samedi 28 juillet 2018

10 Thermidor An II : Exécution de Maximilien de Robespierre et ses acolytes




L’exécution de Maximilien de Robespierre est une révolution au sein même de la Révolution Française. On est Révolution et ou on ne l'est pas ! Ce 28 juillet 1794 dans notre calendrier est un véritable tournant dans l'Histoire, où le chef de file est à son tour mis à mal et livré à la guillotine. Personne n'osait s'en prendre à la grande figure de Robespierre et un enchaînement d’événements eurent raison de son rang, et de sa tête. On retient toujours son nom mais il ne faut pas oublier les vingt-et-une autres personnes guillotinées à la chaîne. Revenons sur ce jour libérateur pour les uns, funestes pour d'autres …


Difficile de parler de Maximilien de Robespierre sans entrer en polémique, car il reste une figure de la Révolution Française. Tyran sanguinaire ou héros révolutionnaire ? Sans doute un peu des deux et bien plus que cela, il a connu une grande ascension sociale et sa chute fut plus dure encore. Arrêté le 27 juillet avec ses partisans et son frère Augustin, il est déclaré hors-la-loi, ne passe pas la case procès (ne touche pas 20.000 francs) et est exécuté dés le lendemain. Rapide et efficace diront certaines personnes. Mais comment l'homme le plus puissant de France a t'il pu descendre aussi vite ?

On ne va pas faire la biographie de Robespierre, il y a trop de choses à raconter. Originaire d'Arras, il étudie au collège Louis le Grand où il fait la connaissance d'autres figures de la future Révolution, Camille Desmoulins et Louis-Marie Fréron, puis est diplômé en droit et revient à Arras en tant que jeune avocat. Jeune homme intelligent, directeur à l'Académie royale des Belles-Lettres d'Arras, il avait tout pour avoir un bel avenir de notable de province. Tout bascula avec la convocation des États Généraux par le roi Louis XVI. Là, Maximilien de Robespierre devient député du Tiers État, puis au sein de l'Assemblée constituante et intervient de plus en plus fréquemment, devenant une figure importante, devient membre du club des Jacobins et en devint même président en 1791. A la Convention Nationale, ou Première République, il devient une figure de tête de la Montagne, groupe pro-républicain et opposé aux Girondins, avec entre autre Georges Danton et Jean-Paul Marat. En cela, il est favorable à un procès pour Louis XVI et à sa mort « Louis doit mourir, parce qu'il faut que la patrie vive. » Cette demande a été rejetée mais il jette un pavé dans la mare sur le sort du roi déchu depuis la proclamation de la République le 21 septembre 1792.

Portrait de Maximilien de Robespierre, par Louis-Léopold Boilly, 1791
(Musée des Beaux Arts de Lille)
En 1793, il est élu au Comité de salut public et s'enchaîne avec la Terreur. Beaucoup remettent en cause la participation de Robespierre dans tout cela, ou du moins de ne pas être le seul responsable. Toujours est-il qu'il fait parti du Comité, et que l'on guillotine à tour de bras, notamment Olympe de Gouges. En 1794, les factions se tirent dans les pattes et le parti de Robespierre s'en sort, au détriment des partisans autour de Danton et d'autres, tous envoyés à la guillotine au printemps. On pense qu'on ne peut plus l'arrêter, alors que s'est-il passé ?

Plusieurs conjonctures : deux tentatives d'attentats, le retour de Paul Barras et Joseph Fouché à Paris s'érigent contre Robespierre. On lui reproche un esprit de revanche, la création du Bureau de police générale … Tout s'enchaîne avec l'affaire Catherine Théot aussi. Brouillé, Robespierre ne veut plus intervenir au Comité de Salut Public mais le fait à la Convention, notamment le projet de modifier la composition des comités de salut public et de sûreté générale, et que le premier passe avant le second. Le 27 juillet, ou 9 thermidor, on empêche Robespierre de s'exprimer, notamment Jean-Lambert Tallien « Je demandais tout à l’heure qu’on déchirât le voile. Il l’est entièrement ; les conspirateurs sont démasqués, ils seront bientôt anéantis, et la liberté triomphera. ». Après un vote à main levée, Robespierre, Louis-Antoine de Saint-Just et Georges Couthon sont arrêtés, Philippe Le Bas et Augustin de Robespierre, le frère, se portent volontaires pour être arrêtés à leur tour. D'autres sont arrêtés aussi.

Arrestation de Maximilien de Robespierre et ses acolytes, le 9 thermidor de l'an II (Gallica)

Sauf qu'aucune prison ne veut d'eux. Que faire ? Oh, laissons les les dans l'Hôtel de Ville ! Quelle drôle d'idée … Là, ça vire un peu à la foire car les hommes sont un peu laissés pour compte, une troupe de la Convention dirigée par Barras fonce sur l'Hôtel de Ville, histoire de liquider tout ce monde. Maximilien de Robespierre tente de se suicider d'un coup de pistolet, à moins que ce soit un coup donné par un gendarme, mais cela rate et il reste avec un bout de mâchoire bien dégueulasse. Du côté des volontaires, Philippe Le Bas se suicide d'un coup de pistolet (lui ne s'est pas raté) tandis qu'Augustin tente de s'échapper, il saute depuis une fenêtre et se brise la jambe, malin le frangin.

Ce 10 thermidor de l'an II, ou 28 juillet 1794, les accusés sont conduits au tribunal révolutionnaire, mais pas pour un procès, non non. Déclarés hors-la-loi, ils ne bénéficient d'aucune défense mais l'accusateur public, Antoine Fouquier-Tinville doit constater les identités des coupables. Ça devait être une belle brochette avec le cadavre de Le Bas, Maximilien de Robespierre avec sa mâchoire pétée, son frère Augustin avec sa jambe en vrac, sans oublier la tête fracassée de Couthon et parmi d'autres robespierriste, un a eu l’œil sorti de son orbite par une baïonnette. On dirait le film Very Bad Trip version XVIIIe siècle, qui a vraiment, mais vraiment mal tourné. Ce jour là, il sont vingt-deux a monté en charrette (Le Bas n'y est évidemment pas emmené, il est inhumé) direction Place de la Révolution, aujourd'hui Place de la Concorde, beaucoup moins meurtrière aujourd'hui.

C'était la fin d'après-midi parisien, presque aussi chaude qu'aujourd'hui, avec une foule amassée pour admirer le spectacle macabre. Le couperet tomba mainte et mainte fois. Des membres de la Commune, Augustin, Saint-Just, CouthonMaximilien de Robespierre fut l'avant-dernier. On lui retira le bandage à la mâchoire et quelques instants plus tard, sa tête est montrée au peuple sous les applaudissements. Les vingt-deux têtes furent placés dans un coffre et les troncs sur une charrette, direction la fosse commune au cimetière des Errancis et les corps recouverts de chaux. La purge continua les jours suivants, faisant au passage cent-sept morts … Aujourd'hui, ce cimetière n'existe plus, les robespierristes reposent aujourd'hui dans les catacombes, au milieu d'autres figures de la Révolution, mais aussi de pas mal de guillotinés, ironie du sort sans doute !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire