Je suis une mamie, je
pars toujours aux mêmes endroits. Je ne quitte Paris que pour me
rendre tous les mois dans l'Hérault, et parfois à Nantes. Le reste,
je n'y mets plus vraiment les pieds depuis des lustres. Alors me voir
à Metz, cela relève un peu du miracle. Bon d'accord, un miracle
amical, une invitation d'amies pour se retrouver après trois années
sans se voir. La priorité ne fut donc pas les visites mais j'ai pu
faire à plusieurs reprises le tour du centre ville, dont je ne me
souvenais à peine lorsque je suis venue il y a une douzaine
d'années. J'ai adoré cette ville (sinon je n'en ferais pas un
article, je ne veux pas être blacklistée par des offices de
tourisme), et j'ai hâte d'y retourner. Allez, suivez moi …
La dernière que je suis
venue à Metz, je n'étais pas encore majeure, le TGV Est n'existait
pas et je mettais environ trois heures de train corail pour faire
Paris-Metz. Je me souviens de tour en bateau sur la Moselle et s'y
baigner une chaude après-midi d'été. De la ville en elle-même,
peu de souvenirs, sauf ce temple protestant sombre au bord de l'eau.
VOILA. Souvenirs assez maigre de la ville, même si j'en gardais un
bon souvenir. Alors quand une amie d'IUT et Licence pro m'a proposée
de rejoindre une autre amie à Metz pour se revoir, je n'ai pas su
dire non, et je n'en avais pas envie ! J'y suis restée
exactement
25 heures : arrivée samedi à 15h et repartie
le dimanche à 16h, cela laissait un temps très (trop) court pour
vraiment visiter, il ne faut pas oublier qu'il y a des retrouvailles
aussi, question de priorité. Heureusement que notre messine
connaissait la ville comme sa poche et a su aller à l'essentiel pour
nous présenter sa superbe ville. Si vous me suivez sur
Instagram,
vous avez déjà eu un aperçu de mes photos.
Petits points de repère
Mais qu'est-ce donc que
cette ville ? D'un point de vue géographique, Metz se
situe dans le département de la Moselle (dont elle est le
chef-lieu), dans la région Lorraine, et actuellement la nouvelle
grande région Alsace-Lorraine-Champagne Ardennes. On trouve des
traces de vie humaine depuis environ 200 000 ans avant Jésus Christ,
possédait déjà une ville à l'époque gallo-romaine, une des plus
grandes capitales gauloises exactement, puis intégré à l'Empire
Romain, pouvant bénéficier des avancées de l'époque, comme un
amphithéâtre ou un aqueduc et devint un carrefour routier. On
trouve des édifices gallo-romains dans la ville, comme l'abbatiale
Saint-Pierre-aux-Nonnains, de centre thermale devenu édifice
religieux.
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Abbatiale Saint-Pierre-aux-Nonnains |
La ville continue son
ascension en devenue capitale du royaume d'Austrasie, appartenant aux
fils de Clovis 1e aux VIe et VIIe
siècles. D'ailleurs le palais royal se trouvait à l'actuel musée
de la Cour d'Or, derrière la cathédrale. J'avoue ne pas être calée
dans cette période du Moyen Âge, mais je sais que la dynastie
carolingienne avec Pépin le Bref (714-768)
et bien sûr son fils, le très connu Charlemagne,
où ses petits-fils se sont amusés à disloquer son empire, et les
héritiers après encore davantage, et Metz tombe dans les mains du
duché de Lorraine, devient une ville libre et une cité épiscopale,
tout comme ses voisines Toul et Verdun, qui deviendront plus tard les
Trois-Evéchés, trois villes riches et convoitées par la
France.
Durant la Renaissance,
Henri II (
mais si, on l'a déjàvu ! ) décide d'occuper ces villes et des les annexer à la
France, mais ne deviendra vraiment française qu'à la
Paix de
Westphalie en 1648 ! Dans ce traité mettant fin à la
guerre de Trente Ans où l'Europe s'est déchiré, la France montre
sa grande puissance en ce Grand Siècle. Elle continuera à prospérer
jusqu'en
1871, où Metz est rattaché à l'empire d'Allemagne
après la défaite de la guerre franco-prussienne, et le restera
jusqu'à l'armistice de la Première Guerre Mondiale, le
11
novembre 1918. Du moins jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale où
Metz à « l'honneur » de recevoir
Heinrich Himmler,
le grand manitou de la SS, et aussi
Adolf
Hitler en personne à Noël 1940. Il avait bien changé le
Père Noël dis donc …
Visite express
Le samedi, après les
retrouvailles, poser les sacs et discuter comme si on ne s'était
jamais vraiment quitté, nous sommes parties en balade, à la
découverte de la ville. Armée de
Pipou III, me voici parée
pour prendre en photo tout ce qui me semblait beau et intéressant,
autant dire beaucoup de choses. Mais quand on visite une ville, il
est important de commencer par …
La
nourriture ! Oui mademoiselle au fond, je vois que vous
suivez ! Alors avant toute véritable balade, un goûter
s'imposait ! Et pas n'importe où :
Aux Merveilleux,
pas très loin de la cathédrale, un endroit spécialisé dans les
cramiques, et les merveilleux donc, des meringues entourés de crème
fouettée, aux différentes saveurs au nom très révolutionnaire,
voire même Directoire. J'ai goûté au Magnifique, au praliné avec
des dessus des éclats de noisettes et d'amandes. Un véritable
délice, parfait pour se mettre d'aplomb pour la marche !
Passée par la place
des Armes pour observer la cathédrale et l'hôtel de
ville avant de remonter vers le musée de la Cour d'or,
puis monter jusqu'à Sainte-Ségolène pour redescendre et
longer la Moselle, ne la traverser que pour s'approcher de
l'opéra-théâtre et du Temple neuf, ce temple
protestant qui avait marqué mon souvenir par son architecture et sa
pierre de grès sombre. Revenir à la cathédrale et prendre une
autre direction avec la place de la République, puis l'Arsenal où
on a pu découvrir des statues comme des gisants de guerriers chinois
sous une banale grille étrange … tout comme cette petite chapelle
des Templiers du XIIe siècle. Avancer alors que le jour tombe
petit à petit et découvrir cette fameuse abbatiale de
Saint-Pierre-aux-Nonnains dont je vous ai parlé plus haut, la
plus vieille église de France datant du Ve siècle, d'anciennes
thermes apparemment, drôle d'association. Puis avancer place
Saint-Louis à la nuit tombée, avec ces vieilles demeures plus
tout à fait droites, datant du Moyen Âge. Une première balade des
plus vivifiantes, de quoi nous mettre en appétit et passer une
soirée au chaud, à discuter, boire un coup et se préparer pour le
lendemain.
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Eglise Sainte Ségolène |
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Opéra-théâtre |
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Le temple neuf |
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La chapelle des Templiers |
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Bâtiments de la place Saint-Louis, on devine les arcades en bas. |
Dimanche, après une
petite nuit et un gros petit déjeuner, nouvelle sortie, encore
beaucoup de marche mais aussi quelques visites, à commencer par la
cathédrale Saint-Etienne. Autrefois sanctuaire du saint, puis
basilique, les travaux de la cathédrale en elle-même débutent en
1240, l'époque de la construction de ces édifices un peu
partout en France. Pour comparaison, celle de Notre-Dame a débuté
en 1163. Crée dans un style gothique, on ne cessera de lui apporter
des modifications jusqu'au XXe siècle mais l'on peut diviser en deux
parties les grands travaux : de 1240 à 1380 pour la première
construction et de 1440 à 1552 pour les grandes modifications
voulues par le Saint Empire Romain Germanique. C'est ici qu'un grand
homme d'église fit ses premiers pas ecclésiastiques :
Jacques-Bénigne Bossuet, connu comme l'abbé Bossuet qui
prononça l'éloge funèbre de la princesse Henriette d'Angleterre en
1670 « Madame se meurt, Madame est morte. », grand
orateur et sorte de tampon entre le Pape et Louis XIV. Le toit fut
incendié par un feu d'artifice donné par l'empereur allemand
Guillaume 1e en 1877,
heureusement l'intérieur ne fut pas touché. Et si on veut parler
chiffres, la hauteur de la nef est de 41m et la largeur totale de
123m, de quoi donner le tournis …
Mais ce qui m'a le plus
plu à l'intérieur sont les différents vitraux. Les plus vieux
datent du XIIIe siècle, la rosace sur la façade du XIVe, il y en a
aussi du XVIe siècle. Rares de voir d'aussi vieux vitraux toujours
en place, surtout quand on vit à Paris … mais cela est encore plu
amusants de les voir se mélanger à des vitraux contemporains, dont
Jacques Villon (frère de Marcel
Duchamp), artiste cubiste principalement, ou encore de Marc
Chagall, artiste aux tendances surréalistes, qui
représente des scènes de l'Ancien Testament.
On y jouait de l'orgue
lorsque j'y suis entrée, comment ne pas adopter cet endroit grâce à
la musique ? Le son qui y résonnait était des plus sublime, et
entre les colonnes où l'on devinait les peintures, ces vitraux
colorés, cette rosace imposante et cette musique céleste, je ne
pouvais qu'adorer ces lieux. Il faut avouer que j'ai un gros faible
pour les églises, surtout dans le style gothique. Sans parler
religion, je trouve qu'il y a un travail exceptionnel, une maîtrise
de la précision incroyable dans ces cathédrales presque démesurées,
toujours debout après presque un millénaire d'existence.
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Extérieur de la cathédrale, en partie restaurée. |
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La nef, lumineuse. |
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Vitraux du XVIe siècle |
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Vitraux par Marc Chagall |
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Vitraux par Jacques Villon |
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Jacques Bénigne Bossuet, dit l'abbé Bossuet |
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La rosace de la cathédrale, toute en lumière |
La seconde visite fut
aussi une église, plus modeste : Saint-Maximin.
Originellement construite sur la voie romaine menant à Strasbourg au
Ve siècle, elle fut reconstruite dans le style qu'on lui connaît
actuellement au XIIe siècle, consacrée à Saint-Maximin, ancien
évêque de Trèves, seul le portail baroque date du XVIIIe siècle.
Un intérieur simple, avec un orgue des années 1970, en somme une
église classique … ou presque. Il n'y a qu'à regarder ces vitraux
et se dire que ces étoiles sont familières et que les dessins peu
communs. Et le verdict tombe : Jean
Cocteau a dessiné les vitraux.
J'imagine vos têtes,
j'ai fait la même, Jean Cocteau
qui réalise des vitraux pour une église catholique, cela sonne
étrangement, et pourtant. En 1961, on lui confia cette tâche,
mais il décède deux ans plus tard, le 11 octobre 1963, sans jamais
voir son œuvre posée, les vitraux intègrent l'église à partir du
11 septembre 1964 et jusque dans les années 80. Malheureusement,
il ne laissa aucun écrit pour comprendre ces dessins et on ne peut
se baser que sur des hypothèses. De certain, on sent une inspiration
de l'art africain avec une pointe de cubisme, plus facile à
travailler pour le traitement des vitraux. On y découvre un mélange
de dessins sacrés avec des inspirations plus insolites dont un
vitrail à la rose pour symboliser l'amour courtois mais aussi le
temps qui passe. Dans ce vitrail, j'y ai vu une référence facile
mais sublime au film La Belle et la Bête, un chef d'oeuvre du
cinéma que je ne me lasse pas de voir. Dans un autre, Cocteau se
représente lui-même dans une scène de mise au tombeau. On peut
trouver des symboles de la mythologie antique et des références à
Orphée notamment. Leurs couleurs, d'une majorité de bleu mais vives
pour la plupart, donnent envie de les contempler pendant des heures,
à chercher à comprendre, à admirer et à aimer.
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Façade baroque de Saint-Maximin |
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Intérieur de l'église |
Vitraux par Jean Cocteau
Et c'est déjà le retour
à Paris, un séjour bien trop court mais sous le signe des
retrouvailles aux beaux jours. Attendez vous à un prochain article,
sans doute avec des musées, comme celui de la Cour d'Or ou le
Pompidou-Metz, bref, de nouvelles aventures se préparent pour 2016 !
Très heureuse que Metz vous ait plu ! C'est une belle ville où Il y fait bon vivre et votre article en témoigne ! Merci !!
RépondreSupprimerC'est un plaisir :) Je reviendrais aux beaux jours, faire plus de visites et en parler encore !
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