ! Bio, local et bon, que demande le
peuple ? Pour ma part j'ai goûté pistache (côté crème
glacée), mojito et fraise-menthe-basilic (côté sorbet) et c'était
absolument excellent !
Si vous passez dans la
région, n'hésitez pas à faire un tour par ce village pittoresque
plein d'histoire, vous ne serez pas déçus !
Je devais aller visiter ce village lors d'un séjour sur la côte languedocienne, mais un orage nous en a empêché. Je regrette beaucoup maintenant, il a l'air tellement mignon !
RépondreSupprimerJ'adore !!!
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