Oui je suis toujours
vivante, le mois de janvier s'est avéré compliqué, sans compter un
vent de flemme aiguë a soufflé sur ma motivation. Rien ne vaut une
sortie dans un super musée pour se requinquer, se relancer dans
l'écriture, en attendant d'autres articles. Comme vous l'avez lu
dans le titre, j'ai visité ce dimanche le Musée National du Moyen
Âge, ou musée Cluny, au cœur du quartier latin parisien. Dans
cette bâtisse fin 15e siècle s'abrite une impressionnante
collection relative à cette époque si mal connue qu'est le Moyen
Âge. Et en prime, on va parler des Mérovingiens avec l'exposition
en cours au musée. Trop de choses à dire, suivez moi !
L'hôtel de Cluny abrite
depuis le 13e siècle les abbés de l'ordre de Cluny, mais l'hôtel
actuel date de la fin du 15e siècle, en 1485, par l'abbé
Jacques d'Amboise. Construit sur
les anciennes thermes de Lutèce, l'hôtel a vu du beau monde passé,
de gré ou de force : Marie d'Angleterre, veuve de Louis
XII, y est enfermée pour savoir si elle porte ou non un
héritier, elle y épouse Charles Brandon, duc de Suffolk en
secret (en pleine période de deuil, on la sent bien éplorée). A la
Révolution Française, il est évidemment vendu comme bien national,
sert d'imprimerie dans la chapelle, de faculté de médecine,
d'observatoire … Bref, un peu tout jusqu'à rachat de l’État en
1843, durant la Monarchie de Juillet. L'hôtel abrite les
collections d' Alexandre Du Sommerard,
passionné de l'époque médiévale, et devient donc le musée du
Moyen Âge, puis est classé en 1846. Autant dire, une histoire
passionnante pour un si beau bâtiment.
La visite
Le musée est
actuellement en travaux, certaines salles sont fermées au public
jusqu'en 2020. Honnêtement, je n'ai senti aucun inconfort de visite.
Les salles se suivent en enfilade au rez de chaussée, où l'on
découvre les diverses facettes de l'art médiéval : sculpture,
peinture, vitrail ... D'ailleurs, mention spéciale à la salle des
vitraux, superbes et colorés, véritables trésors venant de
Notre-Dame de Paris ou encore de Troyes. On peut admirer différentes
pierres tombales dont certaines sont admirablement dessinées ! Ca
m'a un peu rappelée ma journée à Provins.
J'ai adoré le
frigidarium, les anciens thermes romains, où se tenait l'exposition
dont je vous parlerais plus bas. L'espace est immense, la hauteur
sous plafond impressionnante et bien conservée. J'y retournerais
bien voir sans exposition, pour avoir une meilleure impression de
l'endroit.
La montée à l'étage
s'effectue temporairement par un échafaudage, pas très médiéval
tout ça (je plaisante, hein ! Enfin non, l’échafaudage en
ferraille n'est pas d'époque, mais il faut bien monter.). À
l'étage, on peut découvrir le travail d'orfèvrerie, notamment par
des bijoux mais surtout des reliquaires, à la mode, avec le trafic
de reliques bien connu à l'époque. Hé oui, sous le manteau, on
vendait discretos des doigts de Saint Jean ou des humérus de Sainte
Agathe ! On peut admirer aussi une tapisserie sur la vie de Saint
Etienne, relativement bien conservée et avec des cartels pour
raconter les différents épisodes. On ne peut pas louper la chapelle
aussi, superbe avec son plafond ouvragé, nervuré avec ses voûtes
en ogive. Difficile de penser qu'après la Révolution, elle a pu
servir d'imprimerie ou encore de salle de médecine !
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Un reliquaire à pied ... |
Mais comment ne pas aller
à Cluny sans venir voir le clou du spectacle ? Je parle bien sûr de
la Dame à la Licorne.
Cette série de six tapisseries date de 1500, a été retrouvé au
château de Boussac, dans la Creuse. Leur état de conservation
laisse songeur, quand on voit les tapisseries d'ancien régime sans
couleur, comme dans certaines salles de Fontainebleau. On y voit
encore un rouge puissant, un bleu vif, seul le jaune a passé mais
cela n'enlève rien à sa beauté.
Cinq des tapisseries
évoquent les cinq sens : le toucher, l'ouie, l'odorat, le gout et
la vue. On y voit une jeune femme bien habillée entourée d'une
licorne, parfois d'une autre femme, un chien, d'un lion, parfois d'un
singe et d'autres animaux de la foret comme des lapins, renards ou
encore des oiseaux. Et la sixième alors ? Ça reste en suspens. On
parle de plaisir charnel avec « Mon seul désir »
inscrit dessus. Après tout, la licorne est un signe de pureté mais
sa corne a une connotation sexuelle (forme phallique, tout ça ...
pardon pour l'innocence), cela en fait un animal très ambigu. Tiens,
ce serait intéressant de faire un article sur la symbolique, qu'en
pensez vous ?
Difficile de rester de
marbre dans cette salle sans fenêtre pour protéger ce trésor !
L'exposition
Parlons maintenant de
l'exposition Les Temps Mérovingiens, présentée dans
le frigidarium. Je dois vous l'avouer d'emblée, je n'y connais pas
grand chose à cette période. La dernière fois que je m'y suis
aventurée, j'avais essayé de vous en parler dans un article sur
l'histoire de la Belgique. J'avoue que je n'avais pas tout saisi du
premier coup, beaucoup de souverains, des frontières fluctuantes,
tout comme lors de ma visite au Musée d'Archéologie Nationale. Je
peux vous citer Childéric, Clovis,
Clotaire, Dagobert, Brunehaut, Frédegonde, un peu de leur
vie mais sans plus. J'étais donc une véritable novice. Et j'en ai
appris des choses ! Déjà, un peu de chronologie : la dynastie
mérovingienne s'étend de 451 à 751, soit pile trois cent
ans de ceux qu'on appelle « les rois fainéants ». Ils
voient la chute de l'Empire romain d'Occident en 476, se
partagent l'Europe entre l'Austrasie (à l'est de la France et
au-delà), la Neustrie (nord-ouest de la France), et la Burgondie (la
Bourgogne et un peu la région Centre).
Je ne vais pas détailler
vraiment qui fait quoi, ce n'est pas le but. Mais l'exposition
présente bien les limites géographiques, la généalogie familiale,
et surtout l'évolution à tous les niveaux à cette période, une
excellente transition entre l'art antique gallo-romain au médiéval
lors de l'avènement des Carolingiens.
Très complète, les
différentes vitrines se veulent chronologique, les cartels sont
indispensables pour comprendre l'époque et le pourquoi de la
situation. Mais surtout, les pièces montrées relèvent du chef
d’œuvre : savoir que tout a environ 1500 ans m'épate,
surtout l'état de certaines pièces, en particulier les archives et
les livres. On peut y admirer le « trône de Dagobert »,
terme établi au 19e siècle car ça faisait bien de mettre un nom
connu sur un objet pour attirer l'attention ; il y a d'ailleurs
sa baignoire aussi … Bijoux, monnaie, objets du quotidien,
évolution des rites funéraires, montée du christianisme,
l'exposition se révèle complète et très instructive.
S'il y a un petit bémol,
ce sont qu'on s'entasse vite autour des vitrines, il faut arriver à
se faufiler, profiter, lire, sans qu'on vous passe devant, vous
pousse … Quand il y un peu de monde, il vaut mieux s'armer de
patience, mais cela vaut le coup. Courez y, c'est
jusqu'au 13 février !
Musée de Cluny
6 place Paul Painlevé,
75005 Paris
Ouvert de 9h15 à 17h45 –
Fermé le mardi
9€ tarif plein en
période d'exposition
Si vous connaissez ce
musée ou avez été voir l'exposition, qu'en avez vous pensé ?
N'hésitez pas à en parler dans les commentaire :)
Visite très intéressante qui m'a rappelée celle que j'avais faite avec ma classe au lycée !
RépondreSupprimerTrès sympa cet article ! Je ne savais pas que la célèbre Dame à la Licorne se trouve dans ce musée. Je suis ravie de me coucher moins bête ce soir ;) Bravo pour les photos, deux d'entre elle m'ont tapées dans l’œil : cette du sceptre et les voûtes gothiques !
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