Avant de quitter la
capitale, je me dépêche de visiter les Hauts de France à portée
de main, où j'ai passé des vacances mais dont j'ai découvert
tardivement les merveilles. Dernièrement, j'ai enfin visité Lille,
à seulement une heure de Paris par exemple. Et avant d'aller revoir
Chantilly avec ma fine équipe, j'ai fait un crochet par le château
de Pierrefonds, cet ovni, pas tout à fait château médiéval, avec
cet impression d'entrer dans un conte de fées, de croiser des
princesses, ogres et marraines les fées pour me guider dans ma
quête. Suivez moi, je vous emmène dans un drôle d'endroit …
C'était le dernier de ma
liste de l'Oise à voir. J'avais découvert Chantilly il y a quelques
années (j'y retourne dans quelques semaines, je vous en ferais un
article), puis Compiègne l'an dernier. Ces deux là sont accessibles
facilement par transports depuis Paris. Mais Pierrefonds non, il faut
une voiture ! Avec une amie, direction ce fameux château. Si je
connaissais son histoire, je pensais le château excentré de la
commune, entouré par la forêt de Compiègne. J'ai un peu trop
regardé la série Merlin (Camelot est le château de Pierrefonds)
je pense. Car le château se trouve sur une colline certes, mais à
5min de la mairie ! De par ses dimensions, déjà là, il est
impressionnant ! Mais il sort d'où ce château ?
Historique
des lieux
Il existait un château
aux alentours du 12 siècle, mais c'est
Louis 1e d'Orléans, qui l'a entièrement reconstruit
comme un château défensif. Qui est cet homme ? Fils cadet du
roi de France Charles V, il est le frère de
Charles VI, vous savez
le roi un peu fou. D'ailleurs Louis
d'Orléans organise la régence de son frère avec sa
belle sœur, la reine Isabeau de Bavière. Et ce château lui
sert aussi de remparts contre ses ennemis, les ducs de Bourgogne.
Rappelez vous, le duché de Bourgogne ne cesse de s'agrandir et
l'actuel duc de Bourgogne, Philippe le
Hardi, possède le comté de Flandre, juste au nord. Ce
château permet donc de régulier l'influence bourguignonne au nord.
Mais Louis d'Orléans meurt assassiné le 23
novembre 1407 dans les rues de Paris par les partisans
bourguignons.
Après la mort du premier
propriétaire, le château appartient à son fils, Charles
d'Orléans, mais ce dernier est captif des anglais après
la bataille d'Azincourt, et il restera 25 ans enfermé à écrire des
poèmes. Pendant ce temps, Pierrefonds est un temps aux anglais, puis
aux bourguignons avant de tomber dans le domaine royal puisque le
fils de Charles d'Orléans devient roi de France sous le nom de Louis
XII.
En 1617, le roi
Louis XIII décide de faire
démolir le château après que celui-ci ne soit un refuge pour les
opposants. Il faut dire que nous sommes toujours dans les guerres de religions, catholiques contre protestants, et le roi ne veut pas
d'ennemis dans une forteresse. A l'état de ruines, il le restera
pendant plus de deux siècles, devenant un sujet de représentation
des artistes. Puis Napoléon 1e le rachète en 1813, le
rattache au domaine de Compiègne. Sous la Monarchie de Juillet, on y
célèbre le mariage de la fille de Louis-Philippe
1e, Louise d'Orléans, avec Léopold
1e de Belgique.
Mais c'est sous le Second
Empire que la demeure revit. En 1857, l'empereur Napoléon
III demande à son architecte Eugène
Viollet-le-Duc de transformer ces ruines en demeure
impériale. En effet, la Cour vient souvent à Compiègne tout près
et les sorties dans les ruines sont régulières. L'architecte voulut
restaurer seulement le donjon, mais finit par entreprendre une
reconstruction totale, avec la volonté de paraître médiéval, mais
façon de l'époque. Autant dire que le château que nous voyons
aujourd'hui n'est pas historique en tout point de vue. Les travaux se
poursuivent après la chute de l'Empire, et même après la mort de
Viollet-le-Duc en 1879, jusqu'en 1885. Les travaux ne furent
jamais achevé, le château jamais habité non plus.
Ma
visite
J'avoue, quand on entre
dans la cour, on en prend plein les yeux. On ne sait pas où regarder
tant tout est ouvragé, travaillé, avec des chats autour des
lucarnes, des salamandres en guide de gouttière, des décorations à
tout va. Superbe, on passe son temps à faire le tour de la cour avec
une architecture néo-gothique, néo-renaissance. Évidemment,
l'intérieur ne devait absolument pas ressemblé à ça lors de sa
première construction, et le 19e siècle avait sa propre vision du
Moyen Âge. Souvenons nous du château de la Pena à Sintra par
exemple, mais aussi dans les peintures et sculptures, les artistes
laissent une grande part à l'imagination. Et Viollet-le-Duc
a l'imagination très fertile, nous le verrons durant
notre visite.
Au rez-de-chaussée, nous
avons accès à une présentation du château et des travaux et de
reconstruction, intéressante et permet de voir le vrai château de
base, les ruines ayant inspiré beaucoup d'artistes au 18e et 19e
siècles, pour le côté pittoresque sans doute, comme avec le Pont du Gard par exemple. Puis une exposition sur les lanternes
magiques, terminée le 13 novembre mais très intéressante. Il
s'agit d'illusion d'optique, notamment pour faire apparaître des
fantômes, s'amuser à se faire peur, et même parfois des sortes de
films d'horreur. Très bien fait pour l'époque, ces quelques salles
donnent lieu à des apparitions très inquiétantes ! Je sais
que l’exposition est itinérante, n'hésitez pas à vous renseigner
si elle continue de traverser la France ! La visite de cette
exposition nous mène au premier étage de la chapelle. Reconstruite
à l'emplacement de la première chapelle, elle est superbe même si
dépourvue de la moindre décoration. Faites attention sur le
portail, Viollet le Duc est représenté en pèlerin, entouré
de Louis 1e d'Orléans et son
épouse, Valentine Visconti.
Passons à présent au
cœur du château : le donjon ! Toutes les salles sont
décorées avec soin, des couleurs sur les murs, les plafonds et les
cheminées. Il manque du mobilier pour finir d'habiller les pièces
mais tant pis, faisons avec l'imagination ! J'ai adoré le
cabinet de travail et la chambre à coucher. Je ne sais pas si cela
fait vraiment médiéval, sans doute un poil too much, mais vu que je
prends ce château pour celui d'un conte de fées, tout passe
admirablement !
Mais le clou de la maison
est sans doute la Salle des Preuses. Ancienne grande salle
seigneuriale. Auparavant, il s'agissait de la salle des armures de la
collection impériale, aujourd'hui au Musée de l'Armée, à Paris.
Pourquoi « preuses » me dites vous ? Un preux est
celui qui a des qualités chevaleresques. On connaît les Neuf Preux,
d'ailleurs Louis 1e d'Orléans
dote un preux à chaque tour du château de Pierrefonds (trois
héros païens : Hercule, Alexandre, César ; trois héros
de l'Ancien Testament : Josué, David, Judas Maccabée ;
trois héros chrétiens : Arthur, Charlemagne, Godefroi de
Bouillon) et l'iconographie fut repris en Europe. Neuf Preuses
existent aussi mais les noms divergent selon les auteurs. Ici les
Neufs Preuses représentent l'impératrice Eugénie et des dames de
la Cour. De gauche à droite :
Leila-Flora MacDonald,
maréchale de Canrobert, en Tammaris, reine d'Egypte
La princesse Murat, en
Deifemme
La duchesse de Malakoff,
en Lampedo, reine des Amazones
Jane Thorne,
baronne de Pierres, en Hippolyte, reine des Amazones
Eugénie
de Montijo, impératrice, en Sémiramis, reine d'Assyrie
et de Babylone
La duchesse de Cadora, en
Penthésilée, reine des Amazones
Pauline van der Linden
d’Hooghvorst, duchesse de Bassano, en Tancqua
Françoise Staouélie
Laurence de La Rochelambert, comtesse de Poze, en Deisitte
Mademoiselle Carette (la
seule qui ne porte pas de couronne car n'étant pas noble), en
Ménélippe
Après avoir pris le
chemin de ronde et descendu dans un escalier à double révolution
(permettant de monter et descendre sans se croiser), on descend
jusque dans les caves. Ici se trouvent des reproductions de gisants
ou priants, bref des tombeaux en plâtre de personnalités
historiques, notamment de l'histoire de France. Avec ces lumières et
les chuchotements en fond, on se croirait dans une autre dimension,
un peu flippante et surtout magique.
J'ai vraiment adoré cet
endroit, un château un peu magique, quoi qu'un peu vide mais les
décors font beaucoup le travail. Si vous avez la possibilité de le
visiter, vous ne serez pas déçus !
Château de Pierrefonds
Rue Viollet-le-Duc
10h-17h30 (basse saison)
7,5€
Ce château a tout de celui des romans d'aventures tels que l'on se les imagine ! La visite doit être vraiment incroyable !
RépondreSupprimerUn vrai château de contes de fées et une belle évocation du style troubadour ! ! Je ne suis pas de la région, mais si je devais m'y rendre un jour, je pense que j'irai tout de suite visiter ce château, il est tellement beau, je suis sûre que c'est un plaisir de le découvrir et de flâner dans ses pièces ! ;)
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