Le Louvre-Lens est une
curiosité que je voulais visiter depuis longtemps, sans avoir eu
l'occasion ou la motivation. Mais cette exposition sur les frères Le
Nain, peintres du 17e siècle, et la motivation d'une excursion entre
amies sur les terres du Nord m'ont fait prendre mon billet de train
direction les Hauts de France, à Lens. Et j'en sors ravie de cette
exposition intéressante, bien faite et faisant réfléchir le
spectateur souvent passif devant des toiles. Je parlerais du musée
en lui-même une autre fois, commençons par soulever ce mystère Le
Nain …
Cette exposition part de
nul part : un concours sur Instagram où j'ai taggé Vague Culturelle, et inversement. Même si nous avons perdu, elle m'a
proposée d'y faire un tour. Il n'en faut pas beaucoup : un
musée et une amie, me voici direction Lens
pour une journée culturelle. Depuis Paris gare du Nord,
un TGV part toutes les deux heures pour Lens, pour 1h10 de
voyage. Personnellement, avec ma carte Weekend, je m'en suis tirée
pour 30€ Aller-Retour, ce qui est correct. Sur place et après
l'arrivée d'Emma, nous avons pris la navette gratuite (toutes les
20 minutes), direction le musée. Cela permet de ménager ses
pieds, de découvrir le paysage et d'arriver assez vite à
destination.
Je parlerais du musée
dans un autre article, car il le mérite, mais nous avons commencé
par l'exposition, sur « Le Mystère de Le Nain ».
Mais qui est, ce Le Nain ?
Présentation des frères Le Nain
Oui, il n'y a pas un mais
trois Le Nain, car il s'agit de trois frères
originaires de Laon dans le Nord Pas de Calais (ou des Hauts de France selon la nouvelle région) : Antoine,
Louis et Mathieu. Le
mystère annoncé se retrouve sur deux plans : leurs vies et
leurs œuvres. Car pour leurs vies, on ne sait pas grand-chose, à
part qu'ils viennent de Laon, ont été formé par un artiste
flamand dont le nom reste inconnu. Ils arrivent à Paris en 1629
car l'aîné, Antoine, est
« maître peintre » et ouvre un atelier avec ses
deux cadets. Ils peignent essentiellement des scènes de vie
quotidienne, la vie paysanne avec beaucoup de clair-obscur, façon
Rembrandt ou Caravage. Mais bien sûr pas seulement,
l'exposition montre aussi des portraits, des scènes religieuses,
d'extérieur … Bref, les frères ont une grande production, environ
2.000 œuvres en tout.
En 1648, les trois
frères deviennent membre de l'Académie
royale de peinture et de sculpture, mais ni Antoine
ni Louis n'en
profitent car ils meurent à deux jours d'intervalle, les 23 et 25
mai, à cause d'une épidémie. Mathieu vit
jusqu'en 1677, devient chevalier de l'Ordre de Saint-Michel en
1662, se fait appeler « Sieur de la Jumelle » avant que
l'on découvre qu'il n'a aucun titre et se fait jeter de l'Ordre !
Oubliés durant le 18e
siècle, les frères Le Nain
redeviennent à la mode avec le courant réaliste, avec notamment
Gustave Courbet. Aujourd'hui, et c'est notamment ce qu'a voulu
faire le Louvre-Lens, il s'agit de mettre en lumière le savoir-faire
de chacun des frères, retirer les œuvres qui ne sont pas de leur
production et toujours chercher les leurs.
Le déroulé de l'exposition
Après une chronologie et
quelques œuvres de présentation, dont L’Allégorie de la
Victoire de Mathieu Le Nain, l'exposition se découpe en cinq
salles distinctes. Les trois premières s'attachent à montrer les
œuvres de chacun des frères.
Cela commence par Louis
« un génie méconnu ? » où l'on
voit ses peintures de scènes de genre, le plus connu en la matière
et pourtant le moins cité dans les sources anciennes. Louis
Le Nain a un style se rapprochant des peintures
hollandaises de l'époque, avec la vie paysanne ou religieuse, des couleurs
classiques avec quelques touches d'un rouge brique, et aussi ce
clair-obscur.
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Les joueurs de cartes, Louis Le Nain, vers 1640 (Collection Queen Elizabeth II) |
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L'adoration des bergers, Louis Le Nain |
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Madeleine pénitente, Louis Le Nain, 1643 (collection particulière) |
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Portrait d'Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, Antoine Le Nain 1638-40 (collection particulière) Focus à gauche et la place qu'il prenait sur le mur à droite. |
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La réunion musicale, Antoine Le Nain, 1642 (Musée du Louvre) |
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Le bénédicité, Antoine Le Nain, 1645 (Pittsburg Museum) |
Le plus jeune,
Mathieu « l'ambitieux » a l'envie de
réussir. Comme je l'écrivais ci-dessus, il est reçu dans l'Ordre
de Saint-Michel avant d'en être jeté, faute d'avoir pu prouver sa
noblesse. Peintre ordinaire de la ville de Paris, Mathieu
Le Nain possède des sources éclectiques, et l'on voit
des peintures mythologiques, religieuses et aussi de genre dans sa
production.
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Le Joueur de flageolet, Mathieu Le Nain, 1645 (Victoria & Albert Museum) Si vous regardez bien le mur derrière les personnages, on devine un portrait ... |
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Le Concert, Mathieu Le Nain, 1655-60 (Musée d'Art et d'Archéologie de Laon) |
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Le cortège du bœuf gras, Maître des Cortèges vers 1650 (Musée du Louvre) Ce tableau était considéré autrefois comme un Le Nain |
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L'Académie, Anonyme, vers 1640 (Musée du Louvre) |
J'aime quand les
expositions demandent une certaine attention, propose au visiteur de
réfléchir, de donner son avis, ou au moins d’émettre un avis en
tant que néophyte. J'apprécie aussi de voir le travail de recherche
derrière, lorsqu'on montre que les toiles servaient à plusieurs
peintures, ou comment les historiens de l'art en ont conclu que tel
tableau ne pouvait pas être un Le Nain …
Si vous passez par Lens
avant le 26 juin, ou si vous êtes tenté(e) sans savoir trop
quoi en penser, voici mon avis en un mot : foncez ! Une
exposition intéressante, riche, moderne, bien pensée et pas juste
une succession de tableaux en mode « oh la la trop beau »
dont certains musées ont l'art de faire. La Galerie du Temps est
aussi à faire en complément de visite, mais je vous en parlerais
dans un prochain article ♥
99, rue Paul Bert 62300
Lens
10-18h (fermé le mardi)
Tarif plein : 10€
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