Un château ! Un
château ! Je suis toujours en joie quand je sais que je vais
voir un château, même si j'y suis déjà venue plusieurs fois, car
il y a des endroits dont on ne se lasse jamais. Et parmi eux, il y a
ma visite de début juillet : le château de Fontainebleau. Une
histoire aussi riche, des décors somptueux, où l'on passe d'une
époque à une autre sans vraiment comprendre la logique, mais où
l'on s'émerveille à chaque fois. Et quand, en plus, je peux enfin
faire la visite guidée tant attendue, jackpot assuré. Je vous
emmène dans la demeure des siècles, suivez moi …
Fontainebleau et moi,
c'est une jolie petite histoire qui dure depuis plusieurs années,
quand j'y ai mis les pieds la première fois dans ma vie d'adulte.
J'avais été fascinée par sa beauté, mais aussi stupéfaite par
cette architecture sans queue ni tête, je l'appelle le château de
fou, car tous les rois ont apporté leur patte, ce qui donne une
chapelle Louis XIII à côté de
la Galerie François 1e, la
chambre de Marie-Antoinette
non loin de celle de Napoléon
Ie … Cet éclectisme
témoigne des passages des rois de France, du Moyen Âge au Second
Empire. Et quand j'ai découvert qu'il y avait des petits
appartements en visite guidée, j'ai voulu les faire. J'ai essuyé
trois ou quatre échecs, alors cette fois avec Emma (de Vague Culturelle), on a vu les choses en grand : y aller à
l'ouverture et être les premières à l'inscription ! Une fois
cette étape réussie, nous avons pu visiter tranquillement.
Mais d'où sort ce
château, et qu'y a t'il à voir ? Je vous en parle plus en
détail avec grand plaisir !
Historique du château
On remonte à loin
l'histoire de Fontainebleau. On sait qu'il y avait un édifice sous
Louis VI le Gros au 11e siècle,
confirmé par une charte de Louis VII
en 1137. L'unique vestige médiéval réside dans le donjon,
incorporé aujourd'hui au château, de la demeure construite par
Saint Louis au 13e siècle. A
partir de là, les rois viennent régulièrement au château médiéval
de Fontainebleau, Philippe IV le Bel
y naît d'ailleurs en 1268, et Isabeau de Bavière y
fit des travaux. C'est joli lieu pour la chasse et le bon air, près
de Paris mais pas trop.
Au 16e siècle, François
Ie arrive avec ses gros sabots, rase le château et fait
construire une partie du château que l'on connaît aujourd'hui, dans
le style Renaissance qu'il affectionne. Il aime venir à
Fontainebleau pour la chasse, y collectionne des antiques et des
œuvres de son temps, crée la bibliothèque nationale entre ses murs
et reçoit des invités de marque comme le roi Jacques V d’Écosse,
ou encore Charles Quint. A la visite de ce dernier, Ronsard
créa quelques vers bien moqueurs : « Quand verrons-nous
par tout Fontainebleau ; De chambre en chambre aller les
mascarades... »
Vue du château au 17e siècle (Gallica) |
Le château traverse les
années, et les souverains aiment toujours y venir, et apportent leur
petite touche. Henri II continue
dans la veine de son père, par contre ses fils y viendront peu,
préférant les châteaux de la Loire. Henri IV redonne vie à
Fontainebleau en entamant de grands travaux, notamment dans les
jardins avec la création du grand canal. Quant à Louis
XIV, il aime venir à Fontainebleau, notamment à
l'automne et apporter lui aussi sa touche, tout comme Louis
XV (qui s'y marie en 1725) et Louis
XVI.
Mais après François Ie,
c'est Napoléon Ie qui fait
revivre Fontainebleau, en le meublant à nouveau (une partie a été
vendue sous la Révolution, une autre envolée par l'opération du
Saint Esprit) et mène une vie de cour, il alterne avec les
Tuileries. Il aime y travailler, mener de grandes décisions
politiques et la cour impériale le suit. Mais après une suite de
défaites, l'empereur est contraint d'abdiquer et signe le traité
sans condition dans ce château (la table de la signature s'y trouve
toujours). Le 20 avril 1814, sur l'escalier du Fer à Cheval,
il fait des adieux bouleversant devant sa garde. D'ailleurs, durant
son exil à Saint-Hélène, il se rappelle de ses souvenirs à
Fontainebleau et écrit dans ses mémoires que c'est « la
vraie demeure des rois, la maison des siècles ».
Adieu de Napoléon à la garde impériale, par Antoine Alphonse Montfort, d'après Horace Vernet |
Sous la Monarchie de
Juillet, Louis-Philippe Ie
entreprend des travaux de restaurations, et remeuble l'intérieur. Il
y marie son fils aîné, Ferdinand d'Orléans, avec la
princesse Hélène de Mecklembourg. Puis le château vit une
dernière période faste avec Napoléon III. Comme à
Compiègne, la cour impériale s'installe à Fontainebleau et y fait
construire un théâtre, pendant que l'impératrice Eugénie
aménage un salon chinois, devenu aujourd'hui le musée Chinois.
Le château est consacré
musée national en 1927 et a été classé plusieurs fois au
titre des monuments historiques. D'ailleurs, le château et le parc
sont inscrits depuis 2013 au patrimoine mondial de l'UNESCO. En 2012,
plus de 450.000 personnes ont visité le château. Dont moi,
plusieurs fois !
La visite du château
Les grands appartements
Ceux-ci sont en visite
libre, c'est ce qui est compris dans le prix du billet, il s'y trouve
aussi le musée Napoléon 1e et la chapelle de la Trinité.
Après avoir monté les escaliers, on commence sur la gauche avec le
musée Napoléon 1e. D'ailleurs dans la première salle,
celui-ci nous accueille toute en modestie (sa grande qualité !
) en costume de sacre, avec quelques vêtements du jour du
sacrement le 18 mai 1804. Le musée se compose de plusieurs
pièces en enfilade avec du mobilier, de la vaisselle ou des effets
personnels de la famille impériale. J'aime particulièrement la
reconstitution du campement de Napoléon mais aussi le berceau de son
fils, Napoléon François, que l'on connaît surtout sous le
nom de l'Aiglon ou du Roi de Rome. Même si je ne suis pas une grande
spécialiste de l'Empire, je trouve cette période intéressante,
tout comme la famille Bonaparte. D'ailleurs, dans la galerie qui
termine ce musée, tous les membres de la famille, comme Hortense de Beauharnais et Joachim Murat, sont représentés dans
de magnifiques portraits en pied.
Exceptionnellement, les
appartements du Pape n'étaient pas ouverts à la visite, tout comme
les appartements de Madame de Maintenon. Tant pis, le château
regorge d'assez de pièces pour continuer la visite et en prendre
pleins les yeux. On a pris un petit passage, avant d’atterrir dans
le vestibule, juste derrière la porte d'entrée de l'escalier du fer
à cheval. Et comme je disais plus haut, deux styles s'affrontent :
à gauche, c'est l'étage noble de la chapelle de la Trinité, là où
la famille royale assistait à la messe. Reconstruite par Henri
II, poursuivie par Henri
IV, elle ne fut terminée que sous Louis
XIII, dans un style baroque. Mais nous y reviendrons à
cette chapelle … On passe au cœur de la maison : la galerie.
Tout en bois, en stuc et en fresque sur environ 60m de long, cette
galerie est un véritable chef d’œuvre, témoin des prouesses
passées. Voulue par François Ie, des fenêtres venaient
illuminé la pièce des deux côtés (mais comme je vous ai dit,
c'est un château de fou, et donc au 18e siècle, une autre galerie
sera construite côté gauche, condamnant les fenêtres). On ne sait
plus où regarder entre les F sculptés, les figures mythologiques en
stuc, les fresques peintes à même le mur par Rosso Fiorentino,
ou alors ce buste de François à la toute fin.
Mais tout est sublime. La
salle de bal d'Henri II avec les peintures du Primatice
à même le mur ; les escaliers somptueux ; les
appartements des chasses ouverts exceptionnellement avec l'exposition
sur Louis XV (où on apprend
qu'ici a dormi Christian VII du Danemark, ok). La visite se
poursuit avec la galerie de Diane, ou la magnifique bibliothèque que
je rêve d'avoir ! J'aimerais tellement la parcourir, admirer
les ouvrages conservés ici … Le cœur des châteaux résident dans
le bibliothèques ♥
On continue sur la lancée
des appartements royaux. Aux décors 17e siècle au tout début,
notamment avec le salon Louis XIII
en homme au roi né dans cette pièce le 27 septembre 1601,
s'en suivent des décors 18e, puis premier empire, notamment le grand
salon de l'impératrice. Mais le clou reste la chambre de
l'impératrice, avec un lit de 1787 construit pour
Marie-Antoinette (le cartel précise qu'elle n'a pas eu le
temps de s'en servir … ). On peut y voir aussi une salle
incroyable : au plafond les fleurs de lys royales témoignent
qu'il s'agissait de la chambre à coucher du roi. Jusque là … Mais
Napoléon Ie n'avait pas vraiment
envie de dormir dans la même pièce que les souverains précédents,
il a donc décidé d'en faire … sa salle du trône. Donc on peut
admirer un magnifique trône d'empire et ces fleurs de lys au plafond
ainsi qu'un portrait de Louis XIII au mur. Tout va bien.
On termine par la
chapelle de la Trinité, dans la partie basse. Je la trouve
sensationnelle, surtout les peintures au plafond avec cet effet de
grandeur et d'horizon impressionnant. J'imagine très bien ici le
mariage de Louis XV et Marie
Lesczinska ou encore de Ferdinand
d'Orléans avec Hélène de
Mecklembourg. Petit détail amusant. Derrière l'autel sur
la droite, se trouve la statue représentant Saint-Louis … sous les
traits de Louis XIII !
Les petits appartements
Enfin, les portes des
petits appartements se sont ouverts devant moi. Curieusement, après
des tentatives pour cause de visites complètes, nous étions … 3.
Peut être que nous avons fait peur aux gens, mais tant mieux !
Anciennement les appartements des bains de François
Ie (où il conservait la Joconde ! ), ils furent
détruits à la fin du 17e siècle pour devenir des appartements. On
sait qu'ils logeaient les maîtresses de Louis XV, Mme
de Pompadour puis Mme du Barry,
et cela devint les appartements impériaux de Napoléon
Ie et de ses épouses, Joséphine
de Beauharnais puis Marie-Louise d'Autriche. On
entre là dans l'intimité du couple, loin des apparats et de la vie
de cour. Napoléon y travaillait, notamment dans sa bibliothèque
(pardon pour la photo mais il faisait très sombre), mais on y menait
une petite société, seulement pour les plus proches du couple.
C'était une visite très
intéressante, avec un guide passionnant qui donnait des anecdotes à
foison et des détails sur qui faisait quoi. Il a même sorti cette
phrase « Si vous invitez Napoléon à dîner … »
Merci monsieur le guide ! Les murs par contre sont en mauvais
état, c'est triste de voir de si beaux lieux si mal entretenus.
Heureusement, quelques restaurations sont en cours, comme dans le
salon jaune où les tentures retrouvent une nouvelle jeunesse !
Les jardins
Il est toujours de bon
ton de faire un tour dans les jardins. Il y en a trois : le
jardin de Diane, le jardin à la française et un jardin à
l'anglaise. Le jardin à la française, crée par Le Nôtre comme à
peu près tous les grands châteaux au 17e siècle, n'est pas
extraordinaire. Beau, oui, agréable certes, mais point de grande
perspective comme à Vaux le Vicomte par exemple. Mais venir flâner
là reste un grand plaisir.
J'aime toujours autant ce
château et j'y retournerais sans doute, pour faire une autre visite
guidée, espérer revoir les appartements fermés le jour de ma
visite, ainsi que le musée chinois. Grosse déception d'ailleurs
pour le musée chinois, maintenant en supplément dans la visite
(contrairement à avant). Je ne suis pas à 3€ mais j'aurais aimé
qu'on nous le propose en caisse, et pas se retrouver comme deux
idiotes devant l'agent d'accueil qui nous l'a expliqué. Enfin tant
pis, ce sera pour une prochaine fois ! Je vous conseille
vraiment ce château magnifique, à voir et revoir, on s'émerveille
toujours !
Place Charles de Gaulle
77300 Fontainebleau
Gratuit pour les -26 ans
Vous connaissez ce château ? Racontez moi votre visite dans les commentaires, et si vous avez des questions, n'hésitez pas non plus !
Je n'ai encore jamais été visiter ce château. Il faut absolument que je le fasse !
RépondreSupprimerOoh j'aimerais tellement visiter ce château. Qui peut m'aider à réaliser mon rêve ??
RépondreSupprimer