Rosenborg Slot, l'écrin du passé

On va passer sous silence mes longs jours d'absence pour se concentrer sur une nouvelle visite. Pendant cinq jours, je suis partie avec des amis (dont Cécile et son blogvoyage) au Danemark, à Copenhague précisément ! Une ville absolument fantastique, que je vous conseille particulièrement, davantage si vous aimez l'architecture et l'histoire. Car dans un pays qui n'a subi ni révolutions ni destructions nazies, bon nombre de vieux bâtiments mais aussi des trésors sont toujours visibles. Je vous ferais peut être plusieurs articles sur mes différentes visites, mais si je ne devais en faire qu'un, c'est mon coup de cœur : Rosenborg Slot, un chef d’œuvre du XVIIe siècle. Allez, suivez moi !

Petit historique

Le roi Christian IV (1577-1648), roi de Danemark et de Norvège depuis l'âge de onze ans, est l'un des plus grands rois bâtisseurs du royaume. Une sorte de Louis XIV scandinave pour simplifier. La ville de Copenhague prend forme sous son règne et il est courant de trouver des bâtiments datant de son époque, encore aujourd'hui. Le vieux château médiéval de Copenhague (aujourd'hui détruit, ses ruines subsistent sous Christansborg Slot) n'est plus au goût du jour et le jeune souverain souhaite une résidence d'été, hors de l'enceinte de Copenhague. Il lance les travaux de Rosenborg en 1606, ainsi qu'un jardin, ou du moins un potager au départ. Les travaux durèrent 28 ans où l'idée de la construction changea. Tout d'abord, cela devait être une modeste demeure, avec deux étages et une tourelle avec clocher avec vue sur la ville. Puis on l'agrandit sur la surface, on crée un pont levis, on rajoute un étage, on crée les tourelles en spirales, et enfin l'escalier extérieur, pour plus de pratique. Tout fut prêt juste à temps, en 1634, pour le mariage du prince-héritier Christian avec Magdalene Sibylle de Saxe.

Le rez de chaussée était pour les appartements royaux : la reine Anne-Catherine de Brandebourg (puis sont épouse morganatique Christine Munk) occupait l'aile sud, et Christian IV l'aile nord. C'est dans cette chambre, à Rosenborg, que le souverain est mort le 28 février 1648. Le château reste habité jusqu'en 1710, peu de travaux sont fait durant cette période, par exemple Frédéric III (1609-1670) avait demandé la construction d'une sorte d'ascenseur. Les jardins, quant à eux, sont améliorés. Leur modèle ? Le jardin des Tuileries, à Paris (cocorico). Mais le roi Frédéric IV (1671-1730) préfère la construction de son propre palais, le château de Fredensborg et de faire de Rosenborg un lieu pour abriter les collections royales, ce qui explique l'excellente conservation. Rosenborg a été utilisé comme résidence royale à deux reprises après la désertion, pour deux urgences : après l'incendie de Christiansborg en 1794, et au cours de l'attaque anglaise sur Copenhague en 1801.

Le palais est devenu musée en 1838 et accessible au public. Outre le château et les magnifiques jardins, on peut découvrir au sous-sol les trésors de la couronne danoise. A présent, après ce petit historique, je vais vous parler de ma visite.

Le palais

Le château se découpe donc en trois étages. La visite commence au rez de chaussée par un salon d'hiver (pratique pour une résidence d'été), tout en bois et aux peintures marquetées sur le murs, origine d'Anvers. Nous sommes vraiment dans une des pièces préférées de Christian IV. Un peu sombre certes, exposée au nord, elle n'en est pas moins magnifique, surtout avec cette magnifique horloge de fin XVI siècle, en or et complexe dans sa structure (vous pouvez la voir fonctionner ici ). Dans une des tours, une petite pièce, le bureau, est resté quasi-intact de l'époque XVIIe siècle. La curiosité des lieux, c'est les portraits de femmes sur la partie basse du mur, dommage qu'on nous indiquait pas qui elles étaient. Peut être les maîtresses du roi, car Christian IV avait la passion des dames, une passion commune par bien des monarques …

La visite se poursuit par la chambre du roi. Pas de lit, mais en vitrine les derniers vêtements de Christian IV, en excellent état de conservation. La décoration fut légèrement changée par son fils, Frédéric III, et son épouse Sophie-Amélie de Brunswick-Calenberg, pour un style un peu plus chinois. A noter que la chambre possède ses propres latrines et avait sa propre salle de bains, transformée début XVIIIe siècle en couloir. Un château très moderne tout de même, surtout à une époque où on disait que l'eau pouvait tuer, qu'on se « lavait » en se tapotant le corps de parfum … Bref, tout ceci constituait les appartements privés de Christian IV et sa présence reste encore importante, dans ses meubles et son goût, qu'il avait fort bon.

Je ne vais pas vous faire toutes les pièces, mais il faut que je vous parle de det mørke værelse, alias la pièce sombre, à cause de la construction de la tour. Simple corridor, puis chambre royale, aujourd'hui elle est gardée par … des bustes en cire. Oui, datant du XVIIIe siècle, on peut y voir Frédéric III et Sophie-Amélie à échelle, ce qui donne un côté encore plus glauque à cette pièce … alors pourquoi passe t'on juste après dans un grande salle en marbre ?!!? Peut être pour l'effet de surprise, car ça a marché ! Enfin, ce n'est pas du vrai marbre mais le trompe l’œil est parfait. Et ce plafond en stuc si incroyable, on se croirait dans un palais romain de l'époque baroque.

Après un escalier en colimaçon avec des peintures équestres où les positions des chevaux ne sont pas toujours très naturelles, le premier étage s'offre à nous. Si le rez-de-chaussée reste dans un style purement XVIIe, quelques salles ici ont été modifié pour le goût du siècle suivant. Par exemple la chambre de la princesse, autrefois utilisé par Frédéric III pour des entretiens informels avec des diplomates étrangers, il la fit décorer, en 1663-1665, avec des chinoiseries, de la laque de turquoise et du nacre. Cette chambre deviendra par la suite celle de la princesse Sophie Hedevig, sœur de Frédéric IV. Le premier étage servait principalement aux audiences et au public, Frédéric IV a préféré balayer cela pour en faire une chambre, même si lui-même désertait le château. Pourtant, on doit retenir "La Rose", antichambre de l'époque de Frédéric IV, était utilisée comme une salle à manger pour les dames et les messieurs de la cour, puis par la Loterie royale. On y voit bien le style rococo répandu dans toute l'Europe. Mais le plus intéressant dans cette pièce est la petit logée dans une tour : une salle aux miroirs. Conçue sous Christian V (1646-1699), cette pièce s'inspire de la Galerie des Glaces de Versailles, dans des proportions bien modestes et avec beaucoup, beaucoup de miroirs. Disons le clairement,à part les fenêtres, il y a des glaces partout : murs, sol, plafond, tout en miroir, avec juste un clavecin comme mobilier. Pratique pour regarder sous les jupons des dames !

La suite des pièces de cet étage se fait par ordre chronologique. Ce qui est pratique à cette époque au Danemark, c'est que les rois alternent entre les prénoms Christian et Frédéric. Nous passons donc les pièces consacrées à Frédéric V (1723-1766), puis Christian VII (1749-1808), le fameux roi « fou » dont la femme a eu pour amant Struensee, le médecin et régent, Frédéric VI (1768-1839), Christian VIII (1786-1848) et Frédéric VII (1808-1863). Les rois plus contemporains sont à Amelienborg Slot, si vous voulez tout savoir. Toutes ces salles dans des décors fin XVIIIe sont construites en tant que musée, chaque salle nous renseigne sur son roi avec ses portraits, ceux des épouses, enfants, et tout objet intéressant. Pour l'instant français, on peut noter la présence d'Henri IV et Napoléon Ie parmi les médailles de la salle Christian VII …

Après un tour dans l'escalier, avec toujours ces peintures équestres, le second étage. Il n'y a qu'une grande pièce, une salle de bal sublime, dont le plafond en stuc et les tapisseries montrant les victoires du roi Christian V dans la Guerre de Scanie sont absolument superbes. Mais ce qui attire les regards, ce sont les trônes de l'époque absolutistes, dont deux gardés par trois lions d'argent, symbole du Danemark. Il n'y a plus ensuite qu'à redescendre et pénétrer les sous-sols, découvrir le trésor …

Le trésor

A dire vrai, je n'en avais pas autant pris pleins les yeux depuis Vienne. Autant de préciosités en quelques pièces, c'est juste du bonheur. La première salle regorge d'armes, épées et pistolets, du XVIIe au XIXe siècle. On y trouve même un jeu d'échecs en vermeil pour le futur Frédéric V, normal. La salle d'après se fait plus raffiné puisqu'on entre dans le monde de l'ivoire et l'ambre. Si aujourd'hui l'ivoire est mal vu (ce que je comprends), il faut avouer que les objets fait de cette matière sont sculptées si finement, comme des boîtes à bijoux ou même une maquette de navire ! Après si on aime le vin, la cave à vins de Rosenborg, datant du règne de Christian IV. Pas sûr qu'on puisse les boire mais cela fait une collection de haute volée !

Mais le vrai trésor, il faut encore descendre dans les tréfonds du château pour le découvrir, après avoir passé une énorme porte blindée, comme ceux des coffre-forts. Là, tout n'est qu'or, pierres précieuses à volonté, de quoi s'en faire mal aux yeux. On y découvre l'épée de Christian III (1503-1559), l'ordre de la Jarretière de Christian IV, une corne en or, puis en descendant, on en prend encore plus dans les yeux ! Parce, BOUM, la couronne de Christian IV, datant de son couronnement en 1596 ! On tourne les yeux et là se trouve la copie de la constitution absolutiste du Danemark, en argent, servant pour les couronnements jusqu'à la fin de la monarchie absolutiste danoise, en 1849.

Vous en voulez encore ? Les joyaux de la couronne ! Suite à la volonté de la reine Sophie-Madeleine, épouse de Christian VI (1699-1746) en 1746 de transmettre ses bijoux au reines suivantes, la collection s'est agrandie avec les années. On peut donc y voir des parures de bijoux absolument somptueuses. Puis le clou du spectacles sont ces deux couronnes absolutistes crées sous Christian V en 1670. Autant dire qu'on en prend pleins les mirettes et on s'imagine avec ces sublimes bijoux, que la reine actuelle, Margarethe II peut encore porter lors des cérémonies officielles.

Jardin

Le Kongens Have, traduit par les jardins du Roi, est un parc ouvert entourant Rosenborg. Comme un parc municipal, il attira les touristes mais aussi les habitants qui viennent y pique-niquer, jouer ou bronzer. Nous avons fait pareil, un pique-nique à l'ombre de cette grande étendue d'herbe, avec vue sur une statue d'Andersen, figure locale de Copenhague. Ce jardin, construit sous Christian IV, puis abandonné au XVIIIe siècle a subi des modifications à sa réhabilitation au XIXe siècle. Nous n'avons pas fait tout le tour, mais le jardin abrite plusieurs pavillons, comme celui du jardinier ou des gardes royaux.

Si le jardin est essentiellement constitué de parterre de pelouses entrecoupés de chemins arborés, deux endroits se dégagent du reste : un jardin de rose, style jardin à la française avec cette découpe géométrique, ces fleurs de couleurs qui sentent bon. Mais aussi un bosquet romantique où une gloriette centrale avec des roses grimpantes en est le summum.

Conclusion

Mon gros coup de cœur de Copenhague, ce petit écrin d'époque avec tous ces trésors, cette architecture presque féerique, ces joyaux et ce merveilleux jardin, je pense qu'il est vraiment un incontournable ! Surtout que maintenant, il est au cœur de la ville. Si vous avez de la chance, vous aurez peut être ce surveillant-guide passionné, qui nous a raconté quelques anecdotes bien sympathiques sans qu'on lui demande. Entre passionnés d'histoire, on doit se reconnaître à travers le monde !

Attention néanmoins, les châteaux et musées danoises ferment assez tôt, alors si vous vous y rendez, faites un petit planning. La preuve, ça nous a bien réussi et on a vu presque tout ce que l'on voulait ! En haute saison (juin-août), Rosenborg ouvre de 10h à 17h, il coûte 90DKK (environ 12€) mais est inclus dans la Copenhagen Card si vous êtes friand de visites, surtout qu'avec cette carte, les transports sont gratuits.

Avez vous déjà visité Rosenborg ? Copenhague ou le Danemark ? N'hésitez pas à en parler dans les commentaires, ce voyage m'a tellement ravie:)