mardi 27 septembre 2016

Sintra, la vallée enchanteresse



Après un aparté sur les Journées du Patrimoine, il est temps de retourner au Portugal pour vous raconter la suite de mes péripéties. Après avoir pris mes repères dans la capitale durant le weekend, il était temps d'attaquer les choses sérieuses avec Sintra, à environ 25 kilomètres de Lisbonne. Cette ville peut à elle seule être une destination de vacances avec sa vieille ville, ses huit châteaux et ses six musées municipaux, autant vous dire qu'on ne doit pas s'ennuyer. Mais beaucoup en font, à l'instar du château de Versailles par exemple (lui aussi à 25km de Paris), juste une escale d'une journée pour visiter quelques endroits et rentrer à Lisbonne. Nous avons fait de même comme des mignons petits moutons, et c'est une journée dont je me rappellerais, par sa beauté tout d'abord, mais aussi pour la très longue marche.


Après un weekend tranquille dans Lisbonne où nous avons quand même gravi des collines, nous avons quitté la capitale pour Sintra. Pour s'y rendre en transport, rien de plus simple : il suffit d'aller à la gare de Rossio (magnifique à l'extérieur) pour prendre un train pour Sintra, il y en a toutes les 30min environ et 35min de trajet. Si vous n'avez pas la Lisboa Card, cela vous coûtera 4,30€ aller-retour, autant dire cadeau ! Arrivé à Sintra (terminus du train), vous avez deux choix : marcher ou prendre un bus. Le bus coûte 5€ pour un aller-retour, mais vu par quoi on commençait, ça valait son prix !



Notre première destination fut le Palacio da Pena, situé tout en haut de la colline, tel un château de contes de fées. Et vu l'énorme montée bien raide, le bus n'était pas un luxe et il justifiait ce trajet ! Il ne faut pas être pressé car la route est étroite avec d'énormes virages ! Ce bus fait un circuit des trois grands châteaux de Sintra : le Palacio Nacional, le Castelo dos Mouros et la Pena. Enfin arrivé à destination, il faut prendre son billet, puis monter à pied jusqu'au château (une navette permet d'y aller si vous avez la flemme/n'êtes pas en état, mais coûte 3€). Courageux, nous avons monté à pattes jusqu'au château.

Je pense que de tout ce qui était prévu dans le séjour, c'est ce château que je voulais absolument visiter. Quand nous nous sommes décidés pour une destination, je voulais voir Lisbonne car j'avais lu la biographie romancée d'Amélie d'Orléans, dernière reine du Portugal, un livre que je vous recommande car Stéphane Bern a eu accès aux vrais carnets intimes de la souveraine et cette fille a eu une vie jonchée de malheurs. Mais dans ses instants de bonheur, elle décrit notamment ce palais et je voulais marcher sur ses traces, voir en vrai ces descriptions. Autant dire que niveau beauté, je n'ai pas été déçue !







Mais d'où sort ce château si original et si haut ? Avant, il s'agissait d'un monastère hiéronymite (dédié à Saint-Jérôme) du 15e siècle tombé en ruines depuis des années. En 1839, le roi-consort Ferdinand de Saxe-Cobourg, époux de la reine Maria II (marié grâce à son oncle Léopold Ie de Belgique qui plaçait sa famille en Europe), décide de racheter les terres pour construire une demeure des plus folles. Il faut dire qu'il n'avait pas l'ambition de devenir roi, Ferdinand était un artiste, un peintre et poète, à mille lieux des négociations et des prérogatives politiques. Et on peut dire que l'architecte s'est fait plaisir ! Tout en gardant des parties de l'ancien monastère (comme le cloître), il mélange les styles Renaissance, baroque, maure et manuélin, le tout en grandes couleurs, pour donner ce style inimitable. Vraiment, on se croirait dans un château de contes de fées !

Et l'intérieur ? Superbe aussi ! On sent le mélange des styles et on ne sait plus où regarder tant il y a à voir, au niveau du mobilier, des peintures, des objets, mais aussi des décorations au plafond et sur les murs ! Quand on connaît la personnalité du roi-consort Fernando II, on se dit qu'il devait bien s'y plaire. Quand la reine Maria II décède en 1853, il laisse la couronne à son fils Pedro V, et décide de vivre en retraite dans son palais, pour finir sa vie à peindre et couler des jours paisibles, notamment avec sa seconde épouse, avant de décéder en 1885. L'année suivante, en 1886, a lieu le mariage entre Amélie d'Orléans (fille du comte de Paris, prétendant au trône de France et chef de la Maison royale de France) et Don Carlos, fils du roi Luis Ie et héritier du trône. Le couple se plaît à passer du temps à la Pena, où Amélie y aspire à une vie tranquille. Dans le livre, Stéphane Bern tente de décrire le ressenti de la nouvelle princesse du Portugal : «  Je ne fus pas longue à céder à la beauté magique de Pena, qui restera ma résidence préférée et dont je parle chaque fois avec une émotion toujours plus vive. Le château et son parc avaient la folle démesure d'une création imaginaire. »


















Et cette visite ? Magnifique … et décevante. Partis un peu tard, nous sommes arrivés au château à 11h et il y avait beaucoup de monde, dont des visites guidées ! Quand on voit que les salles sont parfois petites, ou que ce sont juste des cordons pour admirer quelques instants une pièce, c'est dommage. Si vous y allez, faites l'ouverture ou la fermeture, pas le milieu. Et pourtant, j'avais exprès évité le weekend pour ne pas avoir foule … Le jardin est immense, nous n'avons pas tout fait malheureusement, mais il semblait vraiment valoir le coup. Je vous conseille tout de même cette visite, ce château est une merveille à surplomber la colline

Palacio da Pena
9h45-19h (en haute saison)
12€ palais + jardin (-10% avec la Lisboa Card)

Après le château, il a fallu redescendre en ville. Et là a débuté l'aventure à Sintra. Comme je vous disais au départ, pour monter, il y a le bus ou les pieds. Il y a donc un chemin de randonnée d'environ 1,5km pour redescendre jusqu'au centre-ville. Certains le montent (les fous), mais je peux vous dire que juste descendre, c'est déjà Koh-Lanta. Les premiers mètres sont vraiment pentus avec des marches immenses, des passages étroits et le vide non loin de nous. Tranquille. Ensuite, c'est un peu moins difficile mais par 35°C et presque sans eau, on pensait mourir. Heureusement, la vue était magnifique, avec vue sur le Castelo dos Mouros, puis sur notre prochaine destination, la Quinta da Regaleira. Heureusement, des toilettes bienvenus près de la Villa Sassetti nous ont sauvé de la déshydratation ! Mais quand on arrive en bas, quel soulagement, et quelle folie de se dire tout ce qu'on a descendu ! A faire sans doute, mais mieux préparé que nous et sans la chaleur du jour !






Une fois descendu du chemin de l'enfer, nous pouvions nous consacrer à notre deuxième visite : la Quinta da Regaleira. En cherchant à faire mes visites, j'ai eu un coup de cœur pour l'endroit, et la grande amoureuse des châteaux, j'ai craqué pour … le jardin. Crée à la fin du 19e siècle par le milliardaire brésilien Antonio Augusto Carvalho Monteiro et l'architecte Luigi Manini, l'endroit est un mystère avec des références aux Templiers, à l'Olympe ou encore à la Franc-Maçonnerie. Dans le jardin, on trouve beaucoup de choses improbables : un lac avec une cascade, des passages souterrains, une grotte de la Vierge, un Puits Initiatique de 27m de profondeur, une chapelle et même un incinérateur !



On ne sait où regarder, ou aller, on se promène près de la cascade, on domine une partie du jardin par le Portail des Gardiens, on part du Puits « Imparfait » jusqu'au Puits Initiatique par un souterrain, rappelant des offices occultes ou de sociétés secrètes. Il y a un labyrinthe dans une grotte, une chapelle avec des souterrains, une allée avec des statues grecques, une serre … plus on avance dans cet endroit, moins on comprend mais on est fasciné ! Par la chaleur de la journée, il faisait doux dans ce jardin et même frais dans les souterrains mais va t'on s'en plaindre ?




 




La visite du château vient à la fin de la visite. Dans un style néogothique, lui aussi semble sortir tout droit d'un conte, à la fois inquiétant et fascinant, tous ces détails sur la façade. L'intérieur, malheureusement vidé de ses meubles, raconte l'histoire des lieux, des dessins préparatoires … Quelques salles valent le détour, notamment celle avec la mosaïque au sol ou la salle Renaissance. Le grand intérêt du château est sa terrasse supérieure, avec une vue superbe, notamment sur le Castelo dos Mouros et la Pena. De se dire que nous étions si haut tout à l'heure faisait peur !








Je vous conseille la visite de cet endroit si atypique et original, difficile de ne pas se sentir happé par ce drôle de jardin et ses mystères !

Quinta da Regaleira
10h-20h (haute saison)
6€ (-20% Lisboa Card)

Nous avions l'espoir fou de pouvoir faire le Palacio Nacional mais étant arrivés un peu tard, et avec cette randonnée improvisée, il se faisait déjà tard, alors après avoir pris une glace pour reprendre des forces, direction à pied vers la gare pour retourner à l'appartement, avant de manger un bout. La ville semble très belle, je pense qu'elle vaut le coup d'une visite approfondie !







Et après ? Retour à Lisbonne où il faisait encore 33°C à presque 21h ! Fatigués mais devant bien nous nourrir, direction la pizzeria Casanova dont je vous parlais dans mon article précédent avant une bonne douche et un gros dodo. Il faut dire que nous avions marché 20km dans la journée, c'était un repos bien mérité ! Surtout que le séjour n'est pas terminé …  

1 commentaire:

  1. La colline de Sintra est l'un de mes endroit favoris en Europe <3 On se croirait hors du temps, dans un pays féérique... J'adore!!!

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