dimanche 27 septembre 2015

Journées du Patrimoine, jour 2 : dimanche 20 septembre




Il était temps de faire la suite, cela aurait été d'un suspense insoutenable de ne pas savoir ce que j'ai fait de mon dimanche des Journées du Patrimoine 2015 ! Une journée assez tranquille, ensoleillée, des conditions idéales pour entrer dans les plus beaux monuments de Paris. Cette journée sera mise sous le signe de la connaissance et de la culture. Pour savoir ce que j'ai fait de mon dimanche, suivez moi …


Après une passionnante journée de samedi, que je vous ai raconté il y a peu, j'étais plus que motivée à repartir sillonner Paris pour de nouvelles aventures. Deux visites de programmées, cela peut paraître pas grand chose, mais il y avait assez à voir dans les deux pour savourer une journée riche en découverte. Toujours accompagnée de Pipou et de mes belettes, nous voici parties dans les beaux quartiers de Paris. 

Le Collège de France


Voici un endroit dont l'organisation remonte au XVIe siècle, avec un bâtiment XVIIe puis XVIIIe, normal, pas de quoi se perdre. Je ne porte pas une profonde adoration pour François Ie (pas du même), mais il s'agit tout de même d'un de ses plus grands accomplissements.

Je n'ai pas dit idée car elle ne vient pas de lui. C'est Guillaume Budé, maître de la librairie royale, qui suggère au monarque de créer un collégiale de lecteurs royaux en 1530. Qu'est ce donc ? Il s'agirait de grands humanistes chercher d'enseigner ce que l'Université de Paris ne faisait pas. Leur devise est « Docet omnia » (il enseigne tout), cela traduit la volonté de transmettre le savoir aux hommes. Oui qu'aux hommes, les femmes ne sont que des ventres et des brodeuses, ne l'oublions pas (ironie inside). Tout d'abord au Louvre, les lecteurs royaux sont transférés dans deux hôtels parisiens. Henri IV a le projet de réunir tout ce beau monde ainsi que la Bibliothèque royale, mais meurt assassiné, c'est son fils Louis XIII qui pose la première pierre du bâtiment en 1610, qui ne sera que partiellement réalisé. Il faudra attendre les années 1770 pour que l'architecte Chalgrin, mandaté par Louis XV, construise enfin le Collège Royal dans sa base actuelle, avec une extension sous la Monarchie de Juillet. D'autres bâtiments se sont construit au fil du XXe siècle et l'aile des civilisations est le dernier projet en cours.
On y trouve sept grandes disciplines : mathématiques, physique, sciences naturelles, philosophie & sociologie, sciences historiques, philologiques et archéologiques. Aujourd'hui, tout le monde peut y prendre des cours, sans inscription, et peut même obtenir un diplôme. Même les femmes, les temps changent !

En haut : statue Guillaume Budé, portique à décor pompéien dans la cour Letarouilly.
En bas : aperçu du rouleau japonais de 7 mètres, buste de François Ie

La visite était vraiment intéressante. On a pu tout d'abord visiter la cour intérieur avec la statue de son fondateur, Guillaume Budé, et de longues plaques pour tous les directeurs qui se sont succédés au fil des siècles, et il y en a un paquet ! S'en suit une exposition au sous-sol. Sur le site des journées du Patrimoine, on nous annonçait cela comme une exposition de livres rares et c'est en fait bien plus intéressant que cela.
Dans le grand foyer au sous-sol se trouvait une exposition d'objets, de livres rares sur différentes civilisations. Européenne, mais aussi asiatique, indienne, américaine … Dans les vitrines se trouvaient un coran iranien du XIXe siècle magnifique avec des décors en or, une statue en hiéroglyphe de la XXVIe dynastie, un manuscrit arménien du XVe siècle avec une reliure en cuir de veau, … Ce qui m'a le plus marqué, c'est ce très rouleau de 7 mètres intitulé « fête du roi de la Montagne de Hie », datant du XVIIe siècle japonais. Ils n'avaient pas pu tout dérouler, et même s'il s'agissait d'un fac-similé, on pouvait voir tout le travail des artistes de l'époque, le souci du décor et de la mise en scène. L'autre vitrine marquante fut celle où l'on retrouvait des poupées katsinam. Qu'est-ce ? Il s'agit de poupées abritant des esprits bénéfiques servant d'intermédiaire entre les dieux et le peuple Hopis d'Arizona. Elles permettent notamment aux enfants de se familiariser avec la culture du peuple et avec chaque esprit. Ma préférée a été la Hee'e, ressemblant à une petite fille avec ses couettes, mais alors une petite fille bien flippante, qui sert de gendarme, n'hésitant pas à fouetter les enfants pas sages. Ca devait marcher droit chez les Hopis apparemment

Vitrine des Katsinam

Au premier étage, la salle d'assemblée ne pouvait pas être photographié mais était rassemblé de nombreux ouvrages dans les rayonnages de la bibliothèque, et sur la table centrale, des objets ou ouvrages de grandes personnalités ayant poussé les portes du Collège. Un endroit magnifique où on découvre un dictionnaire grec-latin, un des premiers microscopes et des traités scientifiques intéressants. Évidemment que j'ai aimé cet endroit, vous me mettez des vieux livres, je vous aime de suite. Ce fut une visite très instructive et un magnifique endroit. Avec mes compagnes de visites, nous avons décidé d'aller sans doute à quelques cours. Si cela vous intéresse aussi, je vous donne le PDF des différents cours proposés cette année, cliquez ici.

L'Institut de France – Bibliothèque mazarine


Après une pause déjeuner et un tour chez les bouquinistes, voici l'Institut de France. Encore un droit symbolique, un symbole de rayonnement culturel à travers le monde, un bâtiment sublime et toujours des livres. Ce fut le thème de la journée, je pense ! Entrons à présent dans le temps de la culture française …

Au départ, pas question de regrouper les différentes académies présentes en France. La toute première, l'Académie française est fondée par le cardinal de Richelieu en 1635, elle veille sur la langue française et élabore le dictionnaire, ainsi que la défense de la francophonie. Les quarante membres siègent tout d'abord au Louvre puis en 1672 au Collège des Quatre-Nations, l'actuel bâtiment ; vint ensuite l'Académie des inscriptions et belles-lettres, fondée par Jean-Baptiste Colbert en 1663, elle veut favoriser la diffusions des connaissances dans différents domaines comme l'histoire, l'archéologique, l'histoire de l'art, …. elle fut longtemps appelée la « petite académie ». L'Académie des sciences fut crée à son tour, toujours par Colbert en 1666, pour contribuer au progrès des sciences et de leurs applications, au travers de la recherche et l'enseignement des sciences.
Il fallut plus d'un siècle pour fonder les deux dernières académies : l'Académie des sciences morales et politiques, créée en 1795 en plein Directoire, elle fut supprimée par Napoléon Bonaparte en 1803, et le ministre François Guizot la fait rétablir en 1832. On y parle des grandes questions relatives à la société au travers de la philosophie, la morale, l'économie politique ou encore l'économie politique ; Enfin la petite dernière n'est autre que l'Académie des beaux-arts, fondée en 1816, qui regroupe différentes académies royales du XVIIe siècle : l'Académie royale de peinture et de sculpture (1648), de l'Académie royale de musique (1669) et de l'Académie royale d'architecture (1671). Elle soutient la création artistique et attribue de nombreux prix.

En haut : vue du bâtiment depuis la cour, buste d'Henri d'Orléans, duc d'Aumale ;
En bas : tombeau de Mazarin, coupole de l'Institut.

Du beau monde passa dans ces différentes académies. En trois ou quatre siècles, il y en a eu, je vais juste faire une petite liste qui parle à tout le monde !

A l'Académie française : Pierre Séguier, Alexandre Dumas fils, Georges Clemenceau, Alphonse de Lamartine, Pierre Loti, Pierre Corneille, Victor Hugo, François-Timoléon de Choisy, Henri d'Orléans, Charles Perrault, … et plus récemment Jean d'Ormesson et Max Gallo.
Marguerite Yourcenar fut la première femme académicienne en … 1980 ! Depuis, sept autres femmes ont pu s'asseoir sur un des quarante sièges, cinq s'y trouvent encore comme Simone Weil ou Hélène Carrère d'Encausse. Il ne faut pas oublier que l'Académie des sciences refusa la mathématicienne Émilie du Châtelet en 1749 et Marie Curie ! Même avec un Prix Nobel, on ne vous accepte pas …

Dans les autres académies, on peut citer Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord et Prosper Mérimée aux Belles-lettres ; Antoine Lavoisier et Pierre Curie (mais pas sa femme) aux sciences ; Gustave Morau et Jean-Antoine Houdon aux Beaux-arts.

Depuis la fin du XIXe siècle, l'Institut de France se donne dans la conservation du patrimoine. Cela commença avec Henri d'Orléans, duc d'Aumale, qui légua le domaine de Chantilly. Appartiennent aussi, entre autre, le château de Langeais, le musée Jacquemart-André ou l'abbaye de Chaalis.

J'ai beaucoup aimé visiter cet endroit chargé d'histoire. On y trouve le tombeau du cardinal Mazarin, qui a légué une partie de sa fortune à l'ancien collège des Quatre-Nations, mais aussi sa bibliothèque que nous verrons plus bas. Se retrouver sous la coupole, à imaginer tout ce beau monde dans l'uniforme vert imposé par Napoléon Bonaparte, on se trouve au centre même du patrimoine français défendu corps et âme par cette poignée de personnes.
J'aurais bien voulu en voir plus, et si l'exposition sur les différentes académies fut intéressante, j'aurais adoré visité d'autres salles montrées dans la brochure, comme les salles des séances, la bibliothèque de l'Institut ou d'autres belles salles.

Heureusement que pour combler ma soif d'amour des beaux endroits et des livres, la bibliothèque mazarine était ouverte, pour en mettre pleins les mirettes !

Elle doit son nom au cardinal Jules Mazarin, grand collectionneur de livres, rassemblée par un bibliothécaire du nom de Gabriel Naudé, et elle fut le première bibliothèque publique de France, puisqu'ouverte en 1643. Dans son testament, Mazarin décidé de la léguer au collège des Quatre-Nations. Elle resta ouverte durant la Révolution grâce à son caractère public, elle fut même enrichit par le bibliothécaire de l'époque, l'abbé Leblond, grâce aux ouvrages confisqués à la noblesse. Aujourd'hui encore elle continue de se développer via les dons ou achats. La bibliothèque possède aujourd'hui environ 500 000 ouvrages imprimés (dont 2300 incunables, c'est à dire imprimés avant 1501), 5000 manuscrits et de nombreuses œuvres d'art. Tout le monde peut s'y rendre puisqu’elle est toujours ouverte au public.

En haut : entrée de la bibliothèque, vue des étagères avec échelles ;
En bas : exemple de mazarinade, globe céleste de Coronelli (1673)
Tous ces livres jusqu'au plafond, ces échelles pour grimper et se croire dans la Belle et la Bête, ces trompe-l'oeil pour cacher de minuscules escaliers pour accéder à l'étage, ces boiseries, ce décor XVIIe (conçu par Pierre Le Muet en 1647), et surtout tous ces ouvrages anciens à en perdre la tête, j'étais tout bonnement ravie. Si j'étais restée étudiante en histoire, je pense que j'aurais passé mes heures de révision dans ces lieux somptueux. Avec ces tables en bois et ces petites lampes vertes, on se trouve vraiment dans ces bibliothèques à l'ancienne, une atmosphère feutrée.

Pour couronner le tout, il y avait une exposition sur les Mazarinades. Qu'est ce donc ? Durant la Fronde (1648-1653) qui fut la grande révolte nobiliaire, parlementaire et bourgeoise contre le gouvernement du cardinal Mazarin, à la tête de la régence du jeune roi Louis XIV avec la reine-mère Anne d'Autriche. Comme à l'époque Internet n'existait pas, on placardait des pamphlets, ou on se les refilait sous le manteau. Près de 6 000 pamphlets parurent en cinq ans, à Paris mais aussi en province, généralement imprimés en tirages importants ou répétés. Le mot Mazarinade vint du poète Paul Scarron dans l'un de ses nombreux écrits, et le bon mot fut resté. J'adore le XVIIe siècle, et particulièrement le siècle de Louis XIV, il était donc des plus amusants de voir ces ouvrages si bien conservés sur le « méchant » cardinal Mazarin … qui a tout de même triomphé à la fin.


Encore une belle journée et des beaux endroits, il me tarde l'année prochaine pour de nouvelles aventures dans ces lieux toujours plus somptueux ! Et vous, avez vous déjà visité ces endroits ? Qu'en pensez vous ?  

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