Madame
de Pompadour, Jeanne Poisson de son vrai nom, a bouleversé le règne
de Louis XV. Sans elle, tout aurait été différent, à commencer
par le roi lui-même. Maîtresse, mécène, intendante des plaisirs,
confidente du roi … La marquise de Pompadour a marqué les esprits
et reste une des plus flamboyantes favorite royale à ce jour. Et
elle l'est jusque dans sa mort, puisqu'elle meurt au château de
Versailles, privilège seulement accordé au roi et à la famille
royale. Nous allons en parler aujourd'hui, peut être reviendrai-je
un jour sur sa vie si riche, digne d'un roman …
Depuis
quelques semaines, la marquise de Pompadour
se plaignait de l'humidité et la fraîcheur de ses appartements
situé au rez-de-chaussée du château de Versailles. Ah, que ses
petits appartements au second étage étaient agréables, plus facile
à chauffer, plus lumineux aussi. Et pour les avoir visités, je peux
vous confirmer que l'on s'y sent très bien. Mais là, tout est bien
trop grand pour l'ancienne favorite devenue l'amie du roi. A 42 ans,
elle se sent déjà fatiguée par les intrigues de la Cour et tout le
travail, il ne faudrait pas non plus que sa santé décline. Et elle
en a vécu des choses !
Pourtant,
on n'en attendait pas autant de sa personne ! Née à Paris en
1721, Jeanne-Antoinette Poisson,
fille de François Poisson, écuyer de Philippe II
d'Orléans, Régent du royaume, et de Madeleine de la Motte,
femme de bonne famille, connaît une enfance assez mouvementée :
son père est condamné à l'exil, elle est confiée au Couvent des
Ursulines pendant trois années avant que sa mère la sorte et
s'occupe de son éducation. Jeanne Poisson se voit éduquée avec
soin pour les arts (dessin, chant, musique, peinture … ) mais aussi
pour l'art de la conversation, de la déclamation et continue à
étendre ses qualités dans le salon littéraire de Madame de
Tencin. Elle aurait pu continuer une vie de femme parisienne
classique puisqu'elle épouse à 20 ans Charles-Guillaume
Le Normant d'Étiolles, neveu de l'amant de sa mère, et
avec qui elle a deux enfants. C'est une jolie femme « svelte,
aisée, souple, élégante ; son visage était d'un ovale parfait,
ses cheveux plutôt châtain clair que blonds. Ses yeux avaient un
charme particulier, qu'ils devaient peut-être à l'incertitude de
leur couleur. Elle avait le nez parfaitement bien formé, la bouche
charmante, les dents très belles, un sourire délicieux, la plus
belle peau du monde » déclare le lieutenant des
Chasses de Versailles.
Mais
comment cette jeune femme a t'elle pu rencontrer Louis
XV ? C'est très simple, et aussi improbable :
le couple possède le château d'Etiolles, à proximité de la forêt
de Sénart où le roi aime chasser. Et tout s'enchaîne puisqu'ils se
rencontrent au bal masqué donné à Versailles le 25 février
1745, le fameux bal où Jeanne se trouve en Diane chasseresse et
lui en If. Ils se revoient puis Jeanne
vient rendre visite régulièrement à Louis
XV qui finit par l'installer au château de
Versailles, dans un petit appartement au second étage, juste
au-dessus du sien. Très rapidement, Madame Le Normant d'Etiolles
devient la marquise de Pompadour, ainsi que la maîtresse,
puis favorite du roi. Son crédit auprès du souverain ne cesse de
grandir, puisqu'elle fait disgracier le ministre Maurepas, négocie
le mariage du fils unique de Louis XV,
place son frère comme Directeur général des Bâtiments du Roi
(il aménage notamment la place Louis XV, devenue place de la
Concorde). Je vais passer très vite mais la relation entre les
deux amants évoluent très vite, Madame de
Pompadour n'est pas vraiment adepte des plaisirs de la
chair, leur relation tourne au platonique et à l'amicale, et Jeanne
devient davantage une intendante des plaisirs du roi en organisant
des fêtes, des représentations théâtrales, et aussi se charge de
lui trouver des filles, et fait créer le controversé parc aux
Cerfs.
![]() |
Marquise de Pompadour, par François Boucher, 1750 (Harvard Art Museums) |
Pendant
presque vingt ans, la marquise de Pompadour
doit gérer la mélancolie chronique de Louis
XV, entretenir des relations politiques, faire face aux
cabales de la Cour, voit sa fille unique mourir, augmente son
patrimoine avec l'acquisition – entre autre – de l'hôtel
d’Évreux, aujourd'hui Palais de l’Élysée … De santé
fragile, cela ne s'améliore pas au fil des années, davantage dans
ces appartements du rez-de-chaussée comme je vous en parlais au
début. Depuis janvier 1764, la marquise ne cesse de tomber
malade, enchaîne une fluxion de poitrine, une fièvre militaire,
s'en sort, mais rechute au début du mois d'avril et se tient au plus
mal. Louis XV continue de la
visiter mais tous sentent que c'est la fin. Le dimanche 15 avril
1764, Jeanne de Pompadour se
confesse et reçoit l'extrême-onction par le curé de la Madeleine
de la Ville-l’Evêque, elle s'assoupit un instant, mais demandé à
l'homme d'église de rester auprès d'elle, pour partir ensemble. A
19h30, Jeanne-Antoinette Poisson,
devenue marquise de Pompadour, puis même duchesse de Menars s'éteint
donc au sein du château de Versailles, seulement réservé à la
famille royale.
Selon
son ami le duc de Croÿ « Elle ne montra jamais de
regret de quitter la vie, témoigna la plus grande fermeté et
tranquillité » Son corps est transporté à l'Hôtel
des Réservoirs, résidence de la marquise juste à côté du château
(on y accédait par un couloir ouvert), où son corps est veillée
dans une chapelle ardente durant deux jours. Le lendemain, le 16, un
service funèbre solennel est célébré à Notre-Dame de Versailles,
avec un cortège conduit par cent prêtres et 24 enfants de chœur,
avec 8 porteurs à bras pour le cercueil, suivi 42 domestiques en
livrée de deuil portant des cierges et 72 pauvres en manteau noir.
Le
surlendemain de sa mort, le mardi 17 avril, un corbillard
décoré d'une couronne de duchesse et tiré par six chevaux quitte
l'Hôtel des Réservoirs, part de la place d'Armes à 18 heures
jusqu'à Paris. Il fait un temps affreux, avec pluie et grand vent,
mais Louis XV sort sur son balcon
face à l'avenue, avec avec son premier valet de chambre Champlost,
il pleure et dit « voilà les seuls devoirs que j'aie pu
lui rendre ». La marquise est ensuite inhumée dans le
couvent des Capucines, aux côtés de sa mère et de sa fille. Le
couvent a aujourd'hui disparu et jamais n'a été retrouvé le
tombeau de la grande favorite, situé aujourd'hui aux alentours du 3
rue de la Paix.
C'est plutôt triste de parler de sa mort mais tu expliques des détails que je n'ai même pas lu dans un roman historique que j'ai lu récemment sur sa vie : "Reine des Lumières" de Karin Hann. Bravo pour cet article !
RépondreSupprimerJ'adore ce portrait également :-D Je ne l'avais jamais vu (j'aimerai tellement posséder un tel bracelet). Ton blog m'apporte toujours quelque chose !
Oh je note l'ouvrage ! J'aime tellement Madame de Pompadour, le règne de Louis XV aurait été si fade sans elle. J'avais écouté une émission 'Au coeur de l'Histoire" où il y a certains détails, plus sa biographie par Robert Muchembled :)
SupprimerJe suis très touchée par tes compliments en tout cas :)
J’adore très bel article.
RépondreSupprimerTu sais très bien expliqué l’histoire et nous y plonger.....j’apprends beaucoup de choses ;-)