J'ai profité du retour
en fanfare de mon amie Cécile Voyage pour faire une exposition très
alléchante au Musée de l'Armée à Paris : Guerres Secrètes.
Non, on ne parle de guerres tellement peu connues qu'elles sont
restées secrètes, mais bel et bien d'espionnage ! Ce terme
fait un peu rêver, avec tous les films et livres sur le sujet,
notamment la saga des James Bond où on rend plus glamour cette
activité dangereuse et interdite. Mais qu'en est-il en réalité ?
Attention spoiler : ça n'était pas tout rose. Partons dans
l'espionnage de la fin du 19e siècle à la guerre froide aux
Invalides avec des gadgets, des lettres et autres objets fascinants.
Suivez moi !
Il ne faut pas rêver,
l'espionnage a toujours existé. Casanova
a écrit « Les seuls espions avoués sont les
ambassadeurs. » et il n'avait pas tort : dans les
différentes cours d'Europe, les ambassadeurs officiels avaient les
yeux partout et faisaient de nombreux rapports à leurs souverains
respectifs. Bien sûr, il y avait aussi des espions non officiels, à
la solde de personnalités. On se souvient du chevalier d’Éon,
travaillant pour le « Secret du Roi », réseau
d'espions de Louis XV, Louise
de Keroual, maîtresse du roi d'Angleterre Charles
II et espionne pour Louis XIV ou encore Virginia
de Castiglione, maîtresse de l'empereur Napoléon III
et aux ordres du roi de Sardaigne Victor-Emmanuel
II. Je ne vais pas citer tout le monde mais vous
avez compris. Au fil des siècles, l'espionnage a pris de l'ampleur,
s'est aussi modernisé avec la technologie naissante, et est devenu
une arme de guerre à part entière. On se souvient de la Résistance
durant la Seconde Guerre Mondiale par exemple !
L'exposition explique de
façon thématique dans ses deux grandes salles ce qu'est un agent,
comment il est recruté puis formé. Souvent, ce sont des gens
lambda, recrutés pour des compétences spécifiques, les gens ont
rarement la vocation d'agent secret, le métier ne fait pas rêver.
Dans des périodes de conflits, comme durant le Seconde Guerre
Mondiale, le rythme de recrutement s'accélère car il y a besoin de
monde, notamment dans les nouveaux services secrets comme le BCRA –
Bureau Central de Renseignement et d'Action – de la France Libre
par le Général de Gaulle, ou l'OSS – Office of Strategic Services
– des américains (l'ancêtre de la CIA). Ces recrues sont formés
dans des centres de formation spéciales pour leur apprendre par
exemple le sabotage, le codage, sauter en parachute … Il faut
dire aussi qu'à cette période, la durée d'un agent pouvait
s'avérer de courte durée selon s'il faisait prendre ou non, et il
fallait pouvoir régulièrement renvoyer de nouveaux agents sur le
terrain.
Machine Enigma |
Oui, cet homme avait comme fausse identité celle d'une nonne. |
Le cœur de l'exposition
– pour moi – réside dans la partie sur les moyens de l'agent,
avec certains gadgets. Oui, vous qui avez déjà vu James Bond, vous
connaissez « Q ». Hé bien, sachez qu'il a pour modèle
Charles Bovill, chef du service technique du SOE (Special
Operations Executive) ! J'ai adoré le rouge à lèvres « baiser
de la mort », qui est en fait un tout petit pistolet, mais
surtout le parapluie bulgare ! Qu'est-ce donc ? Il s'agit
en apparence d'un parapluie classique, mais l'embout sert à tirer un
morceau de plomb de ricine, hautement mortel après plusieurs jours.
Dans les années 80, les services secrets russes s'en sont servis
pour éliminer le dissident Georgi Markov.
Bague à poison |
Paire de chaussures avec lame intégrée au talon. |
Le rouge à lèvres "baiser de la mort", tout petit pistolet |
Faux paquet de cigarettes, vrai appareil photo. |
Sac à double fond pour cacher les documents |
Faux livre de poésie, vrai manuel de sabotage |
Parapluie bulgare, innocent en apparence mais mortel |
J'ai beaucoup aimé
l'exposition, sur le fond. Sur la forme, je l'ai trouvée un peu
brouillon, mélangeant les différentes époques sans trop comprendre
pourquoi. L'aspect thématique était intéressant, mais on se
perdait rapidement sur qui a pu utiliser quoi et quand. J'ai bien aimé aussi le parallèle avec la fiction, sur les cartels mais aussi avec des extraits de films/séries sur le sujet.
Mais il
n'empêche que c'est une exposition à faire, pour comprendre la
vraie vie d'un espion et la modernité des objets ainsi que des
moyens. Les pires situations permettent des trésors d'imagination et
de moyens pour contrecarrer l'ennemi. Je vous conseille vraiment de
vous y rendre, et aussi de visiter le reste du musée de l'Armée
tout aussi intéressant. L'exposition se tient jusqu'au 29
janvier 2017, allez y et dites moi ce que vous en avez
pensé !
Exposition « Guerres
Secrètes » - Musée de l'Armée, Invalides
129 rue de Grenelle, 75007
Paris
Tous les jours de 10h à
17h (basse saison)
8,50€ l'exposition, 12€
billet couplé au musée
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