Le week-end dernier,
je suis retournée dans un de mes musées préférés dont je n'avais
pas remis les pieds depuis quelques années. Dans un hôtel
particulier de style XVIIe siècle reconstruit au début XXe siècle,
on pénètre dans un intérieur d'une autre époque, on sent l'envie
du collectionneur de recréer une atmosphère au fil des pièces. Le
musée Nissim de Camondo allie à la fois l'histoire d'une dynastie
au destin tragique et un environnement d'un autre temps, presque
magique, tout pour me plaire à mon goût. J'espère vous donner
l'envie d'y faire un tour vous aussi …
Vous allez le savoir à
force, mais j'adore les musées d'artistes, comme Gustave Moreau ou
de collectionneurs, comme Jacquemart André (dont je dois vous faire
un article bientôt). Je trouve qu'il y a une âme supplémentaire à
s'imaginer que des personnes y ont vécu, ont pensé à faire de leur
demeure un musée pour le passer à la postérité. Et j'aime encore
plus cet endroit car l'esthétique du Siècle des Lumières est
splendide. Mais qui sont ces Camondo, et pourquoi un musée sur eux ?
Petit historique
Famille juive, les
Camondo sont des banquiers de
l'empire ottoman du début du XIXe siècle. Deux frères,
Abraham-Béhor et Nissim, s'installent à Paris sous le
Second Empire et construisirent deux hôtels particuliers côte à
côté aux abords du parc Monceau. Le fils de Nissim, le comte
Moïse de Camondo hérite de l'hôtel de ses parents en
1911. Déjà passionné de l'art du XVIIIe siècle, il
souhaite une demeure de taille à ses envies. Il fit démolir
l'immeuble, à l'exception des communs, et s'inspire du Petit Trianon
du Château d Versailles, par l'architecte René Sergent. La tâche
est de taille et d'une grande prouesse, puisque le premier étage est
en fait un rez-de-chaussée, avec accès sur un petit jardin côté
parc Monceau.
Moïse de Camondo
continue d'enrichir sa collection, tout en donnant un confort moderne
à sa demeure au travers d'un ascenseur, d'une cuisine dernier cri et
de monte-plats. A sa mort en 1935, le comte lègue sa demeure
à l'Union centrale des arts décoratifs (aujourd'hui le musée
des Arts Décoratifs). Mais pourquoi le nom de Nissim pour le
musée ? Tout simplement en hommage à son fils, Nissim
de Camondo (comme le grand-père), mort durant la Première
Guerre Mondiale. Le musée ouvre le 21 décembre 1936 et selon
la volonté de Moïse de Camondo, tous les objets, meubles
doivent rester à leur emplacement d'origine. Par souci pratique de
visite, des aménagements furent nécessaires.
Durant la guerre, par
nécessité, les collections sont transférées au château de
Valençay dans l'Indre, comme d'autres collections privées et
publiques, notamment de familles juives comme les Rotschild. Par
contre, Béatrice de Camondo,
dernière héritière du comte Moïse de Camondo, son mari et leur
deux enfants, sont déportés à Auschwitz-Birkenau durant
l'Occupation. La dynastie Camondo s'éteint …
Dynastie Camondo |
Ma visite
Les lieux se divisent en
trois parties aussi belles les unes que les autres : les
communs, le rez-de-chaussée haut de réception, le premier étage,
avec chacune ses particularités et son agencement.
Au niveau des
communs, seul lieu gardé de l'ancien hôtel familial. Après
avoir passé le grand vestibule doublé d'une galerie en fond qui
nous guide vers les cuisines. On passe d'ailleurs devant un ascenseur
(aujourd'hui hors service), d'une grande modernité pour l'époque,
avant de pénétrer dans cet endroit digne de Downtown Abbey. Cette
cuisine possède un énorme fourneau et une grande rôtisserie, ainsi
qu'une batterie d'ustensiles en cuivre qui ferait rêver nos mamies !
On y trouve aussi l'office du chef avec un passe-plat et un
téléphone. On peut voir aussi la salle des gens, c'est à dire la
salle à manger du personnel avec des casiers numérotés pour
contenir les objets de chacun. Une douzaine de personnes
travaillaient à l'hôtel.
On revient sur nos pas
pour prendre le grand escalier où l'on se rêve monter avec une robe
Belle Époque, où un costume trois pièces avec queue de pie et haut
de forme. On accède donc au rez-de-chaussée haut,
étage de réception, on commence à en prendre plein les mirettes.
Sans détailler toutes les pièces, je retiens le salon des Huet,
parce que les peintures pastorales, murales de Jean-Baptiste Huet
(qui a sa propre exposition au musée Cognacq-Jay). Cette salle
ovale s'ouvre sur le jardin, le tout donne une impression de
s'installer avec une belle robe à l'anglaise dans des sièges en
noyer des années 1780.
De cette salle, on
pénètre dans la salle à manger d'une jolie couleur verte, qui se
trouve juste au-dessus de la cuisine pour éviter les odeurs, et le
passe-plat se trouve dans l'office juste après la salle à manger.
Pour ceux qui aiment, un beau cabinet de porcelaines se trouve
attenante à la salle à manger.
Après avoir visité le
petit bureau, on emprunte un petit escalier pour se rendre au premier
étage, les appartements privés de la famille. On passe par
différents salons, les chambres de Moïse de Camondo mais
aussi de Nissim, même si ce dernier a passé à peine trois
ans ici. Les salles de bains sont d'une modernité à couper le
souffle, tout en céramique blanche et bleue. J'ai évidemment un
coup de cœur pour la bibliothèque tout en boiseries, absolument
sublimes. On y découvre aussi une pièce consacrée à l'histoire de
la famille avec un petit film pour présenter les Camondo, très
intéressante et poignante, avec des images d'archives.
C'est vraiment un très
bel endroit, avec un guide de visite très complet, je sais aussi
qu'il y a un audioguide que j'ai testé une fois et qui permet
d'avoir des approfondissements sur certaines œuvres ou des sujets
divers. Tout est très beau, avec beaucoup d'objets, tableaux,
mobiliers où l'on peut voir très bien ce qu'était le goût du
XVIIIe siècle. J'aime cet endroit paisible, avec cette histoire,
aussi belle par la collection, que lourde par la tragédie familiale.
Je recommande à tous de venir voir ce petit bijou et j'espère que
vous apprécierez autant que moi.
Le site du musée : ici
Ouvert du mardi au
dimanche
Métro : Monceau
(ligne 2) ou Villiers (lignes 2-3)
Oh et n'oubliez pas
d'aller visiter le parc Monceau juste à côté !
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