mercredi 18 mai 2016

Saint-Guilhem le Désert, sur le chemin des pèlerins



Deux visites de deux sites inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO, ce weekend fut absolument royal ! Cette fois-ci, après l'Antiquité, on passe par un village médiéval charmant sur les traces des pèlerins qui se rendent à Saint-Jacques de Compostelle. Saint-Guilhem le Désert ne semble pas avoir bougé durant tous ces siècles, avec ces petites rues sinueuses et ses maisons de pierres. Je vous ai donné envie, n'est-ce pas ? Allez, je vous en parle plus en détail, et je vais même vous parler du diable !


Beaucoup de gens connaissent les pèlerinages vers Saint-Jacques de Compostelle, ville espagnole abritant le tombeau de Saint-Jacques, l'un des douze apôtres de Jésus Christ. Mais saviez vous qu'il existe quatre chemins en France pour s'y rendre ? L'un part de Paris, un autre de Asquins-Vézelay, un troisième du Puy-En-Velay et le dernier d'Arles. Les trois premiers se rejoignent en terre espagnole, vers Saint-Jean-Pied-de-Port, la dernière, la via Tolosana, se permet un détour avant de rejoindre le Camino Francés, chemin unique vers le lieu de pèlerinage. C'est sur cette dernière route que vous allons nous concentrer, notamment un de ses sites majeurs : Saint-Guilhem le Désert.

Avant 800, il n'y avait pas grand-chose ici jusqu'à l'arrivée de Guillaume de Gellone, comte de Toulouse. Il fonde l'abbaye de Gellone en 804, pour reprendre le main la question religieuse de la région, après l'invasion des Wisigoths et des musulmans. L'empereur Charlemagne, dont Guillaume de Gellone est un cousin éloigné par sa mère, lui donne un morceau de la Sainte Croix et le comte de Toulouse en fait don à son tour à l'abbaye, permettant ainsi un pèlerinage dans la région. Après une vie militaire bien remplie, le comte de Toulouse se retire de la vie publique et entame une retraite dans sa propre abbaye, avant de mourir en 812-814. Suite à quelques miracles reconnus, le Vatican le béatifie en 1066 et il devient Saint-Guilhem (Guillaume en occitan) et l'abbaye portera son nom.

Au cours du Moyen Âge, et grâce à la route de Saint-Jacques de Compostelle, de nombreux pèlerins empruntent la via Tolosana et s'arrêtent dans le village qui se construit autour de l'abbaye, et le chemin reste toujours en vogue de nos jours. En 1998, la France fait inscrire plus de 70 monuments, dont l'abbaye, et plusieurs morceaux de route au Patrimoine Mondial de l'UNESCO au titre de « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France ». Quant au village en lui-même, il est classé « Grand Site de France » mais aussi parmi les plus beaux villages de France.

Avant d'entrer à Saint-Guilhem le Désert, il est important avant de passer par le Pont du Diable, pour se familiariser avec Guillaume de Gellone, et mieux comprendre l'histoire. Durant sa construction au 11e siècle, le pont ne cessait d'être détruit chaque nuit par le Diable en personne, et les ouvriers implorèrent leur Saint Patron, Saint Guilhem, de leur venir en aide. Ce dernier vint de nuit et entreprit de passer un pacte avec le Diable : qu'il laisse la construction se terminer contre «  l’âme d’un de tes chiens de serviteur » comme dit ce dernier. Les travaux se poursuivent s'en encombrent et à la fin, il revint chercher son dû. Comme promis, on lui donna l'âme … du plus fidèles des chiens ! De rage, le Diable voulut détruire le pont sans succès et finit par se jeter à l'eau et créa le gouffre dans sa chute. Il paraît qu'on peut parfois entendre ses cris et certains pèlerins traversent le pont munis de pierres qu'il jettent pour qu'il reste bien au fond.

Magnifique pont de construction romane, malgré des modifications au cours des siècles, savoir qu'un tel édifice est toujours debout me laisse sans voix. Et que dire de la beauté du paysage, avec son eau turquoise et son gouffre gigantesque, il serait dommage de ne pas s'arrêter le visiter !











Après n'avoir pas vu le Diable, direction le village ! L'attraction reste bien sûr l'abbaye, même s'il ne reste plus grand-chose de la première abbaye. Devenant plus importante au cours des siècles, elle fut reconstruite à partir de 1030 avant de connaître un déclin, et d'être pillée durant les guerres de religion, par les protestants. Laissée presque à l'abandon pendant plusieurs décennies, des travaux sont entrepris au cours du 17e siècle, notamment dans le cloître très endommagé. Après avoir été vendu comme bien national durant la Révolution Française, elle est inscrite aux monuments historiques en 1840 et l'édifice subit de nombreuses restaurations.

A l'intérieur de l'église, on y trouve un orgue de Jean-Pierre Cavaillé, facteur d'orgue au 18e siècle absolument sublime. D'ailleurs, il fait partie des "Sept Merveilles Organistiques de l’Hérault". Vraiment un bel endroit, notamment le cloître avec son petit jardin médiéval, presque reposant s'il n'y avait pas autant de monde …









Ensuite, il suffit de se balader des les rues pour admirer les demeures, quelques ruines dans les ruines, tout paraît pittoresque ! Et que dire de ces ruines tout en haut de la falaise. On y raconte qu'un géant avait élu domicile dans les ruines d'un château, en compagnie d'une pie, et il terrorisait le village. Ce fut Guilhem qui se chargea de tuer le géant avec son épée légendaire. Quant à la pie, elle s'enfuit et plus jamais on ne revit cette espèce d'oiseau dans les parages. Difficile d'accès, je ne m'y suis pas risquée mais il s'agit apparemment d'un ancien château Wisigoth tombé en ruine après leur départ.

Dans le village, on s'extasie devant chaque maison, chaque balcon couvert de fleurs, aux petites échoppes, à ces ruelles sinueuses, même la mairie a un côté bucolique, qu'il doit être bon de se marier ici … Par contre, s'il est facile de descendre les rues, il faut s'armer de bonnes jambes pour revenir à la place principale. Heureusement que l'endroit fait oublier les calories dépensés !









Venue seulement pour l'après-midi, je n'ai pas d'adresses de déjeuner à vous communiquer, mais par contre, j'ai découvert le meilleur glacier de ma vie ! L'Artisan Glacier, à la croisée de deux rues, offre une grande variétés de glaces ! Les crèmes glacées sont à partir de lait de brebis, donnant un côté onctueux, et les sorbets à partir de vrais fruits, crées par des artisans de la région ! Bio, local et bon, que demande le peuple ? Pour ma part j'ai goûté pistache (côté crème glacée), mojito et fraise-menthe-basilic (côté sorbet) et c'était absolument excellent !

Si vous passez dans la région, n'hésitez pas à faire un tour par ce village pittoresque plein d'histoire, vous ne serez pas déçus !  

2 commentaires:

  1. Je devais aller visiter ce village lors d'un séjour sur la côte languedocienne, mais un orage nous en a empêché. Je regrette beaucoup maintenant, il a l'air tellement mignon !

    RépondreSupprimer