Oh un mariage bien
arrangé comme on les aime (ou non), ça faisait un petit temps sur
le blog ! Aujourd'hui, on parle encore d'une union de la
Renaissance, mais heureusement bien moins tragique que celle de
Marguerite de Valois et Henri de Navarre !
Heureusement que tous les mariages ne finissent pas en bain de sang,
ce n'est pas Game of Thrones … Aujourd'hui, je vous
parle d'un mariage aux allures modestes, d'un couple pas destiné à
régner, entre un cadet de France et une fille de Florence, sans réel
titre reconnu autre que l'argent. Henri
d'Orléans épouse donc Catherine
de Médicis en cette année 1533, joli mariage
princier, pauvre mariage royal et qui va donner un couple atypique
dans ce 16e siècle troublé …
Chouette, un mariage !
Le premier des enfants du roi François 1e,
après deux filles mortes en bas âge et un dauphin sans alliance
pour le moment, a passé devant l'autel, ça se fête. Mais qui sont
les futurs époux ?
Commençons par les
dames : Catherine, fille du
duc d'Urbino Laurent II de Médicis et de Madeleine de la
Tour d'Auvergne, arrière-petite-fille de Laurent le Magnifique et cousine du Pape de l'époque, Clément
VII, elle est l'héritière de la fortune de la branche
cadette des Médicis. Elle passe une partie de son enfance à Rome,
loin des révoltes contre les Médicis à Florence. Elle est très
courtisée, plus pour sa richesse que pour sa beauté, car elle n'a
malheureusement pas les grâces et le charme italien tant rêvé
« elle est très vive, montre un caractère affable et
des manières distinguées … Elle est de petite stature et maigre ;
ses traits ne sont pas fins, et elle a les yeux saillants, comme la
plupart des Médicis ». Heureusement, elle reçoit une
éducation humaniste, avec une passion pour Machiavel et la
politique, mais aussi pour les mathématique et l'astrologie.
Portrait de Catherine de Médicis, par François Clouet |
Henri,
second fils du roi de France François Ie et
de Claude de France, n'était pas
destiné à régner, le rôle étant destiné à son aîné,
François, duc de Bretagne. Il est donc titré duc d'Orléans et
pense à mener une vie relativement tranquille. Mais après la
défaite de Pavie et l'enfermement de son père à Madrid, son destin
bascule : Le traité de Madrid stipule la libération de
François Ie contre l'emprisonnement de ses deux fils aînés. Voici
donc François et Henri prisonniers de Charles Quint
durant quatre ans, où son caractère sombre et taciturne se
renforce, devenant aussi hypocondriaque. Il faut préciser qu'il est
enfermé à 8 ans, et n'en ressort donc qu'à 12, paie ton enfance,
bravo papa ! Heureusement pour lui, il a pour préceptrice la
belle Diane de Poitiers, qu'il
adore et qu'elle rassure. D'ailleurs, elle deviendra plus tard sa
maîtresse.
Portrait d'Henri II jeune, par Corneille de Lyon |
Pourquoi un tel mariage ?
Un intérêt financier tout d'abord vu la fortune de la jeune femme,
puis politique pour avoir une influence à Rome, contrecarrer Charles
Quint et aussi, garder une mainmise sur l'Italie, le grand
rêve de François Ie. Le mariage
serait célébré à Marseille et Catherine
de Médicis quitta Rome pour Villefranche début octobre,
mais dut attendre jusqu'au 23 octobre où elle fit son entrée
solennelle à Marseille. Pourquoi ? Quelques questions
financières : le roi accordait une rente de 30.000 francs à
son fils, un château meublé à Catherine,
sans oublier les terres de sa mère en Auvergne ; le Pape donne
quelques villes d'Italie (Livourne, Pise … ) et une dot d'environ
100.000 écus d'or.
Enfin, la jeune femme de
14 ans put rencontrer ce qui sera sa future famille à Marseille :
elle baisa les pieds de François 1e,
salua son épouse Éléonore d'Autriche,
ainsi que son fiancé. Ce dernier n'est pas emballé par le physique
de sa promise, mais se montre courtois.
Henri II, roi de France, Catherine de Médicis et leurs enfants, par Alfred Johannot, Musée des Beaux arts de Besançon |
Enfin, en ce jour du 28
octobre 1533, François Ie, en grand habit, vint
chercher Catherine, habillée
tout de brocards d'or et d'hermine, dans ses appartements pour la
conduire jusqu'à l'autel de la chapelle du logis pontifical où on
les attendait. Après la messe, le Pape bénit lui-même cette union
et les époux s'échangèrent les anneaux. Le soir, il y eut un grand
banquet organisé par Clément VII,
suivit d'un bal masqué. C'est qu'on sait faire la fête à Rome, il
faut le prouver ! Puis, la reine Éléonore et ses suivantes
emmenèrent les deux époux à leur chambre où le lit était paré
de draps d'or. Après tout, ils étaient en âge de faire une vraie
nuit de noces et, selon les contemporains, Henri
de Valois a mis de l'ardeur à la tâche, le lendemain, on
se rendit compte que le mariage était consommé.
A partir de là, vingt
cinq ans de mariage allait se dérouler dans leurs vies, avec
quelques bousculades. En effet, en 1536, le dauphin
François meurt subitement, Henri
et Catherine sont destinés à
régner, ce qu'ils feront à partir de 1547 à la mort de
François Ie, où le dauphin devient Henri
II. Leur union fut stérile durant dix années sans voir
pointer le moindre héritier. Ironie du sort, c'est Diane
de Poitiers, la maîtresse royale, qui aide la dauphine à
tomber enceinte en conseillant son amant d'aller visiter plus souvent
le lit de son épouse. Catherine
de son côté, consulte des astrologues, porte des talismans et boit
des philtres de fécondation. Enfin, le 19 janvier 1544 naquit
Fançois, futur François II. S'en suivirent dix gamins en
douze ans, en gros elle a passé une décennie enceinte, dont sept
ont atteint l'âge adulte, trois rois de France, une reine d'Espagne
et une reine de France, beau score Cathou ! Quand Henri II meurt bêtement en 1559, Catherine,
effacée malgré elle de la politique, se met en avant, et devient
régente et conseillères de ses trois fils (François II, Charles
IX et Henri III), vit dans le tourment des guerres de religions et entrera dans l'Histoire, avec une légende noire pour
les uns, mais surtout comme une grande reine. Quel destin pour une
florentine orpheline n'est-ce pas ?
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