Napoléon
Bonaparte a toujours vu grand, au point de devenir
empereur et se couronner à Notre-Dame de Paris. Ce 2 décembre
1804, plus de six mois après l'instauration du Premier Empire,
il est temps de faire les choses bien et montrer qu'il est bien le
chef. Il prend donc la cathédrale parisienne comme décor, invite
toutes les grandes personnalités, même le Pape Pie
VII est présent. C'est une journée cruciale pour le
nouveau régime, chargée de symboles pour l'avenir et un beau doigt
d'honneur à ses voisins (et ennemis) européens. Napoléon
1e montre que c'est lui le chef ! Revenons sur cette
journée de sacre ensemble.
Juste avant de parler du
couronnement, il est de bon ton de faire une très courte biographie
de Napoléon Bonaparte pour que
vous compreniez bien qu'il s'agit d'une belle ascension, fulgurante
et toute en force. Il naît le 15 août 1769 à Ajaccio,
petite ville d'environ 3000 habitants. Il fut le second enfant
survivant du couple sur huit (et 14 en tout). Envoyé à l'école
militaire de Brienne en 1779, il se montre déjà stratège et
intelligent. Pourtant sa carrière patine jusqu'à la Révolution
Française, le Directoire précisément où il est repéré par Paul
Barras. Après avoir épousé Joséphine
de Beauharnais, grande dame du Directoire, le 9 mars 1796, les campagnes militaires s'enchaînent, en Italie et en
Égypte, tout comme les victoires. Devenu un homme fort, il organise
un coup d’État le 18 brumaire an VIII, soit le
9 novembre 1799, et instaure le Consulat. Premier Consul,
puis Consul à vie, Napoléon Bonaparte
va encore plus loin : le 18 mai 1804, il se fait
reconnaître comme empereur des français, sous le nom de Napoléon
1e. Je vous l'ai dit, c'est très succins comme biographie mais
parler de petit noble corse à empereur en trente-cinq années
seulement, ça vous pose un bonhomme. Il ne reste qu'à organiser un
couronnement, pour rester dans la tradition et asseoir son pouvoir.
Pour commencer, le
Pape Pie VII arrive
à Fontainebleau le 25 novembre. La désormais impératrice Joséphine
expose son souci au souverain pontife : elle n'est pas unie
religieusement à son époux. A la hâte, dans la nuit du 1e au 2
décembre, un mariage religieux est organisé à la va-vite devant le
cardinal Fesch. On peut enfin commencer la fête.
Comme je le disais, la
cathédrale Notre-Dame de Paris, richement décorée aux armoiries
impériales, d'abeilles et d'aigles, se remplit des invités de
marque pour le sacre de l'empereur. Dehors, la population observe le
cortège de carrosses. En tête, le maréchal Joachim Murat,
gouverneur militaire de Paris, fit ébranler le cortège de
vingt-cinq carrosses. Au milieu, le carrosse de l'empereur et
l'impératrice, avec les princes Joseph et Louis
à l'intérieur. Bien sûr, après il y avait des escadrons de
carabiniers, cuirassiers, gendarmes d'élite ou encore les mamelouks
de la garde impériale. Bref, on les voyait arriver de très loin !
Napoléon
1e s'habille très sobrement (non) : un manteau de
velours rouge et d'hermine blanche, couronne de lauriers sur la tête
et dans ses mains le sceptre et la main de justice, dans la pure
tradition monarchique. Le manteau est tellement lourd qu'il a besoin
de l'aide : ses frères Joseph et Louis la lui
portent. Joséphine, porte une
magnifique robe de style empire, brodée d'or, et aussi le même
lourd manteau de velours et d'hermine, porté par les sœurs de
l'empereur, Élisa et Caroline Murat. Ces dernières ne
portent pas Joséphine dans leur cœur, et quand cette
dernière monte les quelques marches pour rejoindre son époux, les
deux sœurs lâchent la traîne, paralysant l'avancée de la
souveraine. Élégant.
![]() |
Le sacre de l'Empereur Napoléon dans l'église métropolitaine de Paris (Gallica Bibliothèque Nationale de France) |
A midi, le couple
impérial s'approchent des deux prie-dieux devant l'autel, reçoivent
la bénédiction du pape. Contre toute les traditions, Napoléon
1e se pose seul la couronne sur sa tête, avant de la
poser sur la tête de son épouse. Le message est clair :
l'empereur ne dépend pas du Pape. Lui se contente de bénir le
sceptre, la main de justice, consacrer les deux anneaux « le
signe de la foi sainte, la preuve de la puissance et de la solidité
de votre empire ». Tout ceci a duré trente minutes,
mais la cérémonie au total a duré plusieurs heures ! Mais que
s'est-il passé le reste du temps ?
Tout d'abord une messe,
puis un Viva imperator in Aeternum et le Te Deum de la
part de Pie VII, qui fit une
accolade à l'empereur avant de se retirer de la sacristie. Napoléon
1e continue son spectacle prête serment sur la Bible « Je
jure de maintenir l'intégrité du territoire de la République, de
respecter et de faire respecter les lois du Concordat et la liberté
des cultes, de respecter et faire respecter l'égalité des droits,
la liberté politique et civile [ … ] et de gouverner dans la seule
vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français ».
Après avoir célébré « le très glorieux et très auguste
Empereur Napoléon, Empereur des Français, sacré et intronisé »,
le héraut d'armes clôt la cérémonie, et dans tout Paris enneigé,
101 coups de canons retentissent. La cérémonie est donc terminée
et il est 15 heures. Bien sûr, on ne s'arrêta pas là, puisqu'il y
eut de nombreuses réceptions officielles, jusqu'au 5 décembre, avec
la distribution des étendards sur le Champ-de-Mars.
Cette journée est
devenue un véritable symbole pour la famille Bonaparte, l'apogée de
la gloire familiale. A tel point qu'un demi-siècle plus tard, le 2
décembre 1852, le prince-président Louis-Napoléon
Bonaparte, neveu de l'empereur (fils de son frère Louis
et d'Hortense de Beauharnais),
choisit la même date pour faire son coup d'état et fonder le Second Empire, sous le nom de Napoléon III. Tout un symbole, je vous
le disais, tradition familiale originale !
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