mercredi 21 septembre 2016

Mes visites aux Journées du Patrimoine 2016



Avant de continuer de vous parler de mon séjour à Lisbonne, je vais vous raconter mes formidables aventures aux Journées du Patrimoine. Chaque année, c'est un rendez vous incontournable où je profite de l'ouverture de lieux exceptionnels, le genre d'endroit où je ne pourrais jamais mettre les pieds en temps normal. Autant vous dire qu'à Paris, il y a du choix ! Mon weekend se découpe alors en deux jours : un samedi intensif et un dimanche pépouze pour me remettre justement du samedi. Et cette année, j'ai fait du très lourd et je vous en parle dans la suite de l'article. Vous allez voir, on va voyager !


Comme tous les samedis des JEP, je suis ultra motivée, et il le faut pour cette première visite. Avec Emma de Vague Culturelle et mon meilleur ami, nous avons décidé d'un programme comprenant trois ambassades, une société secrète, et le lieu le plus visité de ces journées, l'endroit le plus hardcore : le Palais de l’Élysée ! Et rien que cette visite nous a achevés !

Le palais de l’Élysée


Comment expliquer … nous sommes arrivés à 7h30, et nous avons mis 3h30 pour entrer dans le jardin. Au programme : fouille des sacs, attente, fouille des sacs et fouille corporelle par la police, attente, fouille des sacs (et parfois fouille selon ta tête) par la gendarmerie. Là nous voici dans les jardins de l’Élysée, très mignon et nous voici prêts à entrer dans la demeure du président. Ah non, il va falloir encore attendre. Franchement, je m'attendais à ce que le GIGN nous fouille, au point où on en était !

Si aujourd'hui, le palais de l’Élysée est connue pour être la demeure du Président de la République, cela n'a pas toujours été le cas ! Construit en 1720 pour le comte d'Evreux, Louis-Henri de La Tour d'Auvergne, puis est acheté par Louis XV pour sa favorite Madame de Pompadour en 1753. Autre personnalité haute en couleurs à l'acheter est Bathilde d'Orléans. Épouse du dernier prince de Condé, tante du futur roi Louis-Philippe Ie, elle y vit avec sa famille née hors mariage et organise régulièrement des soirées autour de l'ésotérisme et les sciences occultes, invite des magnétiseurs ou des personnalités comme Catherine Théot. Ambiance ! Changement radical sous le Consulat quand Joachim Murat le rachète en 1805 et le redécore somptueusement. On trouve encore des traces de sa décoration aujourd'hui. En 1848, la IIe République oblige le président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte, a y séjourner, un peu comme une punition. En effet, c'est ici que son oncle Napoléon Ie a signé sa seconde abdication le 22 juin 1815. Sous le Second Empire, quand Bonaparte devient Napoléon III, il s'installe aux Tuileries (et à Compiègne), il restaure l’Élysée et fait aménager un souterrain pour se rendre chez sa maîtresse au numéro 18 de la rue. Et depuis la IIIe République, les présidents s'installent dans le palais présidentiel. Un seul a cherché à loger ailleurs : Charles de Gaulle détestait la décoration chargé et féminine, plus toute l'histoire que les murs portaient. Un temps, il voulut s'installer au château de Vincennes, et occupa de temps à autre le grand Trianon de Versailles.

On connaît un peu l'intérieur par quelques photos mais aussi par les conférences de presse, mais rarement plus. Les différentes files d'attente et fouilles ont pas mal atténué mon enthousiasme de visite. Bien sûr les lieux sont sublimes (sauf cet étrange salon années 70 demandé par Pompidou, on se croirait dans Star Trek), j'ai particulièrement aimé le salon Murat et la salle des fêtes, tout y est somptueux, on ne sait pas où regarder tellement il y en a. Au rez de chaussée, il y a une série de tapisseries sur Don Quichotte, et dans le bureau du président, face à son bureau, c'est « Don Quichotte guéri de la folie par la sagesse » … j'ai bien aimé l'ironie ! Si vous avez la patience d'attendre, c'est à voir. Mais venez tôt !




















L'hôtel de Monaco – Ambassade de Pologne


Après avoir survécu au Palais de l’Élysée et avoir mangé un bout pour reprendre des forces, direction l'autre côté de la Seine, dans le quartier des ambassades. La première a été l'ambassade de Pologne. Déjà visitée il y a trois ou quatre ans, j'adore vraiment cet hôtel particulier absolument somptueux. Mais, vous avez bien lu hôtel de Monaco. Que vient faire Monaco en Pologne ?

Tout commence au 18e siècle avec Marie-Catherine Brignole, issue d'une très riche famille génoise, qui épouse le prince de Monaco Honoré III, de vingt ans son aîné. Jusque là rien de choquant à l'époque, si ce n'est que l'époux est aussi l'amant de la mère de Marie-Catherine. Vous suivez ? Après un début de mariage heureux, le prince jaloux de sa belle épouse, voulut la tenir recluse dans leur hôtel particulier puis à Monaco ! La belle s'enfuit dans un couvent, et les époux se séparèrent. Honoré III allait de maîtresse en maîtresse, et Marie-Catherine Brignole put vivre d'amour avec son amant, le prince de Condé. Elle fit donc construire cet hôtel particulier en 1774 par l'architecte Alexandre-Théodore Brongniart, non loin de la demeure de son amant. Amant puis époux d'ailleurs ! Le prince de Monaco meurt en 1795 et les amants décidèrent de se marier trois ans plus tard, en exil en Angleterre avec la Révolution Française. Le lieu devint déjà une résidence d'ambassadeur : celui d'Angleterre en 1790, de l'empire ottoman sous le Directoire, du Portugal sous la Restauration et de l'empire austro-hongrois durant la Monarchie de Juillet ! Puis c'est un riche milliardaire hollandais qui en fait l'acquisition, donnant des fêtes somptueuses avant de le vendre au prince de Sagan. Eux aussi ont donné des bals et des grandes festivités régulièrement, invitant le Tout-Paris. Et la Pologne dans tout ça ? Elle ne l'acquiert qu'en 1936 !

C'est sans doute le plus bel hôtel particulier que j'ai pu visité lors de mes différentes Journées du Patrimoine. Il est classe, beau, luxueux, on s'imagine tellement dans ces décors, à ces fêtes du 19e siècle dans des robes à tournures (oui je m'imagine toujours en costumes dans des lieux historiques) ou Belle Époque. Je vous conseille vraiment cette visite si vous êtes à Paris l'an prochain, il est souvent ouvert seulement le samedi, mais ça vaut vraiment le coup !












L'hôtel de Besenval – Ambassade de Suisse


Juste à côté, il suffit de faire quelques mètres, se tient un autre hôtel particulier pour une autre ambassade : celle de Suisse. Au départ destiné pour l'abbé Pierre-Chanac de Pompadour, son plus grand occupant fut Pierre-Victor de Besenval, qui l'acquis en 1767. La brochure caractérise l'homme comme un « gentilhomme galant, épris de liberté » et quand on sait qu'il avait fait construire au sous-sol un nymphée, avec un grand bassin et de beaux décors, on comprend un peu le bonhomme ! Ayant eu la décence de ne pas se marier, il lègue tous les biens à son meilleur ami, le maréchal de Ségur. Puis encore une fois, la Révolution passe par là et après, divers occupants viennent vivre ici, comme des Bonaparte sous le Second Empire. Quant à la Suisse, l'ambassade s'y installe en 1938.

C'est un endroit adorable. Le seul souçi, c'est qu'on ne pouvait pas prendre de photos, et c'est bien dommage car il y a un petit boudoir 18e siècle absolument somptueux, un salon dit « des perroquets » car il y en a partout en peinture ou en porcelaine. Quant à la salle à manger, j'adore ce vert très apaisant, chic et sobre … On ne visite que le rez-de-chaussée, mais les suisses savent accueillir car on repart avec un morceau de chocolat ♥

Ambassade de Finlande


Là encore pas de photographies, car après étonnement, l'ambassade n'est pas un hôtel particulier mais un immeuble moderne. L'intérieur est tellement scandinave, avec son design moderne et son décor sobre. Nous avons surtout lorgné sur les ouvrages en français et bu un jus infusé aux fruits. On nous a vendu aussi l'institut finlandais pour assister à des conférences mais aussi aller manger au café. Le type a eu un raisonnement simple : visiter l'ambassade, manger à l'institut, partir en Finlande. Leur gentillesse et leur petit jeu concours (consistant à tirer un papier pour gagner un petit lot) me rappelle mes vacances à Stockholm et Copenhague, ce qui m'a donnée envie de repartir en Scandinavie dés que je le pourrais.

La journée s'est terminée avec une loge maçonnique dans le 13e arrondissement. J'en parlerais rapidement car arrivé tard, nous n'avons pas visité ni vraiment lu les présentations, juste assisté à une conférence de présentation de la franc-maçonnerie. Intéressant mais frustrant puisqu'ils ne peuvent pas dire grand-chose car voué au secret. Et puis, on était tous les trois crevés après notre grosse journée, ça ira mieux dimanche !

Le dimanche est bien plus tranquille avec seulement deux visites au programme, et après une bonne nuit de sommeil ! Direction le 16e arrondissement pour visiter une ambassade surprenante : celle d'Afghanistan.


Ambassade d'Afghanistan


Pour la première fois, l'ambassade afghane ouvre ses portes au public grâce au nouvel ambassadeur nommé en juillet, Abdel-Ellah Sediqi. Profondément francophile, il a aussi l'ambition de montrer le nouveau visage de l'Afghanistan. Après tout, beaucoup ont découvert ce pays avec les attentats du 11 septembre 2001 et les talibans, pas forcément la meilleure image !

Dans ce bel hôtel particulier de la fin du 19e siècle, on peut visiter au rez-de-chaussé quelques salons de réception, avec des informations sur l'histoire du pays, mais aussi sur les derniers chiffres sur l'avancée du droit des femmes. On nous montre des chiffres de 2001 à l'époque des Talibans, et 2015. Autant dire que les chiffres parlent d'eux mêmes. En même temps, ils partaient un peu de zéro, autant au niveau éducation que politique. En 2015, 25% de l'assemblée nationale afghane étaient des femmes (soit 62 sur 249) et il y a même une vice-présidente, Fawzia Koofi. En 15 ans ! En France, et merci la loi sur la parité, 26,9% sont des femmes à l'Assemblée Nationale, soit 155 sur 577. J'ai un peu mal à ma République …

Au premier étage se trouvait l'ambassadeur en personne ! Il était très content de voir du monde se déplacer à l'ambassade et on pouvait même lui poser quelques questions. Ça fait plaisir de voir des personnes motivées pour leur pays de la sorte ! La visite était très agréable et intéressante, et j'étais surprise de voir des gens se déplacer au bout du 16e arrondissement pour jouer les curieux !









Domaine National de Saint-Cloud


Tout autre monde maintenant avec le domaine national de Saint-Cloud. Avant était érigé un château qui est passé entre les mains de plusieurs propriétaires comme Henri III, ou la famille de Gondi. En 1659, la demeure est achetée par Philippe d'Orléans, dit Monsieur, frère de Louis XIV, et il est sans doute celui qui créa la beauté de ce qu'il appelait sa « délicieuse maison ». Il acheta tous les terrains aux alentours, passant de 12 à 590 hectares, fit aménager le jardin par André Le Nôtre, se dote d'une Galerie d'Apollon (bien avant la Galerie des Glaces) et de la Grande Cascade par Antoine Le Pautre (qui a coûté environ 1.000.000 de livres), encore conservée aujourd'hui. Il est transmis dans la famille d'Orléans jusqu'en 1784Louis XVI l'achète pour la reine Marie Antoinette. Il échappe aux destructions de la Révolution et c'est ici que le coup d'état du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte est fait. Napoléon III et son épouse Eugénie adore cette demeure aussi. En 1870, le château est bombardé et incendié, on a juste le temps de sauver les quelques meubles et certaines peintures avant de laisser place aux ruines, détruites à leur tour en 1892.

Aujourd'hui, il ne reste que les jardins, le parc et cette magnifique fontaine, rarement mise en haut à cause de l'ancienneté des canalisations et la fragilité de la construction. Lors des Journées du Patrimoine, ils sont mis en route, et c'est toujours un spectacle grandiose. Puis les jardins sont très apaisants, on se croirait à la campagne alors qu'on est à côté d'une autoroute …










J'adore cet endroit. Pour commencer, je suis une grande fan de Monsieur, j'aime ce personnage haut en couleurs, homosexuel affirmé avec ses favoris et ses mignons, à cheval sur l'étiquette, et qui a était le premier de la dynastie Bourbons-Orléans, aujourd'hui chef de la Maison de France (contrairement aux Bourbons de France qui n'existent plus depuis la mort du Comte de Chambord. Descendance par les hommes j'entends bien, et je ne compte pas la branche espagnole). Sa vie est une tragi-comédie avec des déboires mais aussi du faste et perpétuellement l'ombre son frère … Il reste quelques traces du château dans le petit musée à l'entrée du domaine, intéressant, surtout la maquette de ce qu'était le château. Je vous conseille vraiment d'y aller, au moins pour la promenade.








Voilà pour ces Journées du Patrimoine denses et intéressantes comme chaque année ! J'aime vraiment cet événement qui permet d'ouvrir les portes de lieux où le commun des mortels ne peut entrer en temps normal. Et vous, avez-vous fait les Journées du Patrimoine ? 

7 commentaires:

  1. Des visites très intéressantes et inédites au coeur du pouvoir, comme on dit ;)
    Pour ma part, pas de JEP cette année, j'étais dans le Pas-de-Calais à admirer la mer et la nature. Pas mal aussi !

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  2. La patience d'attendre, justement, je ne l'ai pas du tout ! Quelqu'un veut que je fasse l'Élysée avec, mais je ne crois pas avoir la force... Je vous admire vraiment ! Par contre, vous avez dû bien apprécier vos visites :-))

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    1. Je ne le referais pas, je l'avoue ! Et l'attente gâche un peu la beauté du décor, mais je peux dire que je l'ai fait :)

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  3. Très beau programme et de magnifiques photos, qui font voyager de manière interposée ! ^^ Personnellement, ça fait plusieurs années que je ne fais plus rien pour les JEP pour la simple et bonne raison que je travaille..donc moi je suis de l'autre côté et j'accueille les visiteurs mais j'aimais bien, avant, pouvoir visiter des lieux un peu hors du commun et qui ne sont ouverts qu'à ce moment-là. C'est sympa de se voir ouvrir des portes qui habituellement sont fermées. Tes visites d'ambassade avaient l'air bien sympas en tous cas.

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    1. J'adore faire les visites d'ambassades, souvent elles sont dans des hôtels particuliers somptueux !
      Mais ça doit sympa aussi d'être du côté accueil, on doit croiser des publics différents.

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  4. C'est une super idée les journées du patrimoine mais le monde dans certains endroits peut vite décourager parfois.

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