Je pourrais parler de
ma grosse flemme pour écrire malgré mes idées, mais ce n'était le
but du post ni du blog. Aujourd'hui, on parle encore d'un mariage,
vous voyez qu'on ne parle pas que de morts sur ce blog ! Un
mariage d'amour, secret, de nuit, entre le plus grand Roi du monde et
une femme à l'ascension fulgurante, de la prison de Niort à
Versailles. Aujourd'hui, partons au XVIIe siècle pour le mariage de
Louis XIV et madame de Maintenon …
On a déjà parlé de
mariage ici, mais il s'agissait d'un mariage politique, dans un but
de paix et de tolérance religieuse, on sait où cela a mené. Un
siècle plus tard, autre époque, autre lieu, on apprend que le roi
de France Louis XIV épouse Françoise d'Aubigné,
marquise de Maintenon, gouvernante de ses bâtards qu'il a eu avec
Athénaïs de Montespan. Il faut dire que le souverain vient
de perdre son épouse, la reine Marie-Thérèse d'Autriche le
30 juillet 1683, tristement décédée d'un abcès au bras.
Mais à peine à Saint-Denis, on pensait déjà à remplacer la
défunte souveraine. Il faut dire que Louis XIV a
quarante-cinq ans, toute sa prestance et en bonne santé (ni
l'arrachage du palais ni la fistules ne sont encore passées), et n'a
pas beaucoup d'héritier : un fils légitime qui a lui-même un
fils, pour l'instant. Alors peut être, trouver une nouvelle
princesse pour devenir reine de France ne serait pas un luxe. En
attendant, deux femmes se partagent cette place : madame la
dauphine Marie Anne de Bavière, épouse du Dauphin, et Madame
la princesse Palatine, épouse de Philippe d'Orléans, Monsieur
le frère du Roi. Madame de Maintenon ? Elle z pour mission de
le ramener sur le droit chemin de la rédemption, loin du pêché.
Comment ? En devenant sa maîtresse et couchant avec lui,
logique.
Deux prétendantes se
démarquent pour le futur mariage du souverain : la première
est Isabelle du Portugal, jeune princesse de quatorze ans, qui
fut pressentie pour épouser le futur duc de Savoie, puis le futur
Grand Duc de Toscane. Elle ne fut pas choisie. Sa famille essayera de
la marier à Charles II d'Espagne, le duc de Parme et le comte
palatin de Neubourg, mais aucune de ses tractations n'aura lieu et la
Siempre-Nova (« toujours engagée ») comme on
l'appelle, décédera en 1691 à l'âge de vingt et un ans de la
variole. Prétendante suivante !
L'autre demoiselle est
Anne-Marie-Louise de Médicis, fille du grand-duc de Toscane
Cosme III, une jolie demoiselle dont la famille est menacée
d'extinction. A seize ans, c'est une très jolie demoiselle instruite
que son père cherche à marier absolument. Là encore, n'y voyant
aucun intérêt politique, Louis XIV refusera cette union. On
reparlera d'elle à la Cour de France quand le Dauphin sera veuf,
mais finalement elle épousera le comte palatin de Neubourg (oui
celui dont on parlait au-dessus). Elle sera la dernière des Médicis
et laissera tout ce qu'elle possède à l’État de Toscane, c'est à
dire les fameuses collections que l'on peut trouver à Florence.
Alors qui pour succéder
à Marie-Thérèse ? Il y avait bien entendu des rumeurs, on
l'appelait, derrière son dos bien sûr, Madame de Maintenant ;
le souverain l'appelait Votre Solidité, c'est dire la place
qu'elle prenait dans sa vie : Françoise d'Aubigné fut
logique. Mais le roi avait peur d'une mésalliance, non à cause des
sentiments, mais qu'elle n'est marquise que grâce à lui, veuve d'un
poète handicapé auteur de mazarinades … Louis XIV avait peur de
paraître ridicule face à l'Europe. Pourtant l'Eglise ne voyait pas
cela d'un mauvais œil, il fallut que trois ecclésiastiques
s'associent pour lui faire entendre raison : Bossuet,
l'archevêque de Paris monseigneur de Harley et son confesseur le
père de la Chaise. Et encore, cela prit des semaines ! L'abbé
de Choisy sait résumer la situation : « Il ne voulait pas
se marier par tendresse pour son peuple. D'un autre côté, il ne
pouvait se passer de femme. Madame de Maintenon lui plaisait fort :
son esprit doux et insinuant lui promettait une conversation agréable
et capable de le délasser des soucis de la royauté. La personne
était encore aimable, et son âge la mettait hors d'état d'avoir
des enfants. ».
Passons au mariage. A
dire vrai, on ne sait pas vraiment la date, il n'y avait pas
d'archives, mais comme toujours les langues se sont déliées après
cet événement. Point de grande cérémonie, ni même d'invités. Il
s'agissait d'un mariage morganatique, c'est à dire une union avec
une personne de rang inférieur, et s'il y avait eu des enfants, ils
n'auraient pas été dynastes. Mais à quarante-huit ans, peu de
chance que Françoise accouche d'un enfant ! Et puis cela s'est
déjà fait, le roi Christian IV de Danemark avait épousé Christine
Munk, une noble danoise de rang inférieure. Alors avec ce genre de
mariage, pas de titre de reine, pas de couronnement ni rien
d'officiel. Car oui, le souverain français laissera planer le doute
sur cette union auprès des courtisans, même si tout le monde
comprend que quelque chose a changé.
C'est donc dans un salon
de l'appartement royal où Bossuet fit la messe à voix basse, que
l'archevêque de Paris bénit les nouveaux époux devant le
confesseur père de La Chaise, le premier valet du roi Alexandre
Bontemps et monsieur de Montchevreuil, un protégé de la mariée.
Tout fut organisé dans le plus grand secret et peu de gens fut
véritablement au courant.
Louis XIV est un peu
extrême dans sa façon de voir les choses : il refuse que
quiconque fasse allusion à ce possible mariage, et n'en a même pas
informé son fils ou son frère par exemple. Pourtant un jour que
Philippe d'Orléans, Monsieur son frère vint lui rendre visite, la
situation était flagrante : le roi venait de faire un lavement
(glamour ! ) et madame de Maintenon se trouvait dans la pièce.
La roi a eu cette phrase : « Mon frère, à la manière
dont vous me voyz avec Madame, vous devinez bien ce qu'elle m'est. »
Sans prononcer les mots mariage, union, ma femme ou épouse, les
choses sont dites. Pourtant cette union est une façon d'être en
paix avec lui-même d'un point de vue religieux, même s'il se
permettra toujours quelques incartades
Après trois années de
liaison, les deux époux allaient faire commune pendant encore
trente-deux années, jusqu'en septembre 1715 où le monarque se rend
à Dieu. Tout ne fut pas parfait, loin de là même, chacun ayant son
caractère et l'âge n'arrangeant rien les choses, mais il faut
avouer que cette situation, unique dans l'histoire de France, ne fut
autant une fascination et autant un mystère à la fois …
"L'allée du Roi" : cette histoire d'amour est superbement racontée par Françoise Chandernagor qui a inspiré Nina Companéez dans son beau téléfilm. Françoise d'Aubigné est touchante.
RépondreSupprimerBravo pour cet article d'anniversaire de mariage.
J'adore la figure de Françoise d'Aubigné et ce mariage me plaît car Louis XIV semble enfin prendre une décision sérieuse concernant sa vie conjugale. Le fait que ce soit secret est hallucinant (selon moi) !
RépondreSupprimerLouis XIV était quelqu'un de très secret, ce qui tranche complètement au fait de mettre sa vie en scène. C'est fous quand même !
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