lundi 9 janvier 2017

Une journée médiévale à Provins



Pour le premier article de l'année, je vous parle d'une visite de … septembre. Après tout, il n'est jamais trop tard pour se rattraper et vous raconter cette journée aux confins de l'Île de France, dans une des cités les plus médiévales du coin, n'en déplaise mon ancienne professeure disant que Troyes était LA ville médiévale par excellence. Pourtant Provins, du moins la ville haute, conserve ce charme ancien et des structures typiques d'une lointaine époque de féodalité et de chevaliers en armure. Mais bref, je vais vous raconter mon petit parcours par cette journée un peu grise de septembre, mais ô combien intéressante !


Parfois, on visite sur un coup de tête, une envie d'aventure à la limite entre la Seine et Marne et l'Aube, faire un saut dans le passé, dans l'ancienne capitale des comtes de Champagne. Avec mon amie Emma de Vague Culturelle (qui a quitté Paris, presque sans partenaire de visites), ça a été exactement ça, quelques messages du genre « je veux aller à Provins, ça te dit ? » « Oh oui, la semaine prochaine ? » Le jour a été choisi en quelques minutes, l'horaire de départ aussi, la visite à Provins avait été bouclée. Mais comment dire … pour une fois, on n'a rien prévu, juste d'aller dans la ville. Qu'y faire, que voir ? Hé bien, on ne savait pas, c'était vraiment l'aventure ! Et pour y aller, quand on n'a pas de voiture, c'est déjà un petit périple. Depuis Paris, il faut prendre la ligne P à gare de l'Est direction Provins, il faut compter 1h30 de voyage. Puis de la gare, il y a sans doute un bus mais quitte à rester dans l'aventure, nous avons décidé de nous rendre dans la vieille ville à pieds, profitant des jolies maisons, des cours d'eau … et des locaux du tribunal à vendre.






Je dois vous l'avouer, accéder à la ville haute se mérite ! Hé bien oui, à l'époque, les cités se bâtissaient en hauteur, construisaient des remparts pour éviter les attaques ennemies. Une stratégie payante en général, seuls les sièges arrivaient au bout de ces villes fortifiées. Aujourd'hui, il suffit d'emprunter les rues en pente, mais autant avec de bons mollets pour grimper. Heureusement, j'avais eu de l'entraînement avec Lisbonne la semaine d'avant, notamment cette descente de la mort à Sintra ! Nous passons par une route assez sombre, on se serait presque attendues à des brigands de grand chemin, nous croisons des morceaux de remparts, et enfin, la tour César nous apparaît. Ville haute, nous voilà.

Première étape donc, la Tour César. Quand nous y sommes arrivées, avec le ciel gris et les pigeons volant autour, on s'est demandé ce que c'était. Oui, n'oubliez pas, nous sommes venues sans réfléchir à quoi faire. Alors, à quoi sert cette énorme tour ? Il s'agit d'un donjon à base octogonal du 12e siècle, construite sous Henri Ie de Champagne, dit Henri le Libéral. Alors pourquoi César ? La légende veut que Jules César soit passé par Provins, qui aurait donc une origine romaine. Mais rien ne le prouve. Sinon, cette tour est aussi nommé « Tour du Roi » ou encore « Grosse Tour », donc Tour César, ça a un peu plus de gueule. De stratégie militaire avec ses chemins de ronde, la tour sert aussi de prison durant la Guerre de Cent Ans, avant de devenir propriété anglaise durant quelques années, puis devient le logis du gouverneur durant l'Ancien Régime, comme dans l'une des tours de La Rochelle.

Au niveau de la visite en elle-même, il ne faut pas s'attendre à du mobilier, il ne reste rien mais j'aime cette atmosphère, cette architecture comme la salle des gardes avec ces énormes voûtes, mais aussi les autres salles comme la chambre du gouverneur, et surtout le chemin de ronde. La vue sur la ville est juste sublime, notamment sur la collégiale juste en face.











Tout en haut se trouve le clocher … il faut passer par un étroit escalier, et en haut se trouve le royaume des pigeons. Je n'ai pas vraiment admiré les cloches, et c'est dommage, mais j'avais tellement peur de voir surgir un pigeon à n'importe quel endroit. Autant vous dire qu'après cette visite, j'ai eu une peur des pigeons durant un petit temps. Et c'est une parisienne qui vous le dit ! A part cela, il faut terminer par la salle basse avec des vidéos sur l'histoire des comtes de Champagne vraiment intéressant.

Prochaine visite, le Musée de Provins et du Provinois dans la plus vieille maison de la ville, datant du 12e siècle ! C'est une sorte de musée des Beaux-Arts, un peu fourre-tout avec des objets archéologiques, des peintures, du mobilier, des objets liturgiques, des peintures, des choses faisant référence à la franc-maçonnerie … Le musée n'a pas des objets absolument remarquables à se rouler par terre, mais la maison est belle avec les poutres au plafond, un escalier datant du 17e siècle. Je ne pense pas que je l'aurais visité s'il n'était pas compris dans le pass, mais tout de même, il y a de jolies choses.







La Duchesse de Montmorency, par Santerre. 1705


Bon, il est tant de manger. En bonnes pauvresses au chômage, on préfère payer pour des visiter que de la nourriture. Même s'il faisait gris, il ne faisait pas très froid alors c'est pique-nique sur une butte face à la Collégiale et un lycée établi dans l'ancienne demeure des Comtes de Champagne. Durant notre déjeuner, nous avons repéré que le toit de l'église était un vrai repère à pigeons, vous le verrez.

Une fois rassasiées, direction notre troisième visite : la collégiale Saint Quiriace. Collégiale, qu'est-ce donc ? Cela reste une église, mais confié à un collège de clercs, et donc doté d'un chapitre de chanoines (comme les cathédrales). Celle-ci date aussi du 12e siècle, commandée aussi par Henri le Libéral vers 1160. On détruit la première collégiale devenue trop petite et on reconstruit dessus, mais la mort du comte de Champagne en 1181 ralentit les travaux, le chœur est achevé, la nef ne comporte que deux travées sur huit prévues. Le 16 août 1284, le comté de Champagne tombe dans le domaine royal quand la dernière héritière, Jeanne de Champagne, épouse l'héritier du royaume de France Philippe, futur Philippe IV. Autant dire que le royaume de France a autre chose à foutre que de terminer une collégiale, comme la guerre par exemple. Enfin, au 16e siècle, on se décide à fermer la nef, cela donne une énorme bâtisse tout en hauteur.





J'ai découvert que l'église n'a jamais été terminée, je comprends mieux l'impression de vide à l'intérieur. Et comme elle est tout en hauteur, cela donne une dimension très de vertige. Pour la petite histoire, il n'y avait personne à part nous et des roucoulements de pigeons résonnaient en écho … De là à dire que Dieu nous prend pour des pigeons … Bon, d'accord, je sors !

Et comme on ne chôme pas, direction un autre musée : la Grange aux Dîmes. Ce magnifique bâtiment datant aussi du 12e siècle (Henri le Libéral, tout ça … ) pour les célèbres Foires de Champagne, il servait de marché couvert au rez-de-chaussée, et d'entrepôt au sous-sol. Pourquoi « dîme » ? A la Renaissance, on y déposait l'impôt sur les récolte, la dîme donc. A l'entrée, on vous donne un audioguide très intéressant pour comprendre les différentes scènes. En effet, le musée reconstitue différents marchands du marché, les artisans, avec des statues de cire (comme au bunker de La Rochelle ou dans les War Rooms) en habits d'époque, dans des positions de travail, expliquant leur rôle, les techniques de travail : le changeur, les marchands italien et flamand, le marchand de drap, le tailleur de pierre … On s'imagine assez bien la vie des Foires de Champagne de l'époque, l'audioguide est très bien fait et instructif.





Avec le pass, nous avions réservé une visite des souterrains à 16h, il nous restait un petit peu de temps alors nous avons pris le temps de flâner un petit peu et surtout voir les remparts de la ville. Comme beaucoup de villes, elles ont été détruites avec le temps, mais il reste quelques portes et des fortifications à l'ouest de la ville. Il reste environ un kilomètre dans la ville haute, sur les cinq existants à l'époque. On croise aussi de jolis bâtiments, des maisons à pans de bois, on sent vraiment que la ville est vraiment ancienne, qu'elle a une âme.






Le clou de la journée a été les souterrains de l'Hôtel Dieu. La bâtiment a été l'ancien palais de la Comtesse de Champagne, sans doute la princesse Marie de France, épouse de … allez, vous le connaissez maintenant … Oui, Henri le Libéral ! Ensuite, il devint un hôpital, enfin davantage un mouroir pour les mendiants et les plus pauvres. Et pourquoi y a t'il des souterrains ? A la base, il s'agissait de carrières pour sortir de terre à foulon, servant au foulage de la laine. Au Moyen Âge, les draps de Provins étaient réputés dans toute l'Europe. Il existait plusieurs carrières, donc plusieurs souterrains qui ne rencontraient jamais, ils ont été réunis sans doute au 19e siècle. Bon, visiter des souterrains vides, cela n'est pas très glossy glossy, même si des marchands entreposaient leurs marchandises, mais vu qu'il n'y en a plus non plus … Non, le plus intéressant reste la présence de franc-maçons ! N'oubliez pas que cette société secrète était illégale et donc interdite. Mais à part ça, ils écrivaient leurs noms sur les murs, pépouze.








Il y a tellement à voir, des églises, une roseraie, mais aussi des spectacles durant la haute saison avec des chevaliers, des faucons, des costumes … Bref, la ville est superbe, je pense que j'y retournerais un de ces quatre, pourquoi pas pendant un événement comme les Médiévales de Provins, histoire de profiter davantage de l'ambiance.


Pour notre visite, nous avons payé un pass 12€ (8,5€ tarif étudiant) pour les quatre grandes visites, c'est à dire la Tour César, le Musée du Provinois, la Grange aux Dîmes et une visite guidée des souterrains, et cela vous donne des réductions pour les spectacles et autres attractions de la ville. Si vous aimez visiter, cela vaut largement le coup !  

3 commentaires:

  1. J'avais beaucoup entendu parler de ce petit village médiévale et je voulais y aller quand j'habitais à Paris, mais je ne savais pas comment m'y rendre.. J'ai abandonné. Dommage ! Donc merci beaucoup pour cette belle promenade !

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    1. J'avoue, c'est un peu le parcours du combattant quand on n'a pas de voiture. Sinon, je te conseille Reims, je pense que c'est plus simple d'accès de manière générale ;)

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  2. Ouwahou ! Merci pour ce bel article !
    Venir de Paris ? Il y a plusieurs solutions : il y a la gare SNCF de Provins, depuis la gare de l'Est, des bus depuis la gare RER de Chessy Marne-la-Vallée (ligne 50), en excursion avec ParisCityVision... Rendez-vous sur notre site provins.net, dans la rubrique "Comment venir" ou contactez-nous par téléphone au 01 64 60 26 26. Nous sommes ouverts tous les jours !

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