jeudi 1 septembre 2016

Château de Champs sur Marne, un écrin d'élégance


La visite de châteaux, c'est ma passion depuis ma tendre enfance. Ma mère m'y emmenait et j'imaginais les bals de princesses et m’émerveillait devant tout le luxe et les beaux meubles. Avec le temps, j'ai compris qu'être une princesse n'était pas un statut envieux, mais j'aime toujours autant admirer les pièces, le mobilier, les tableaux, imaginer comment on y vivait à l'époque, … Autant dire que je m'y sens un peu chez moi. Et si j'adore les énormes châteaux de folie comme Fontainebleau, j'adore encore plus les demeures à taille humaine. Quand Champs-sur-Marne a rouvert en 2013, j'y suis allée pour découvrir ce petit bijou. Et comme j'ai une nièce qui adore les châteaux tout comme moi à son âge, c'était obligatoire de l'emmener là. Donc direction le château de Champs-sur-Marne !


Je voulais revoir ce château depuis quelques temps déjà, j'avais tellement aimé l'endroit que je voulais vous en parler, et profiter des lieux. Alors quand j'ai vu (et surtout mes amis/ma famille qui m'a envoyé par snap ou mms les pubs dans le métro, merci ! ) qu'une exposition de costumes s'y tenait, c'était l'argument ultime pour me faire venir. Je voulais embarquer ma nièce, j'ai pris aussi dans mon sac ma sœur, son frère et sa petite sœur pour une sortie familiale ! Les enfants avaient la possibilité de s'habiller avec des déguisements, je propose qu'on fasse pareil avec les adultes, parce que c'est injuste (oui, je râle ! ). Mais avant de vous embarquer dans la visite, je vais vous raconter l'histoire de cette demeure.

Ce château commence à la fin du 17e siècle avec Charles Renouard de La Touanne, trésorier de l'Extraordinaire des guerres qui veut se faire construire une belle demeure. Pas de bol, il fait banqueroute et meurt d'une syncope en 1701. Le château non terminé est confisqué pour payer les dettes du monsieur et revendu à Paul Poisson de Bourvallais, secrétaire du Conseil royal des finances. S'il termine les travaux du château et du jardin, il est accusé de malversations, il va en prison et on lui pique ses biens. Deux ans plus tard, on lui rend son hôtel particulier parisien, où il meurt six mois plus tard, mais pas son château. Non, il est à nouveau vendu en 1718 à Marie-Anne de Bourbon, princesse de Conti, fille légitimée de Louis XIV et sa première favorite, Louise de la Vallière.

Marie-Anne de Bourbon, princesse de Conti, par François de Troy

Veuve à vingt ans d'un mari débauché qui ne la toucha jamais, elle est une des plus grandes fortunes de France, une femme très belle, et une chouchou de son papa le roi. Elle est si belle que le sultan du Maroc demande sa main à Louis XIV ! Le château reste dans la famille de son cousin qui le loue à la marquise de Pompadour. Devenu bien national pendant la Révolution française, il passe de main en main jusqu'en 1895 où il est acquis par le comte Louis Cahen d'Anvers, riche banquier belge, parmi les plus riches fortunes de l'époque, comme les Rothschild ! Avec son épouse et ses cinq enfants, il passe son temps entre l'hôtel particulier de l'avenue Montaigne et ce château en fort mauvais état qu'il fait restaurer, et remeuble comme à l'ancien temps. La famille y reçoit ses amis comme le roi Alphonse XIII d'Espagne ou Marcel Proust.

Leur fils, Charles de Cahen d'Anvers, fit don du château à l’État et vendit le mobilier en 1935, et il est classé monument historique la même année. Au fil des années, le château devint un lieu de réception pour les chefs d’État étrangers jusque dans les années 70 où il ouvre à la visite. Fermé entre 2006 et 2013 pour de gros travaux, il fait parti du Centre des Monuments Historiques, et se visite, comme je l'ai fait !

Maintenant que vous en savez un peu plus, je peux vous raconter ma visite. C'est une demeure à taille humaine, bien loin des longs couloirs de Compiègne par exemple, ici les salles se se suivent à l'enfilade. Après avoir passé le vestibule, on fait son entrée dans le grand salon donnant vue sur l'immense jardin. Pour faire simple, on reçoit au rez de chaussée, et l'étage est privé. Cela rappelle l'organisation de la demeure des Camondo, les vies publiques et privées sont séparées par les escaliers. On découvre donc un fumoir, des salons, dont le magnifique salon chinois avec les décors de chinoiseries par Huet au 18e siècle. Il y a aussi une bibliothèque, une salle à manger pour les adultes et une pour les enfants, très mignons. Comme je vous disais en introduction, il y avait aussi une exposition de costumes « Histoire en costume, l'élégance au XVIIIe siècle » par les costumiers La Dame d'Atours (qui organise aussi une sur les vêtements antiques à Ambrussum). Donc ce ne sont pas des pièces d'origine, mais de magnifiques reproductions des différents styles et modes durant le siècle des Lumières, des femmes, mais aussi des hommes et même des enfants ! Dans toutes les pièces, on découvre des merveilles : habit à la française, à l'anglaise, à la turque, un pet-en-l'air … Un vrai régal pour les yeux, et un plaisir d'expliquer les différents habits aux plus jeunes (et à ma sœur attentive) pour faire comprendre qu'il n'y avait pas que les énormes robes à panier, heureusement. Enfin, je dis ça mais cela fait quatre ans que j'en mets à la Journée Grand Siècle








Autres choses très intéressantes, ce sont les tablettes interactives servant de cartels. Dans chaque pièce, elles vous racontent l'historique de la pièce au 18e siècle et durant les Cahen d'Anvers, quelques objets précieux, mais surtout … s'il y a eu des tournages ! Des films en costumes ultra-connus se sont tournés ici comme l'Allée du Roi, Napoléon, Joseph Balsamo et le meilleur d'entre tous : Les Liaisons Dangereuses ! Je trouve ça génial d'en parler car les châteaux servent souvent de décors à des tournages, quoi de mieux pour un film d'époque ?









L'étage se monte par l'escalier d'honneur, aux initiales « LC » pour Louis Cahen, et là encore on peut s'imaginer dans un costume de votre choix : un habit 18e siècle (comme le thème de l'exposition), mais aussi en robe à crinolines (il y a de la place dans l'escalier), à tournures ou une magnifique robe 1900 selon votre goût. On sent davantage la sphère privée à l'étage. Si l'imposant salon de musique peut dérouter, on découvre les diverses chambres de la demeure, mais aussi les appartements du couple Cahen d'Anvers. D'ailleurs leur chambre est commune, alors que les aristocrates faisaient chambre à part en général, il y avait la chambre de madame, puis celle de Monsieur, comme à Jacquemart-André, même si les deux chambres ne sont séparées que par le bureau de monsieur André. On y découvre aussi des salles de bains, très modernes avec tout le confort de l'époque, et vu la chaleur naissante, je me serais bien prélassée dans un bain.













Là encore, les costumes étaient encore au rendez-vous, de tout genre : des habits de cour masculin, robes à la française, à l'anglaise mais aussi à la polonaise et des plus modernes comme une demi-redingote et une chemise à la reine. Mieux encore, dans la salle de bains, on croise des habits de domestiques et aussi des sous-vêtements, où les dames étaient déjà plus habillées que nous alors qu'elles n'avaient « que » leur chemise, leur corset et leur panier, mais aussi un panel de chapeau et des perruques









Après le château, il fallait bien visiter le parc. Enfin pas tout, car avec des enfants, c'est épuisant, mais aussi parce que 85 hectares à parcourir, c'est un peu vaste. Dire qu'avant, il en faisait 600 … Après s'être baladés sur l'allée centrale, nous avons bifurqué à gauche pour profiter de l'ombre et du calme. On se croirait vraiment à la campagne, paisible et tranquille. Et comme il n'y avait personne, c'était encore mieux. En remontant vers le château, nous avons croisé une orangerie, un potager, la maison du jardinier et des communs. Vraiment superbe.








J'ai adoré la visite de ce château qui s'est terminé par un goûter familiale au stand de crêpes près de la billetterie. J'adore ce petit écrin d'élégance, de luxe et de beauté préservé, j'aime le raffinement du mobilier et le calme des allées. Et cette exposition est vraiment très intéressante, le livret donnée à l'entrée donne d'excellentes indications pour comprendre la mode de l'époque et l'évolution de cette dernière. Elle s'y tient jusqu'au 2 novembre, je vous conseille fortement d'y aller. Sinon, le château est toujours là, superbe.

31, rue de Paris
77420 Champs-sur-Marne
RER A : Noisiel + bus 220
7,5€ - Gratuit pour les -26 ans

6 commentaires:

  1. Très joli château ! Les costumes dans les pièces lui donne un côté vivant très agréable et différent de ce que l'on peut visiter d'habitude.
    Ce château n'aurait-il pas également servi de décor au "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola ?

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    1. Si, le lit jaune a servi pour la naissance des enfants d'un des frères de Louis XVI ;)

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  2. Tes photos sont superbes on s'y croirait !
    Et ces costumes c'est fabuleux de voir tout cela !
    Merci pour la visite ! :)

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  3. Je suis en admiration, ces costumes sont magnifiques et le château merveilleux. Depuis que je travaille moi-même dans un château classique et très meublé, j'ai une passion pour ces bâtiments. Ils sont élégants, sobres et raffinés.
    Et les costumes...mon dieu, les costumes... tes photos sont très belles et on a presque l'impression de percevoir les étoffes, on s'y croirait ! Nous voilà revenus à l'époque de Louis XV ou Marie-Antoinette ! ^^ Je suis un peu loin de la Seine-et-Marne mais si je passe un jour dans le coin, je crois que je me ferais cette visite avec beaucoup de plaisir. ^^

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    1. Quelle chance de travailler dans un château meublé ♥ j'ai travaillé à Vincennes, disons que ce n'est pas le même genre.
      Mais il est vrai que ces costumes sont superbes, on peut les voir d'assez près, et les détails sont magnifiques !

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