vendredi 6 mai 2016

Exposition Chamanes & Divinités de l’Équateur précolombien


Il y avait bien longtemps que je n'avais pas mis les pieds dans une exposition. Non parce qu'il n'y a rien à voir, bien au contraire, mais travail et flemme ont eu raison des belles choses à voir dans la capitale. Alors quand j'ai eu l'occasion, j'ai décidé de voir quelque chose de dépaysant. Et quoi de mieux que les expositions du musée du Quai Branly pour découvrir de nouveaux mondes ? On s'envole donc en Équateur pour découvrir l'univers fascinant du chamanisme …


Pour commencer, je pense qu'il faut définir ce qu'est le chamanisme. Il s'agit d'un ensemble de savoirs et de pratiques, de principes éthiques et spirituels. Le tout est centré sur la méditation, le contact avec la nature. Cette religion est mis en pratique par un chamane, personnalité à la fois religieuse mais avec un pouvoir aussi social et politique, il structure la vie quotidienne et s'élève dans la hiérarchie sociale au fil du temps. C'est un peu simpliste comme base mais ce sera étoffé dans le reste de l'article.

Si l'exposition reste centré sur l’Équateur précolombien (c'est à dire avant l'arrivée des colons européens et l'évangélisation du continent américain) mais le courant chamanique trouve ses racines en Sibérie avant de s'étendre en Asie – notamment chez les Mongols, en Chine, Japon – en Afrique, en Australie, dans la culture celte et donc en Amérique, Nord comme Sud. Une culture bien trop étendue pour tout résumer. Le Quai Branly a décidé de ne traiter que de l’Équateur, et il y avait déjà pas mal à dire !

L'exposition a été traité en deux parties : la partie savoir et la partie faire. En effet, avant de pratiquer les rites, il faut en avoir les connaissances. Le savoir est un état de conscience, influencé de suggestions et de persuasion avant d'arriver à un certain niveau et de pouvoir apprécier les autres dimensions. Pour cela, le chamane grandit au contact de la nature, avec des jeûnes, de longues périodes d'abstinence sexuelle et de la solitude. Dans la nature, il étudie les plantes pour comprendre leur pouvoir de guérison, mais aussi le comportement des animaux, des cycles naturels …

Dans la religion chamanique, il existe trois mondes :
  • extérieur, dit monde céleste (les astres)
  • intérieur, ou intramonde (monde profond, où repose les défunts)
  • monde terrestre


Dans ces différents mondes se trouvent des divinités : la lune et le soleil pour le monde céleste ; les esprits des grottes ou des mondes ; les animaux sur la terre selon les quatre éléments (aigle harpie pour l'air ; le jaguar pour le feu ; le serpent pour l'eau ; les humains représentent la terre).

Mais quels sont donc ces savoirs et comment les acquérir ? On commence tout d'abord par la méditation, représentant un accès à la vérité. On continue par l'usage de plantes sacrées, notamment hallucinogènes. Ces psychotropes donnent l'illusion d'une séparation entre le corps et l'âme. Selon les plantes ingurgitées, on peut avoir l'impression de voler ou se transformer en animal.







Le « faire » se manifeste surtout lors des rites, fêtes ou autres cérémonies qui servent à maintenir un équilibre entre les sphères personnelles, sociales et naturelles. Le chamane peut avoir plusieurs casquettes : celle de guérisseur pour soigner les malades ; d'astronome pour observer les astres et notamment établir les calendriers ; de chasseur, où il demande de l'aide aux défunts pour débusquer du gibier ; d'agriculteur où il peut faire des requêtes aux divinités pour avoir de la pluie par exemple.

Il participe aux rites initiatiques, pour accompagner les personnes de passer d'un statut à un autre, par exemple de l'enfance à l'âge adulte. Mais aussi pour les femmes enceintes, la naissance a quelque chose de divin. Dans les autres rites, on a aussi les sacrifices. D'animaux tout d'abord, pour des offrandes aux divinités pour avoir des réponses aux requêtes mais aussi – je sais que vous y pensiez – aux sacrifices humains. Souvent prisonniers de guerre, les sacrifiés sont souvent décapités, et leurs têtes sont réduites puis empalées sur des pieux devant des temples ! Sympathique n'est-ce pas ?






Ce parcours divisé en deux parties fut très instructif, on comprend les savoirs avant d'en voir la pratique et tout se met en place avec une certaine logique. On imagine les cérémonies ou rites avec un peu moins de difficultés et ces civilisations d'avant colonisation montrent bien moins de sauvagerie ou de diabolisation qu'on peut avoir à l'esprit. Les objets présentés sont d'une grande beauté et surtout très bien préservées, on peut voir la qualité du travail, les détails et les cartels permettent de comprendre parfaitement l'utilité des objets présentés. Je sais que l'exposition se termine le 15 mai, je vous y encourage donc à la voir si vous le pouvez. A la fois dépaysant, interactif et instructif, le Quai Branly prouve encore une fois sa justesse dans des expositions très ciblées mais ô combien intéressante.

Musée du Quai Branly
37 Quai Branly, 75007 Paris
9€ tarif plein ; Gratuit pour les – de 26 ans.



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