Il y avait bien
longtemps que je n'avais pas mis les pieds dans une exposition. Non
parce qu'il n'y a rien à voir, bien au contraire, mais travail et
flemme ont eu raison des belles choses à voir dans la capitale.
Alors quand j'ai eu l'occasion, j'ai décidé de voir quelque chose
de dépaysant. Et quoi de mieux que les expositions du musée du Quai
Branly pour découvrir de nouveaux mondes ? On s'envole donc en
Équateur pour découvrir l'univers fascinant du chamanisme …
Pour commencer, je pense
qu'il faut définir ce qu'est le chamanisme. Il s'agit d'un ensemble
de savoirs et de pratiques, de principes éthiques et spirituels. Le
tout est centré sur la méditation, le contact avec la nature. Cette
religion est mis en pratique par un chamane, personnalité à la fois
religieuse mais avec un pouvoir aussi social et politique, il
structure la vie quotidienne et s'élève dans la hiérarchie sociale
au fil du temps. C'est un peu simpliste comme base mais ce sera
étoffé dans le reste de l'article.
Si l'exposition reste
centré sur l’Équateur précolombien (c'est à dire avant
l'arrivée des colons européens et l'évangélisation du continent
américain) mais le courant chamanique trouve ses racines en Sibérie
avant de s'étendre en Asie – notamment chez les Mongols, en Chine,
Japon – en Afrique, en Australie, dans la culture celte et donc en
Amérique, Nord comme Sud. Une culture bien trop étendue pour tout
résumer. Le Quai Branly a décidé de ne traiter que de l’Équateur,
et il y avait déjà pas mal à dire !
L'exposition a été
traité en deux parties : la partie savoir et la partie faire.
En effet, avant de pratiquer les rites, il faut en avoir les
connaissances. Le savoir est un état de conscience, influencé de
suggestions et de persuasion avant d'arriver à un certain niveau et
de pouvoir apprécier les autres dimensions. Pour cela, le chamane
grandit au contact de la nature, avec des jeûnes, de longues
périodes d'abstinence sexuelle et de la solitude. Dans la nature, il
étudie les plantes pour comprendre leur pouvoir de guérison, mais
aussi le comportement des animaux, des cycles naturels …
Dans la religion
chamanique, il existe trois mondes :
- extérieur, dit monde céleste (les astres)
- intérieur, ou intramonde (monde profond, où repose les défunts)
- monde terrestre
Dans ces différents
mondes se trouvent des divinités : la lune et le soleil pour le
monde céleste ; les esprits des grottes ou des mondes ;
les animaux sur la terre selon les quatre éléments (aigle harpie
pour l'air ; le jaguar pour le feu ; le serpent pour
l'eau ; les humains représentent la terre).
Mais quels sont donc ces
savoirs et comment les acquérir ? On commence tout d'abord par
la méditation, représentant un accès à la vérité. On continue
par l'usage de plantes sacrées, notamment hallucinogènes. Ces
psychotropes donnent l'illusion d'une séparation entre le corps et
l'âme. Selon les plantes ingurgitées, on peut avoir l'impression de
voler ou se transformer en animal.
Le « faire »
se manifeste surtout lors des rites, fêtes ou autres cérémonies
qui servent à maintenir un équilibre entre les sphères
personnelles, sociales et naturelles. Le chamane peut avoir plusieurs
casquettes : celle de guérisseur pour soigner les
malades ; d'astronome pour observer les astres et
notamment établir les calendriers ; de chasseur,
où il demande de l'aide aux défunts pour débusquer du gibier ;
d'agriculteur où il peut faire des requêtes aux
divinités pour avoir de la pluie par exemple.
Il participe aux rites
initiatiques, pour accompagner les personnes de passer d'un statut à
un autre, par exemple de l'enfance à l'âge adulte. Mais aussi pour
les femmes enceintes, la naissance a quelque chose de divin. Dans les
autres rites, on a aussi les sacrifices. D'animaux tout d'abord, pour
des offrandes aux divinités pour avoir des réponses aux requêtes
mais aussi – je sais que vous y pensiez – aux sacrifices humains.
Souvent prisonniers de guerre, les sacrifiés sont souvent décapités,
et leurs têtes sont réduites puis empalées sur des pieux devant
des temples ! Sympathique n'est-ce pas ?
Ce parcours divisé en
deux parties fut très instructif, on comprend les savoirs avant d'en
voir la pratique et tout se met en place avec une certaine logique.
On imagine les cérémonies ou rites avec un peu moins de difficultés
et ces civilisations d'avant colonisation montrent bien moins de
sauvagerie ou de diabolisation qu'on peut avoir à l'esprit. Les
objets présentés sont d'une grande beauté et surtout très bien
préservées, on peut voir la qualité du travail, les détails et
les cartels permettent de comprendre parfaitement l'utilité des
objets présentés. Je sais que l'exposition se termine le 15 mai, je
vous y encourage donc à la voir si vous le pouvez. A la fois
dépaysant, interactif et instructif, le Quai Branly prouve encore
une fois sa justesse dans des expositions très ciblées mais ô
combien intéressante.
Musée du Quai Branly
37 Quai Branly, 75007
Paris
9€ tarif plein ;
Gratuit pour les – de 26 ans.
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