jeudi 22 mars 2018

La Basilique Saint Denis, nécropole royale française


La Basilique Saint Denis est un symbole de la monarchie française, tout comme le château de Versailles ou d'autres châteaux. Les rois s'y font enterrer depuis des siècles. Et cela reste malgré la Révolution et les dégradations. Si les corps ne sont plus dans les gisants et autres tombeaux, la force des lieux reste. Et c'est aussi intéressant de voir l'évolution de la mise en scène de la mort au court des siècles avec ces gisants ou cénotaphes. Ouverte au public, la basilique montre une autre facette de l'Histoire de France, suivez moi …


Je suis un être peut être étrange, mais j'adore les nécropoles et les beaux cimetières, comme celui du Père Lachaise à Paris. Presque à chaque fois que je visite un pays, j'aime aller dans la nécropole. A Vienne, j'ai adoré la crypte des Capucins ;  à Berlin, je suis entrée dans la cathédrale et j'ai vu les tombeaux des Hohenzollern ; à Copenhague, la cathédrale de Roskilde ; à Lisbonne le monastère Saõ Vicente … A dire vrai, je n'ai pas encore faire Westminster à Londres (c'est sur la liste ! ) ni celui de Stockholm car il était fermé lors de ma venue … pour le grand plaisir de Cécile qui déteste ça. En France, j'ai aussi visite la basilique de Dreux, où les Orléans reposent. Vous avez compris, j'ai une passion un peu morbide sur les bords mais il faut avouer que certains tombeaux se révèlent de vraies œuvres d'art ! Et Saint-Denis n'est pas en reste, bien sûr !

Je l'ai visitée plusieurs fois, selon les horaires et les saisons, les vitraux se teignent d'une belle couleur, donnant cette atmosphère indescriptible aux lieux. Mais pourquoi cet endroit pour nécropole, et depuis quand ? Vous avez l'habitude, on récapitule pour mieux comprendre la visite.

Historique des lieux

Pour comprendre la localité, il faut revenir au temps des martyrs chrétiens des premiers siècles. Pour faire simple, Denis est le premier évêque de Paris, meurt en martyr entre 250 et 275, les anciens récits qu'il aurait pris sa tête sous le bras et aurait marché jusqu'à l'endroit voulu pour sa sépulture. Une sacrée marche d'ailleurs, et je vous garantis qu'il n'a pas pris la ligne 13 pour y vivre des instants de grâce !

Puis une abbaye y est construite au Ve siècle, et entama son ascension avec les premiers rois et reines à y être enterré, dont le roi Dagobert 1e. Bien sûr, l'église subit des transformations selon les goûts et les couleurs de l'époque, notamment au XIIe siècle. L'abbé Suger décide de faire de l'endroit un chef d’œuvre de l'art gothique. Le plus ironique est que l'abbé a fait cela sous le règne du roi Louis VII, qui a préféré se faire enterrer ailleurs, à l’abbaye royale Saint-Port de Barbeau ! La basilique que l'on connaît aujourd'hui a été commandé par Louis IX, et c'est à partir de lui que les souverains se font enterrer là de manière quasi-obligatoire. Seul le roi Louis XI n'y repose pas, se faisant enterrer à basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André.



La basilique mènera une vie tranquille jusqu'à, je vous le donne dans le mille … la Révolution Française ! Précisément en 1793, un jour où des gens ont dit que c'était cool de déterrer des morts depuis des siècles et jouer avec leurs cadavres, leur couper des bouts de leurs cheveux ou moustaches, et voler la tête d'Henri IV. Ces révolutionnaires, des gens sympathiques et tolérants …

Autant vous dire que la basilique n'est pas dans son meilleur état : une partie du trésor pillée ou fondue en monnaie, des tombeaux cassés, voire disparus, on pourrait presque penser que sa fin est proche. Mais Napoléon 1e, soucieux de s'inscrire dans la continuité dynastique après son sacre, fait entreprendre la restauration des lieux. Mais le plus gros du travail s'effectue durant la Restauration. Louis XVIII, frère de Louis XVI, monte sur le trône et entame de gros travaux pour redonner l'éclat à la basilique. Tous les corps jetés dans la fosse commune sont relevés et mis dans un tombeau commun dans la crypte. Cela fait du monde avec ces 42 rois, 32 reines, 63 princes et princesses, sans oublier les dix grands du royaume qui ont ce privilège (comme du Du Guesclin et Turenne). Le souverain en profite pour ramener certains monarques à la basilique, notamment Louis VII et Louise de Lorraine. Louis XVI et Marie-Antoinette ont aussi leur tombeau, et le dernier a y entrer est Louis XVIII lui-même. Après lui, Charles X meurt en exil, et Louis-Philippe 1e repose à la chapelle de Dreux, nécropole des Orléans.

Petit fait amusant, Napoléon III avait décidé que sa dynastie reposerait aussi dans la basilique, dans une aile souterraine. Vous connaissez votre histoire, le Second Empire s'effondre en 1870 et la famille impériale s'exile en Angleterre. Si ça vous intéresse, l'ancien empereur, son épouse Eugénie et leur fils Louis-Napoléon reposent l'abbaye Saint-Michel de Farnborough.

Quant à la restauration de l'édifice, il se poursuit durant le reste du siècle, notamment avec sans doute l'unique architecte des monuments historiques, le trop connue Eugène Viollet Le Duc. Ce n'est bien sûr pas terminé, de nombreuses campagnes ont eu lieu pour redonner à l'édifice sa gloire d'antan, et aujourd'hui, le projet de reconstruire la tour nord se concrétise !

Ma visite

Comme je l'ai dit en introduction, j'adore les nécropoles et je n'ai pu qu'aimer cette visite. Souvent ce sont des lieux souterrains et sombres, notamment la crypte des Capucins, mais la partie dans la nef, avec les vitraux colorés, donnent une belle ambiance, calme et reposante. C'est intéressant de voir aussi l'évolution de de la mise en scène de la mort. Tout le long du Moyen Âge, ce sont des gisants. Les souverains sont représentés allongés, souvent entrain de prier, avec quelques attributs reconnaissables et leurs vertus en symbole. Le 16e siècle montre l'apogée de l'art funéraire en France avec ces trois immenses tombeaux : Louis XII et Anne de Bretagne (mon préféré), François 1e et Claude de France, Henri II et Catherine de Médicis.

















A partir du 17e siècle, cette mode passe et les cercueils deviennent simples et sont cachées, on met en place des cénotaphes, monument honorifique mais le corps ne s'y trouve pas. Les Bourbons utilisent cette méthode et parmi eux, on retient surtout celui d'Henri IV et de Louis XIV, un homme extrêmement modeste, jusque dans la mort (je préfère souligner l'ironie de ma phrase). Le caveau central devait abriter la dynastie Bonaparte à partir de Napoléon 1e. Encore une fois, le destin en a décidé autrement : Napoléon est mort à Sainte-Hélène et son tombeau se trouve aux Invalides, Joséphine repose à Rueil-Malmaison, Marie-Louise se trouve à Vienne et l'Aiglon a d'abord été inhumé à Vienne avant d'être ramené aux Invalides par Hitler en 1940. Pour le caveau ambiance familiale, on repassera. Mais cette partie n'est pas restée inhabitée puisque Louis XVIII y a placé des caveaux très simples pour quelques rois ramenés.







J'aime vraiment cet endroit et jusqu'au 31 mars 2018 (donc bientôt, la nana qui vend l'exposition au dernier moment), le Centre des Monuments Nationaux organise un échange avec la cathédrale Saints Pierre-et-Paul de Saint Saint-Pétersbourg, nécropoles des Romanov. On peut y découvrir l'évolution de la Russie, au travers des tsars les plus connus : Pierre Ie, Catherine II, Alexandre Ie et Nicolas II. Emma, qui était avec moi ce jour là, vous en parle bien plus dans son article consacrée à notre journée russe.



Si vous n'avez jamais foulé le sol de la basilique, allez y. Et si vous connaissez d'autres nécropoles en Europe ou même ailleurs, n'hésitez pas à m'en parler !

1 commentaire:

  1. Oh mais elles sont vraiment belles tes photos !
    J'y avais été et j'avais été juste bouleversée. C'est vrai que même si les corps ne sont plus là... Je me sentais toute petite d'un coup (bien que tous les rois étaient bien plus petits que moi lol !

    En tout cas c'est une belle découverte.

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