Le château de Monte
Cristo est un petit bijou perdu au fin fond de l'Île de France,
qu'il faut mériter de visiter, surtout quand on ne possède pas de
voiture. Mais cela vaut tellement le coup qu'il serait dommage de ne
pas tenter sa chambre. Nous partons donc pour le truculent
dix-neuvième siècle, au cœur de la vie d'un auteur de génie :
Alexandre Dumas. Suivez moi !
Vous ne le savez peut
être pas, mais j'adore Alexandre Dumas.
Les Trois Mousquetaires a été mon premier roman classique,
puis j'en ai dévoré d'autres depuis, notamment Le comte de Monte
Cristo, La reine Margot, Les Quarante-Cinq, La dame de
Monsoreau … J'aime cette plume vive, la description ni trop peu
ni pas assez, une intrigue bien ficelée et surtout une immersion
dans l'époque choisie. J'aurais toujours des réserves sur La
reine Margot, mais comme il le dit lui-même « on
peut violer l'Histoire à condition de lui faire de beaux enfants. »
Alors je lui pardonne un peu. Quant à son château, cela faisait
longtemps que je voulais le visiter sans en trouver le courage. Puis
un beau jour de mai, je me suis lancée !
Quel périple pour
visiter la demeure d'Alexandre Dumas ! Depuis Paris, j'ai
pris le RER A jusqu'à Saint Germain en Laye – où j'ai fait coucou
au musée d'archéologie ♥ – et j'ai pris un bus (le 259, mais
il y en a d'autres) puis j'ai marché une dizaine de minutes dans des
rues en pente, puis dans un chemin de terre avant de passer les
grilles de l'entrée. D'ailleurs, on ne voit rien depuis l'accueil,
juste des arbres. Voir Dudu (oui c'est son petit surnom que je lui ai
donné) se mérite. Mais d'ailleurs, on en parle un peu de ce
château ?
Petit historique
Je ne vais pas vous faire
l'affront de vous présenter Alexandre
Dumas. Écrivain et dramaturge du 19e siècle, il est
derrière beaucoup de romans historiques, comme ceux que je vous ai
cité plus haut, et beaucoup de pièces de théâtre, peu jouées
aujourd'hui. Grand aventurier et fin gourmet, cet homme cumule tous
les talents. En 1846, il construit son propre théâtre boulevard du
Temple, et achète des terres à Port-Marly pour faire construire ce
flamboyant château. Inauguré en 1847, Dumas le revend rapidement à
cause de la faillite de son théâtre. Mais quelle demeure
flamboyante ! Il charge l'architecte Hippolyte Durand de
lui construire un petit château de deux étages dans un style
néo-renaissance, avec des motifs floraux, des anges et le blason de
sa famille surmonté de sa devise « J’aime qui m’aime ».
Il commande aussi un cabinet de travail baptisé château d'If, dans
un style néo-gothique. Ici, Dumas mène grand train à base de
fêtes, de festins de femmes, évidemment.
Alexandre
Dumas n'y vit que peu de temps, le château passe de main
en main, mais dans les années 60, il est à l'abandon. L'histoire
Alain Decaux fonde la Société des Amis d'Alexandre Dumas
(SAAD) et le sauve de la ruine. Géré par les différentes
communes alentours et la SAAD, le château de Monte Cristo a
bénéficié de nombreuses restaurations, dont une l'année dernière.
Quant à Dumas, il part en Belgique pour fuir ses créanciers,
puis en Italie où il soutient Garibaldi et travaille à
Naples comme directeur de musée. Il rentre ensuite à Paris et finit
sa vie à Puys, où il meurt le 5 décembre 1870. Aujourd'hui, son
corps repose au Panthéon.
Ma visite
On commence par les
jardins, un parc à l'anglaise un peu sauvage, où l'on croise des
grottes. Cela est typique des parcs romantiques du 19e siècle, et
Dumas disait qu'il avait là «
une réduction du paradis terrestre », c'est dire !
Mais pendant la promenade, on voit à peine le château, le toit de
façon rapide à certains endroits, mais il se mérite.
La première surprise
vient du château d'If, ce petit
palais néo-gothique, qui n'a rien à voir avec le véritable porteur
du nom, magnifique avec tous les noms de romans et personnages de
Dumas. On ne peut pas y entrer mais la porte ouverte nous
donne un aperçu de là où l'auteur travaillait. J'adore ce petit
lieu paisible, avec vue sur les arbres et la verdure, je comprends un
peu mieux l'inspiration.
Puis enfin, il apparaît.
Le château. Petit et pourtant majestueux. Atypique au point d'en
être que plus beau encore. Pas vraiment un château, davantage un
manoir, une demeure excentrique. J'ai du rester presque dix minutes
en plein soleil à l'examiner, à l'admirer avant de descendre les
marches pour le voir de plus près, qu'il m'écrase de sa hauteur,
que je puisse apercevoir les détails, le travail titanesque sur les
façades et aimer davantage le bonhomme. Maintenant il faut entrer.
Le château est assez
petit, environ quatre ou cinq pièces par étage. Par contre
n'attendez pas à un château de vie, il s'agit d'un musée sur
Alexandre Dumas, on ne voit pas
de meubles comme cela aurait pu l'être à l'époque, mais chaque
pièce montre une dimension du personnage. Le rez-de-chaussée se
concentre sur l'homme, son histoire, sa famille, mais aussi les
femmes de sa vie. Et il en a eu des femmes, ainsi que des enfants
naturels ! On observe donc des portraits de famille, des
enfants, un mur où sont classés les portraits de ses maîtresses
connues et il faut avouer que c'était un sacré coureur ! La
salle à manger laisse place à l'autre passion de Dumas :
la gastronomie. Il a d'ailleurs écrit le Grand dictionnaire de
cuisine, qui sera publié après sa mort en 1873. La dernière pièce
montre l'homme de théâtre.
Le premier étage est
davantage consacré à sa carrière d'écrivain, sur l'impact de ses
romans (à l'époque, des romans-feuilletons en de nombreux
épisodes, d'où les chapitres courts), notamment Les Trois
mousquetaires ! Mais on découvre aussi une facette méconnue
de Dumas : sa passion pour les voyages. Je vous ai dit
qu'il a été en Belgique et en Italie, mais aussi en Russie (et
là, je fais un petit coucou à Vague Culturelle et sa folie russe),
en Espagne ou en Tunisie. Des documents montrent ses voyages épatants
pour l'époque. Et le clou de cet étage est un magnifique salon
mauresque, tout en arabesque sculpté dans du stuc. Rien à voir avec
le reste de l'architecture, on en reste bouche bée !
Au dernier étage se
trouvait une exposition (je ne sais plus si elle était temporaire ou
non) sur Dumas et la pop culture. On se rend compte que
l'auteur traverse les époques et reste autant d'actualité car de
nombreuses bandes dessinées et comics ont inséré des personnages
de ses romans. On y trouve Batman et d'Artagnan, les Trois
mousquetaires avec Robin des Bois mais aussi des bandes dessinées où
Athos, Porthos, Aramis et d'Artagnan sont les héros, voire même
Edmond Dantès ! Amusant et ludique, j'ai trouvé cela vraiment
intéressant et sympathique.
J'ai vraiment adoré cet
endroit, même si Alexandre Dumas
n'y a pas vécu longtemps, on sent les murs imprégnés de sa
présence. Et il est toujours intéressant de découvrir la vie d'un
grand auteur, surtout quand on l'aime autant que moi ! Après,
il est de bon ton de flâner dans le parc, ressortir tranquillement,
et puis, se dire que ce serait bien de relire ses œuvres. Quelques
temps plus tard, j'ai dévoré à nouveau Les Trois Mousquetaires, et
je vais faire Vingt Ans Après puis le Vicomte de Bragelonne ♥
J'espère vous avoir
donné l'envie de visiter le château de Monte-Cristo et n'hésitez
pas à venir en parler en commentaire, que ce soit du lieu en
lui-même ou de son célèbre propriétaire !
Château de
Monte-Cristo
78560 Le Port-Marly
Tarif : 7€
Fermé le lundi en haute
saison
Un lieu vraiment magnifique et qui correspond totalement à l'idée que je me fais de Dumas, qui était quand même un sacré personnage ! Très belles photos... ;)
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