Ca y est, je reviens,
et encore avec une mort ! Que voulez vous, les histoires
sanglantes m'inspirent et il y a même certaines morts historiques
qui m'amusent, comme vous avez pu le constater ! Qui est notre
victime de ce jour ? Un homme fort, puissant, au point de se
croire au-dessus du roi. Et ce dernier n'a pas hésité à assassiner
son rival, quitte à en payer le prix fort après …
Le 23 décembre 1588,
le duc de Guise, chef charismatique de la ligue catholique, est
assassiné au château de Blois. Un meurtre sanglant, perpétré par
huit individus qui ne lui laissèrent aucune chance. Pourquoi ?
Pour cela, il faut éclaircir quelques points.
En cet hiver 1588, le roi
Henri III convoque pour la
seconde fois les États Généraux. Son but ? Contrecarrer le
chef de la ligue catholique, Henri de Guise.
Mais qu'a fait ce bonhomme ? Oh trois fois rien, il trahit juste
le roi de France. En effet, Henri III
n'ayant pas d'héritier avec son épouse Louise
de Lorraine, il désigne son cousin Henri
de Navarre (futur Henri IV), de confession
protestante. On se souvient déjà que son mariage avec Marguerite de Valois avait eu comme réjouissances la Saint-Barthélémy.
Les ultra-catholiques avaient décidé de se regrouper sous le nom de
la Ligue et continuer de massacrer les protestants. Mieux encore, les
parisiens préfèrent le Guise à leur propre roi.
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Henri de Guise, anonyme, vers 1580 (Musée Carnavalet, Paris) |
Mais qui est-il ?
Fils de la maison de Lorraine, il descend notamment du grand René
d'Anjou, et de la maison de Bourbon par sa mère. Autant dire
qu'il n'est pas le pouilleux du coin. Bel homme malgré la balafre au
visage qu'il obtint durant une bataille, grand militaire, fils de
grande famille, cousin lointain du roi, autant dire qu'Henri
de Guise a sa place à la Cour et veut la conserver à
tout prix. Il se jette à corps perdu dans les diverses guerres de
religion, au côté du futur Henri III et espère connaître
la gloire comme son père avant lui. Pour la petite romance, la
princesse Marguerite de Valois tombe amoureuse de ce bellâtre
et espère l'épouser. Si on cherche un bon parti, on appelle Henri !
Seulement, jugé trop dangereux par Catherine de Médicis, et
cherchant à consolider ses liens avec les protestants, Marguerite
épousera le protestant, et Guise passera devant l'autel en 1570 avec
Catherine de Clèves, une femme
forte qui poursuivit les combats de son époux après la mort de
celui-ci, et lui donna tout de même quatorze enfants en 18 années !
Ca ne chômait pas à l'époque !
S'il s'était bien tenu,
sans doute aurait-il continué à avoir de grand privilège, comme sa
charge de grand maître de France, et surtout à vivre. Seulement
voilà, farouchement catholique, il refuse que la couronne soit
donnée à Henri de Navarre à la mort du roi Henri
III, il mène une révolte et s'oppose au souverain.
Pire ! Il s'allie avec Philippe II
d'Espagne, et signe le traité de Joinville le 31 décembre
1584, où le monarque espagnol s'engage à soutenir la Ligue.
Affaibli, Henri III se voit contraint de signer l'édit
d'Union le 8 juillet 1588, où il s'engage à faire la paix
avec la Ligue et leur donner davantage de pouvoir. Henri
de Guise est nommé lieutenant-général du royaume.
Autant dire que le souverain n'a pas le choix : pour reconquérir
son royaume, il lui faut d'abord tuer Guise.
![]() |
Henri, encore duc d'Anjou, Jean Delacourt (Château de Chantilly) |
Nous revoici donc ce 23
décembre 1588, où le Guise quitte le lit où se trouve deux
femmes, et malgré l'avertissement de l'une d'elle, se croit maître
des lieux au château de Blois. Il faut dire qu'il a de quoi se
réjouir, le roi l'a convoqué dans son cabinet pour un entretien
privé. Le Balafré, son petit surnom charmant, se voit déjà
connétable de France ! En passant par la chambre royale, le
voici pris dans un guet-apens ! Huit membres des Quarante Cinq,
la garde personnelle d'Henri III,
l'attendait pour l'assassiner ! Transpercé d'une trentaine
coups de couteaux, Guise réussit tout de même à blesser quatre de
ces adversaires avant de s'écrouler. Quand Henri III revient dans sa
chambre, il aurait eu ces mots :
«Mon Dieu, qu'il est grand ! Il paraît même plus grand mort que vivant !»
Le corps est ensuite
emmené au bourreau qui le dépèce et fait brûler son corps avant
de faire jeter ses cendres dans la Loire. Pour les sacrements
religieux tout ça, on repassera. Dans la foulée sont arrêtés le
frère, Louis cardinal de Lorraine,
exécuté dés le lendemain, le 24 décembre, et son fils,
Louis 1e de Lorraine, enfermé au
château de Tours d'où il s'enfuira en 1591. Pour ces crimes, Henri
III va être excommunié par le Pape et attiser la haine des
catholiques. La preuve, il mourut moins d'un an après, le 1e août 1589 …
Cela peut paraître
insensé qu'un meurtre, bien que violent, ait pu engendrer davantage
de colère, alors que la mort du chef de la Ligue aurait du calmer
les esprits, asseoir l'autorité royale. Si vous voulez voir
l'assassinat, je vous propose le court métrage de 1908 dont voici
que l'on pouvait voir à une époque au château Blois (dites moi si
elle y est encore) :
Tes articles de blog complètent souvent mes cours, c'est top ! Je vois à peu près qui il est du coup. C'est toujours un plaisir de retrouver ta plume !
RépondreSupprimerPasse de bonnes fêtes :-))
Je suis contente que ça puisse t'aider un peu, on passe un peu vite sur ces événements et les personnalités des protagonistes, c'est dommage !Bonne année à toi :)
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