Il était temps de faire
la suite, cela aurait été d'un suspense insoutenable de ne pas
savoir ce que j'ai fait de mon dimanche des Journées du Patrimoine
2015 ! Une journée assez tranquille, ensoleillée, des
conditions idéales pour entrer dans les plus beaux monuments de
Paris. Cette journée sera mise sous le signe de la connaissance et
de la culture. Pour savoir ce que j'ai fait de mon dimanche, suivez
moi …
Après une passionnante
journée de samedi, que je vous ai raconté il y a peu, j'étais plus
que motivée à repartir sillonner Paris pour de nouvelles aventures.
Deux visites de programmées, cela peut paraître pas grand chose,
mais il y avait assez à voir dans les deux pour savourer une journée
riche en découverte. Toujours accompagnée de Pipou et de mes
belettes, nous voici parties dans les beaux quartiers de Paris.
Le Collège de France
Voici un endroit dont
l'organisation remonte au XVIe siècle, avec un bâtiment XVIIe puis
XVIIIe, normal, pas de quoi se perdre. Je ne porte pas une profonde
adoration pour François Ie (pas
du même), mais il s'agit tout de même d'un de ses plus grands
accomplissements.
Je n'ai pas dit idée car
elle ne vient pas de lui. C'est Guillaume
Budé, maître de la librairie royale, qui suggère au
monarque de créer un collégiale de lecteurs royaux en 1530.
Qu'est ce donc ? Il s'agirait de grands humanistes chercher
d'enseigner ce que l'Université de Paris ne faisait pas. Leur devise
est « Docet omnia » (il enseigne tout), cela traduit la
volonté de transmettre le savoir aux hommes. Oui qu'aux hommes, les
femmes ne sont que des ventres et des brodeuses, ne l'oublions pas
(ironie inside). Tout d'abord au Louvre, les lecteurs royaux sont
transférés dans deux hôtels parisiens. Henri
IV a le projet de réunir tout ce beau monde ainsi que la
Bibliothèque royale, mais meurt assassiné, c'est son fils Louis
XIII qui pose la première pierre du bâtiment en 1610,
qui ne sera que partiellement réalisé. Il faudra attendre les
années 1770 pour que l'architecte Chalgrin, mandaté par Louis
XV, construise enfin le Collège Royal dans sa base
actuelle, avec une extension sous la Monarchie de Juillet.
D'autres bâtiments se sont construit au fil du XXe siècle et l'aile
des civilisations est le dernier projet en cours.
On y trouve sept grandes
disciplines : mathématiques, physique, sciences naturelles,
philosophie & sociologie, sciences historiques, philologiques et
archéologiques. Aujourd'hui, tout le monde peut y prendre des cours,
sans inscription, et peut même obtenir un diplôme. Même les
femmes, les temps changent !
En haut : statue Guillaume Budé, portique à décor pompéien dans la cour Letarouilly. En bas : aperçu du rouleau japonais de 7 mètres, buste de François Ie |
La visite était vraiment
intéressante. On a pu tout d'abord visiter la cour intérieur avec
la statue de son fondateur, Guillaume Budé, et de longues plaques
pour tous les directeurs qui se sont succédés au fil des siècles,
et il y en a un paquet ! S'en suit une exposition au sous-sol.
Sur le site des journées du Patrimoine, on nous annonçait cela
comme une exposition de livres rares et c'est en fait bien plus
intéressant que cela.
Dans le grand foyer au
sous-sol se trouvait une exposition d'objets, de livres rares sur
différentes civilisations. Européenne, mais aussi asiatique,
indienne, américaine … Dans les vitrines se trouvaient un coran
iranien du XIXe siècle magnifique avec des décors en or, une statue
en hiéroglyphe de la XXVIe dynastie, un manuscrit arménien du XVe
siècle avec une reliure en cuir de veau, … Ce qui m'a le plus
marqué, c'est ce très rouleau de 7 mètres intitulé « fête du roi
de la Montagne de Hie », datant du XVIIe siècle japonais. Ils
n'avaient pas pu tout dérouler, et même s'il s'agissait d'un
fac-similé, on pouvait voir tout le travail des artistes de
l'époque, le souci du décor et de la mise en scène. L'autre
vitrine marquante fut celle où l'on retrouvait des poupées
katsinam. Qu'est-ce ? Il s'agit de poupées abritant des esprits
bénéfiques servant d'intermédiaire entre les dieux et le peuple
Hopis d'Arizona. Elles permettent notamment aux enfants de se
familiariser avec la culture du peuple et avec chaque esprit. Ma
préférée a été la Hee'e, ressemblant à une petite fille avec
ses couettes, mais alors une petite fille bien flippante, qui sert de
gendarme, n'hésitant pas à fouetter les enfants pas sages. Ca
devait marcher droit chez les Hopis apparemment
Vitrine des Katsinam |
Au premier étage, la
salle d'assemblée ne pouvait pas être photographié mais était
rassemblé de nombreux ouvrages dans les rayonnages de la
bibliothèque, et sur la table centrale, des objets ou ouvrages de
grandes personnalités ayant poussé les portes du Collège. Un
endroit magnifique où on découvre un dictionnaire grec-latin, un
des premiers microscopes et des traités scientifiques intéressants.
Évidemment que j'ai aimé cet endroit, vous me mettez des vieux
livres, je vous aime de suite. Ce fut une visite très instructive et
un magnifique endroit. Avec mes compagnes de visites, nous avons
décidé d'aller sans doute à quelques cours. Si cela vous intéresse
aussi, je vous donne le PDF des différents cours proposés cette
année, cliquez ici.
L'Institut de France – Bibliothèque mazarine
Après une pause déjeuner
et un tour chez les bouquinistes, voici l'Institut de France. Encore
un droit symbolique, un symbole de rayonnement culturel à travers le
monde, un bâtiment sublime et toujours des livres. Ce fut le thème
de la journée, je pense ! Entrons à présent dans le temps de
la culture française …
Au départ, pas question de regrouper les différentes académies
présentes en France. La toute première, l'Académie française
est fondée par le cardinal de Richelieu
en 1635, elle veille sur la
langue française et élabore le dictionnaire, ainsi que la défense
de la francophonie. Les quarante membres siègent tout d'abord au
Louvre puis en 1672 au Collège
des Quatre-Nations, l'actuel bâtiment ; vint ensuite
l'Académie
des inscriptions et belles-lettres,
fondée par Jean-Baptiste
Colbert en 1663,
elle veut favoriser la diffusions des connaissances dans différents
domaines comme l'histoire, l'archéologique, l'histoire de l'art, ….
elle fut longtemps appelée la « petite
académie ». L'Académie
des sciences fut crée à son tour,
toujours par Colbert
en 1666,
pour contribuer au progrès des sciences et de leurs applications, au
travers de la recherche et l'enseignement des sciences.
Il
fallut plus d'un siècle pour fonder les deux dernières académies :
l'Académie des sciences morales et
politiques, créée en 1795
en plein Directoire, elle fut supprimée par Napoléon
Bonaparte en 1803,
et le ministre
François Guizot la fait
rétablir en 1832.
On y parle des grandes questions relatives à la société au travers
de la philosophie, la morale, l'économie politique ou encore
l'économie politique ; Enfin la petite dernière n'est autre
que l'Académie des beaux-arts,
fondée en 1816,
qui regroupe différentes académies royales du XVIIe siècle :
l'Académie royale de peinture et de
sculpture (1648),
de l'Académie royale de musique
(1669) et
de l'Académie royale d'architecture
(1671).
Elle soutient la création artistique et attribue de nombreux prix.
En haut : vue du bâtiment depuis la cour, buste d'Henri d'Orléans, duc d'Aumale ; En bas : tombeau de Mazarin, coupole de l'Institut. |
Du beau monde passa dans
ces différentes académies. En trois ou quatre siècles, il y en a
eu, je vais juste faire une petite liste qui parle à tout le monde !
A l'Académie française : Pierre
Séguier, Alexandre Dumas fils, Georges Clemenceau, Alphonse de
Lamartine, Pierre Loti, Pierre Corneille, Victor Hugo,
François-Timoléon de Choisy, Henri d'Orléans, Charles Perrault,
… et plus récemment Jean
d'Ormesson et Max Gallo.
Marguerite
Yourcenar fut la première femme
académicienne en … 1980 !
Depuis, sept autres femmes ont pu s'asseoir sur un des quarante
sièges, cinq s'y trouvent encore comme Simone
Weil ou Hélène
Carrère d'Encausse. Il ne faut pas
oublier que l'Académie des sciences refusa la mathématicienne
Émilie du Châtelet en
1749 et Marie Curie !
Même avec un Prix Nobel, on ne vous accepte pas …
Dans les autres
académies, on peut citer Charles-Maurice de
Talleyrand-Périgord et Prosper Mérimée aux
Belles-lettres ; Antoine Lavoisier et Pierre
Curie (mais pas sa femme) aux sciences ; Gustave
Morau et Jean-Antoine Houdon aux Beaux-arts.
Depuis la fin du XIXe
siècle, l'Institut de France se donne dans la conservation du
patrimoine. Cela commença avec Henri
d'Orléans, duc d'Aumale, qui légua le domaine de
Chantilly. Appartiennent aussi, entre autre, le château de Langeais,
le musée Jacquemart-André ou l'abbaye de Chaalis.
J'ai beaucoup aimé
visiter cet endroit chargé d'histoire. On y trouve le tombeau du
cardinal Mazarin, qui a légué
une partie de sa fortune à l'ancien collège des Quatre-Nations,
mais aussi sa bibliothèque que nous verrons plus bas. Se retrouver
sous la coupole, à imaginer tout ce beau monde dans l'uniforme vert
imposé par Napoléon Bonaparte, on se trouve au centre même
du patrimoine français défendu corps et âme par cette poignée de
personnes.
J'aurais bien voulu en
voir plus, et si l'exposition sur les différentes académies fut
intéressante, j'aurais adoré visité d'autres salles montrées dans
la brochure, comme les salles des séances, la bibliothèque de
l'Institut ou d'autres belles salles.
Heureusement que pour
combler ma soif d'amour des beaux endroits et des livres, la
bibliothèque mazarine était ouverte, pour en mettre pleins les
mirettes !
Elle doit son nom au
cardinal Jules Mazarin, grand
collectionneur de livres, rassemblée par un bibliothécaire du nom
de Gabriel Naudé, et elle fut le
première bibliothèque publique de France, puisqu'ouverte en 1643.
Dans son testament, Mazarin décidé de la léguer au collège des
Quatre-Nations. Elle resta ouverte durant la Révolution grâce à
son caractère public, elle fut même enrichit par le bibliothécaire
de l'époque, l'abbé Leblond, grâce aux ouvrages confisqués
à la noblesse. Aujourd'hui encore elle continue de se développer
via les dons ou achats. La bibliothèque possède aujourd'hui environ
500 000 ouvrages imprimés (dont 2300
incunables, c'est à dire imprimés avant 1501), 5000
manuscrits et de nombreuses œuvres d'art. Tout le monde peut s'y
rendre puisqu’elle est toujours ouverte au public.
En haut : entrée de la bibliothèque, vue des étagères avec échelles ; En bas : exemple de mazarinade, globe céleste de Coronelli (1673) |
Tous ces livres jusqu'au
plafond, ces échelles pour grimper et se croire dans la Belle et la
Bête, ces trompe-l'oeil pour cacher de minuscules escaliers pour
accéder à l'étage, ces boiseries, ce décor XVIIe (conçu par
Pierre Le Muet en 1647), et surtout tous ces ouvrages
anciens à en perdre la tête, j'étais tout bonnement ravie. Si
j'étais restée étudiante en histoire, je pense que j'aurais passé
mes heures de révision dans ces lieux somptueux. Avec ces tables en
bois et ces petites lampes vertes, on se trouve vraiment dans ces
bibliothèques à l'ancienne, une atmosphère feutrée.
Pour couronner le tout,
il y avait une exposition sur les Mazarinades. Qu'est ce
donc ? Durant la Fronde (1648-1653) qui fut la grande révolte
nobiliaire, parlementaire et bourgeoise contre le gouvernement du
cardinal Mazarin, à la tête de la régence du jeune roi
Louis XIV avec la reine-mère Anne d'Autriche. Comme à
l'époque Internet n'existait pas, on placardait des pamphlets, ou on
se les refilait sous le manteau. Près de 6 000 pamphlets parurent en
cinq ans, à Paris mais aussi en province, généralement imprimés
en tirages importants ou répétés. Le mot Mazarinade vint du poète
Paul Scarron dans l'un de ses nombreux écrits, et le bon mot
fut resté. J'adore le XVIIe siècle, et particulièrement le siècle
de Louis XIV, il était donc des plus amusants de voir ces ouvrages
si bien conservés sur le « méchant » cardinal Mazarin …
qui a tout de même triomphé à la fin.
Encore une belle journée
et des beaux endroits, il me tarde l'année prochaine pour de
nouvelles aventures dans ces lieux toujours plus somptueux ! Et
vous, avez vous déjà visité ces endroits ? Qu'en pensez
vous ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire