Pas ma faute si chaque
mois, un roi meurt sur ce blog. Puis père et fils, j'ai tiré le
gros lot ! Aujourd'hui, la mort ne sera pas stupide, un peu
drôle dans les faits, mais surtout assez triste car Henri III
(1551-1589) n'a pas su être aimé par son peuple à sa juste valeur,
lui préférant un Guise balafré, et se révoltant contre leur
souverain, peut être un peu trop avant-gardiste pour son époque.
Voici le récit d'une mort non seulement d'un roi, mais aussi d'une
dynastie : les Valois.
Henri III, excommunié
par le pape au mois de mai 1589 pour avoir assassiné le cardinal de
Guise, peu aimé de son peuple, avait l'ambition de reconquérir son
royaume. Pour cela, il s'allia à Henri de Navarre, son cousin
huguenot, et sans aucun doute le plus proche parent masculin pour
devenir son successeur. En effet, le souverain a épousé Louise de
Lorraine, magnifique jeune femme dont il était épris, mais le
couple n'avait pas la chance d'avoir d'enfant pour continuer la
dynastie, il fallait donc songer à un successeur et le béarnais,
qui prendre le nom d'Henri IV, était le parfait candidat, avec le
seul souci d'être protestant. Mais il le dira lui-même quelques
années plus tard « Paris vaut bien une messe ». Les deux
hommes et leurs armées marchèrent donc sur la capitale après avoir
repris Jargeau, Pithiviers et Etampes, puis avança vers l'ouest de
Paris, sur Saint-Cloud. La nuit du 31 juillet 1589, le monarque prit ses
quartiers au château de Saint-Cloud – aujourd'hui malheureusement
disparu – appartenant à Jérôme de Gondi, italien de l'entourage
de la défunte reine-mère, Catherine de Médicis. D'ici, Henri III a
une vue imprenable sur Paris et est prêt à conduire le siège.
Le matin de ce 1e août,
après le lever du roi, une demande d'audience est requise : un
moine serait chargé d'une lettre du président du Parlement de
Paris, Achille de Harlay, prisonnier de la Ligue. Pour rappeler la
Ligue est un groupe de catholiques en lutte contre les protestants et
est devenue si puissante qu'elle a réussi à chasser Henri III en
1588. Enfin il n'était pas seul, Jacques de La Guesle, procureur
général du parlement de Paris, est présent aussi. On fit entrer le
religieux, alors que le souverain se trouvait sur sa chaise percée.
Ne vous offusquez pas, à l'époque les souverains posaient leur
pêche devant autrui sans que cela ne gêne, il en était presque un
honneur de vous un roi dans une telle intimité, alors le moine
devait se sentir chanceux. Le religieux se nomme Jacques Clément est
un jeune homme de 27 ans, de l'ordre dominicain et un fanatique ayant
rejoint la Ligue. Il demande la permission de s'approcher pour
remettre ce pli confidentiel et quand cela fut accepté, il tendit la
lettre au souverain qui la lit. Puis ayant fini sa commission, il se
leva, remit ses chausses. C'est à cet instant précis que le moine
sortit un couteau de sa manche et planta Henri au ventre. Il retira
l'arme de sa plaie et voulut à son tour attaqué son assassin, qu'il
toucha légèrement en criant « Ah le méchant moine, il m'a
tué ! ».
Sans plus attendre la
garde royale arriva et sans aucune forme de procès, transperça le
moine de leurs épées avant de le jeter par la fenêtre, histoire
d'être sûr de sa mort, je pense. Le roi, quant à lui, avait perdu
beaucoup de sang et on le transporta jusqu'au lit. Les médecins,
bien mauvais à cette époque, trouvèrent la blessure sans gravité,
c'est pour dire. Il fit prévenir Navarre de sa blessure, fit envoyer
des missives dans le royaume pour avertir de l'attentat, puis fit
dicter une lettre à son épouse, alors à Chenonceau avant d'écrire
ces lignes lui-même « Ma mie, j'espère que je me porterai
bien. Priez Dieu pour moi, et ne bougez de là. » Cependant,
l'intestin était perforé et le lavement prescrit par les médecins
accélèrent le mal. Voici arriver Henri de Navarre autour et le
souverain affaibli, lui donna ses dernières recommandations, affirma
son statut de successeur. Il l'appela Mon frère – après tout il
étaient beau-frères vu que Navarre avait épousé Marguerite de
Valois – et demanda à ses fidèles gentilshommes de prêter
serment au futur roi. La scène fut d'une vive émotion, certains
pleuraient de voir mourir leur roi. En fin de journée, la fièvre ne
tombait pas, la plaie étaient vilaine et Henri se sentait partir. Il
se confessa, pardonna a ses ennemis, il fit par deux fois le signe de
croix et s'éteignit vers trois heures du matin.
La reine Louise pleure
son mari assassiné et prend le deuil en blanc, et se donne pour
ligne directrice de réhabiliter la mémoire de son mari, trop
souvent malmené. Dans sa chambre au second étage du château de
Chenonceau, elle fit peindre les murs en noir et pleure son époux
disparu. Pendant ce temps là, dans Paris, on ne s'émeut guère de
la mort de ce roi qu'on considérait mauvais, mais comme disait le
mémorialiste de l'époque, Pierre de Lestoile « C'était un
très bon prince, s'il rencontré une bonne époque. » Cette
phrase résume bien l'histoire de ce souverain mal-aimé et
incompris, dont le portrait fut rarement élogieux alors qu'il était
un mécène, raffiné, humaniste. Mais devenir roi en pleine guerre
de religion et avoir tué le duc de Guise ne l'aidèrent pas à sa
popularité. Henri III fut le premier roi assassiné et le dernier de
sa dynastie les Valois. Après lui, la Maison Bourbon prend le relais
en matière de rois …
J'avoue la phrase "Ah le méchant moine, il m'a tué" m'a fait rire. Mais pour le reste, c'est trop triste. (surtout que maintenant je le vois avec la tête de Raphaël Personnaz). Et c'est tellement émouvant quand on entre dans la chambre de Louise de Lorraine à Chenonceau.
RépondreSupprimerLa chambre de Louise de Lorraine me rend toujours triste, on sent la tristesse à l'intérieur...
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