jeudi 18 janvier 2018

Cité de Carcassonne, un Moyen Âge retrouvé


Pour terminer l'année 2017, je me suis baladée dans la cité médiévale de Carcassonne et j'ai parcouru ses remparts. Une cité fortifiée, laissée à l'abandon et sauvée au 19e siècle au cœur de la région Occitanie, une parfaite balade sous le soleil occitan et prendre un peu l'air. Riche en histoire, un peu oubliée au profit d'une attraction touristique de masse, nous partons sur les terres des Trencavel, avec des cathares puis bien d'autres encore …


J'ai découvert Carcassonne il y a trois ans, par une belle journée d'octobre, et j'avais apprécié les lieux, je voulais y retourner, avec un peu plus de connaissances sur l'époque et la région pour le voir sous un autre œil, en me disant naïvement qu'il n'y aurait peut être personne un 31 décembre. Pour cela, c'est raté, il y avait foule, notamment des touristes espagnols (je vous en reparlerais plus tard), mais le beau temps était au rendez vous, cela ne pouvait être qu'une bonne journée. Mais avant de parler du lieu, intéressons nous à son histoire. Pourquoi la cité de Carcassonne est-elle aussi connue ? Que s'est-il passé par ici ?

Historique de la Cité


Comme toujours dans la région, les romains sont passés par là, et de l'oppidum de Carcaso, on passe à une cité gallo-romaine prospère. Mais les premiers remparts datent du 3e siècle après JC, seulement ça n'empêche pas la cité d'être prise par n'importe qui passant dans la région. Les Wisigoths la prennent puis la perdent face au Francs avant de la reperdre, ainsi de suite pendant plusieurs siècles. C'est ensuite autour des musulmans de s'en emparer en 725, avant que les Francs ne la reprennent en 752. Après, cela restera un peu plus tranquille.

A partir du 11e siècle, la famille Trencavel prend possession des terres, donnant lieu à un vaste territoire de Nîmes à Carcassonne. Pendant plus d'un siècle, la famille fait prospérer la cité de Carcassonne, renforce ses défenses avec de véritables fortifications, dynamise la ville, fait construire le château et la cathédrale St Nazaire. Tout irait pour le mieux si la montée de la religion cathare ne faisait pas grincer des dents le Pape et la chrétienté. Le catharisme ? Pour faire simple, c'est un mouvement religieux chrétien et prône un retour aux premiers temps du christianisme, avec une vie pauvre et rejette en bloc l’Église romaine, imparfaite et ne respectant pas les idéaux du Christ. Et la papauté n'aime pas trop qu'on la critique, alors le Pape Innocent III lance une croisade en 1208, c'est ce qu'on appelle la croisade des albigeois. Parmi les épisodes les plus connus, on peut citer le sac de Béziers en 1209 ou encore Castelnaudary, puis plus tard Montségur et son bûcher de plus de deux cents cathares. Mais revenons à Carcassonne, car la cité est assiégée le 1e août 1209 et les terres sont données à Simon IV de Montfort. Ce dernier meurt en 1218, son fils Amaury le succède, mais Raimond II Trencavel, aidé du comte de Toulouse, arrive à le chasser et reprend droit sur sa cité. Là, le roi de France Philippe Auguste s'en mêle et lance une nouvelle croisade en 1226. Hop, Trencavel fuit, Carcassonne est intégré au domaine royal et on en profite pour brûler des cathares dans la région, histoire d'imposer le respect. Le bordel continue sous Louis IX, car Trencavel tente de récupérer ses terres, avec une petite armée, mais ça rate encore une fois. Enfin, un peu de paix pour la cité.

A partir de là, Carcassonne ne sera presque plus attaquée, mais les derniers capétiens directs, notamment Philippe IV le Bel, se chargent de moderniser la cité et de conserver ses remparts intacts, sait-on jamais. N'oublions pas que le royaume d'Aragon, qui sera après l'Espagne, n'est pas très loin, et eux aussi construiront des forteresses, notamment Salses, alors autant rester en alerte. Mais à partir de là, la cité perd de son importance, elle devient un peu une prison au 15e siècle, subit les épidémies de pestes au 16e siècle et devient une place forte des catholiques durant les guerres de religion.

Le 17e siècle marque le déclin de la cité, au profit de la ville basse et d'autres villes alentours. A partir de la signature du traité des Pyrénées en 1659, les frontières sont repoussées jusqu'aux frontières actuelles et la ville ne prospère que par l'industrie drapière mais se dégrade lentement au cours du 18e et 19e siècle.



 Au cours de la Monarchie de Juillet, puis du Second Empire, des voix s'élèvent pour sauver ce patrimoine, en premier lieu Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, notable et historien, l'inspecteur général des monuments historiques Prosper Mérimée, puis l'architecte. Eugène Viollet-Le-Duc, connu entre autre pour le château de Pierrefonds. L'empereur Napoléon III autorise la restauration de la cité en 1853 mais ce sera un chantier titanesque, qui ne finiront qu'en 1913, bien après la mort de tous les protagonistes, et encore, seulement 30% de la cité est restaurée.

Depuis 1997, la cité de Carcassonne est inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco et reçoit plus de deux millions de visiteurs chaque année ! Comme quoi, on peut avoir presque un millénaire, connaître des déboires et renaître de ses cendres !

Ma visite


Ce n'était pas une découverte, j'avais déjà visité Carcassonne il y a environ trois ans. J'avais apprécié l'endroit, nous étions fin octobre, il n'y avait presque personne, un grand soleil avec des températures douces, parfait pour visiter. Je pensais innocemment revivre la même chose en ce 31 décembre. Alors oui, il faisait beau, mais beaucoup de vent (après tout, nous sommes dans l'Aude ! ) et surtout beaucoup de gens. Vous commencez à me connaître, je n'aime pas vraiment la foule, encore moins durant les visites.

J'apprécie toujours l'endroit, je le trouve beau, et les promenades sur les remparts me font toujours un bien fou, à l'air libre, avec une vue imprenable sur la région. Je comprends mieux l'emplacement de la cité, en hauteur, presque imprenable et avec vue sur l'ennemi à perte de vue, c'est idéal.


















Et si j'aime bien cet endroit, je le trouve assez vide. Et les quelques objets montrés ne sont pas bien mis en valeur, et surtout pas protégés. Ah, il faut que je vous raconte cette anecdote : une famille de touristes espagnols ont décidé de se prendre en photo avec un tombeau d'un chevalier datant du 13e siècle, jusque là. Mais POURQUOI toucher le tombeau, pourquoi la gamine a t'elle embrassé le chevalier et pourquoi la grand-mère lui caressait-elle la tête ? Aucun respect pour le patrimoine, je suis restée sciée face à tant de négligence de la part de ces gens, et de tant d'autres … Par contre, j'ai bien aimé l'exposition photo « L'ombre du guerrier » par Benoît Bacou projetée sur les murs. Il s'agissait de photographies d'hommes (et d'une femme) en armures, en guerriers, dans un ton médiéval-fantastique. Certains faisaient très historiques, d'autres plus Seigneur des Anneaux ou Game of Thrones. Très sympathique !




Pauvre tombeau, touché de partout ...








Je dois l'avouer, je ne suis pas une grande admiratrice de Viollet-le-Duc. J'admire ses dessins magnifiques, ses croquis sont d'une précision et d'une beauté, on ne peut qu'admirer. J'aime sa passion pour ce qu'il entreprend et l'envie de bien faire. Mais j'aime rarement le résultat, je trouve que cela fait toujours « le Moyen-Âge vu par le 19e siècle ». Il est encensé aujourd'hui, mais si cet architecte ferait pareil de nos jours, on crierait au scandale ! Ce n'est pas que lui bien sûr, on a redécouvert le Moyen Âge durant le 19e siècle et on a voulu le réinterpréter, le magnifier selon les codes de moment. Si cela passe dans la peinture ou le mobilier, j'aime moins ce que ça rend en architecture. C'est moins flagrant à Carcassonne, je pense surtout à Pierrefonds qui a davantage l'air d'un château de conte de fées que d'une restauration d'un château médiéval, qui avait pour principal but d'être défensif. Je le trouve beau, cela n'empêche pas, mais pas historique.


Je critique mais j'aime bien cet endroit malgré tout, j'y ai passé un bon moment, mais à choisir dans la région, je retournerais à Salses ou Aigues Mortes. Mais si vous ne connaissez pas, c'est tout de même à voir, et je suis sans doute un peu (beaucoup) chiante !  

2 commentaires:

  1. Merci pour tes photo et ton article super intéressant !
    Moi j'avais vraiment trouvé ça touristique. Comme tu dis avec les touristes qui n'ont de respect pour rien... mais malgré tout j'avais fait une espece de chasse au trésors ce qui m'a permis de passer outre !

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    1. Merci beaucoup :)
      La chasse au trésor devait être sympa ! Il y a tellement à faire dans ce lieu, des choses intéressantes, mais bon vu que les gens viennent quoi qu'il se passe, pourquoi se fouler ?

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