lundi 28 mars 2016

Musée Nissim de Camondo : un écrin du passé



Le week-end dernier, je suis retournée dans un de mes musées préférés dont je n'avais pas remis les pieds depuis quelques années. Dans un hôtel particulier de style XVIIe siècle reconstruit au début XXe siècle, on pénètre dans un intérieur d'une autre époque, on sent l'envie du collectionneur de recréer une atmosphère au fil des pièces. Le musée Nissim de Camondo allie à la fois l'histoire d'une dynastie au destin tragique et un environnement d'un autre temps, presque magique, tout pour me plaire à mon goût. J'espère vous donner l'envie d'y faire un tour vous aussi …


Vous allez le savoir à force, mais j'adore les musées d'artistes, comme Gustave Moreau ou de collectionneurs, comme Jacquemart André (dont je dois vous faire un article bientôt). Je trouve qu'il y a une âme supplémentaire à s'imaginer que des personnes y ont vécu, ont pensé à faire de leur demeure un musée pour le passer à la postérité. Et j'aime encore plus cet endroit car l'esthétique du Siècle des Lumières est splendide. Mais qui sont ces Camondo, et pourquoi un musée sur eux ?

Petit historique


Famille juive, les Camondo sont des banquiers de l'empire ottoman du début du XIXe siècle. Deux frères, Abraham-Béhor et Nissim, s'installent à Paris sous le Second Empire et construisirent deux hôtels particuliers côte à côté aux abords du parc Monceau. Le fils de Nissim, le comte Moïse de Camondo hérite de l'hôtel de ses parents en 1911. Déjà passionné de l'art du XVIIIe siècle, il souhaite une demeure de taille à ses envies. Il fit démolir l'immeuble, à l'exception des communs, et s'inspire du Petit Trianon du Château d Versailles, par l'architecte René Sergent. La tâche est de taille et d'une grande prouesse, puisque le premier étage est en fait un rez-de-chaussée, avec accès sur un petit jardin côté parc Monceau.

Moïse de Camondo continue d'enrichir sa collection, tout en donnant un confort moderne à sa demeure au travers d'un ascenseur, d'une cuisine dernier cri et de monte-plats. A sa mort en 1935, le comte lègue sa demeure à l'Union centrale des arts décoratifs (aujourd'hui le musée des Arts Décoratifs). Mais pourquoi le nom de Nissim pour le musée ? Tout simplement en hommage à son fils, Nissim de Camondo (comme le grand-père), mort durant la Première Guerre Mondiale. Le musée ouvre le 21 décembre 1936 et selon la volonté de Moïse de Camondo, tous les objets, meubles doivent rester à leur emplacement d'origine. Par souci pratique de visite, des aménagements furent nécessaires.

Durant la guerre, par nécessité, les collections sont transférées au château de Valençay dans l'Indre, comme d'autres collections privées et publiques, notamment de familles juives comme les Rotschild. Par contre, Béatrice de Camondo, dernière héritière du comte Moïse de Camondo, son mari et leur deux enfants, sont déportés à Auschwitz-Birkenau durant l'Occupation. La dynastie Camondo s'éteint …

Dynastie Camondo

Ma visite


Les lieux se divisent en trois parties aussi belles les unes que les autres : les communs, le rez-de-chaussée haut de réception, le premier étage, avec chacune ses particularités et son agencement.

Au niveau des communs, seul lieu gardé de l'ancien hôtel familial. Après avoir passé le grand vestibule doublé d'une galerie en fond qui nous guide vers les cuisines. On passe d'ailleurs devant un ascenseur (aujourd'hui hors service), d'une grande modernité pour l'époque, avant de pénétrer dans cet endroit digne de Downtown Abbey. Cette cuisine possède un énorme fourneau et une grande rôtisserie, ainsi qu'une batterie d'ustensiles en cuivre qui ferait rêver nos mamies ! On y trouve aussi l'office du chef avec un passe-plat et un téléphone. On peut voir aussi la salle des gens, c'est à dire la salle à manger du personnel avec des casiers numérotés pour contenir les objets de chacun. Une douzaine de personnes travaillaient à l'hôtel.







On revient sur nos pas pour prendre le grand escalier où l'on se rêve monter avec une robe Belle Époque, où un costume trois pièces avec queue de pie et haut de forme. On accède donc au rez-de-chaussée haut, étage de réception, on commence à en prendre plein les mirettes. Sans détailler toutes les pièces, je retiens le salon des Huet, parce que les peintures pastorales, murales de Jean-Baptiste Huet (qui a sa propre exposition au musée Cognacq-Jay). Cette salle ovale s'ouvre sur le jardin, le tout donne une impression de s'installer avec une belle robe à l'anglaise dans des sièges en noyer des années 1780.

De cette salle, on pénètre dans la salle à manger d'une jolie couleur verte, qui se trouve juste au-dessus de la cuisine pour éviter les odeurs, et le passe-plat se trouve dans l'office juste après la salle à manger. Pour ceux qui aiment, un beau cabinet de porcelaines se trouve attenante à la salle à manger.








Après avoir visité le petit bureau, on emprunte un petit escalier pour se rendre au premier étage, les appartements privés de la famille. On passe par différents salons, les chambres de Moïse de Camondo mais aussi de Nissim, même si ce dernier a passé à peine trois ans ici. Les salles de bains sont d'une modernité à couper le souffle, tout en céramique blanche et bleue. J'ai évidemment un coup de cœur pour la bibliothèque tout en boiseries, absolument sublimes. On y découvre aussi une pièce consacrée à l'histoire de la famille avec un petit film pour présenter les Camondo, très intéressante et poignante, avec des images d'archives.









C'est vraiment un très bel endroit, avec un guide de visite très complet, je sais aussi qu'il y a un audioguide que j'ai testé une fois et qui permet d'avoir des approfondissements sur certaines œuvres ou des sujets divers. Tout est très beau, avec beaucoup d'objets, tableaux, mobiliers où l'on peut voir très bien ce qu'était le goût du XVIIIe siècle. J'aime cet endroit paisible, avec cette histoire, aussi belle par la collection, que lourde par la tragédie familiale. Je recommande à tous de venir voir ce petit bijou et j'espère que vous apprécierez autant que moi.

Le site du musée : ici
Ouvert du mardi au dimanche
Métro : Monceau (ligne 2) ou Villiers (lignes 2-3)


Oh et n'oubliez pas d'aller visiter le parc Monceau juste à côté !

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