Je n'ai jamais fini mon
périple portugais, j'y ai repensé ces derniers jours. Je vous ai
conté mes premiers jours dans cette belle ville de Lisbonne, les
premières visites et l'impression de douceur de vivre, puis du lundi
à Sintra avec ses châteaux de contes de fées. Mais il reste encore
deux jours de visites, de bonheur, de soleil et de vacances, à
Bélèm, puis à flâner une dernière fois dans Lisbonne avant de
faire mes adieux.
Après cette chaude
journée à Sintra où l'on en pouvait plus des 20 kilomètres de
marche, nous avons décidé de se la jouer un peu plus tranquille le
reste du séjour. Bien sûr, toujours des visites et de la marche !
En ce quatrième jour lisboète, direction Bélèm, un
quartier de Lisbonne à six kilomètres du centre-ville, gardien de
nombreux monuments et musées. Comme je n'ai toujours pas découvert
le secret pour me dédoubler afin de tout voir, nous avons fait trois
visites, et je vous les recommande tous d'avance !
Pour se rendre à Bélèm,
de nombreux bus, tram et même des trains de banlieue vous y emmène
selon d'où vous partez. Le bus, c'est assez aléatoire : les
horaires affichés changent sans savoir pourquoi, le bus n'arrive pas
forcément à l'horaire indiqué, ça roule de manière assez
sportive et certains bus n'ont pas d'indication du prochain arrêt.
Il faut bien repérer sur le plan la station précédente, guetter
les arrêts pour appuyer au bon moment … Bref, on ne se repose pas
dans certains bus !
On commence par
l'incontournable du coin : le Mosteiro
dos Jeronimos, ou le Monastère des Hiéronymites en
français. On ne peut pas louper cet imposant édifice au cœur de la
ville, immense et décoré à outrance. La construction a été
lancée par le roi Manuel Ie en
1502, dans le style dit manuélin (oui comme le roi). Pour
faire simple niveau histoire de l'art, c'est un peu leur Renaissance.
Il a donc accueilli l'ordre des hiéronymites, un ordre espagnol
dédié à Saint-Jérôme. Aujourd'hui, il est inscrit au Patrimoine
Mondial de l'Unesco, accueille en son bâtiment le musée
archéologique et celui de la marine, que nous n'avons pas fait.
Cet endroit est dingue,
on ne sait plus où regarder tant tout est décoré, beau et ouvrage.
On visite le nez en l'air, cherchant à comprendre tout ce qu'il se
fait, dans le cloître mais aussi dans l'église Santa Maria,
absolument superbe, et qui abrite une nécropole royale avec le
tombeau notamment de Manuel Ie,
mais d'autres tombeaux sont visibles comme celui de l'explorateur
Vasco de Gama.
Ce lieu a un caractère
surréaliste avec autant de beauté, sachant qu'il a résisté au
tremblement de terre de 1755. Mais un tel monument est pris d'assaut
par les touristes. Je vous conseille d'y aller à l'ouverture, même
avant. Nous sommes arrivés 15min avant l'ouverture et déjà, il y
avait de l'attente, ou alors venir en fin de journée.
Mosteiro dos Jeronimos
Praça do Império
10-18h30 du mardi au
dimanche
10€ (gratuit avec la
Lisboa Card)
Après cette visite qui
nous a pris la matinée, il venait le temps de manger. Nous avons
longé le Tage (où nous avons découvert le Pradao dos
Descombrimentos en restauration) jusqu'à un parc devant la Tour
de Bélèm. Parfait endroit pour pique-niquer, avec l'air
du fleuve, à l'ombre et vue sur un magnifique monument. J'ai lu à
de nombreuses reprises que la visite de la Tour était décevante, et
vu la queue pour y entrer, même pas la peine de tenter. Après
manger, nous avons donc étudié de plus près. Elle aussi construite
par Manuel Ie du Portugal –
cela se ressent dans le style – la tour se révèle être un
système défensif contre quiconque voulant envahir Lisbonne. Son
unique défaite fut à la fin du 16e siècle, face à l'Espagne qui
s'empara de la couronne portugaise jusqu'en 1640.
Puis nous avons repris
notre route, en s'arrêtant à un foodtruck de frozen yogurt
fort appétissants, immenses pour moins de 5€. Parfait pour se
rafraîchir en cette chaude journée. Retour vers le Mosteiro, où
nous avons croisé un défilé de leur garde républicaine, très
sympathique. Et hop, nouveau bus pour monter la colline à la
conquête d'un château. Typiquement, c'est là qu'on a raté notre
arrêt, nous obligeant à faire un léger détour où nous avons
découvert une tour d'église dans un parking, quoi de plus normal.
Comme je vous le disais,
nous allions visiter un château, mais il faut savoir qu'il existe.
Le Palacio de Ajuda
n'était même pas dans mon guide, je l'ai trouvé par hasard au fil
de mes recherches et il n'est pas étonnant d'y voir peu de monde.
Après le tremblement de terre de Lisbonne en 1755, le palais royal a
été détruit et il faut une nouvelle demeure à la famille royale.
C'est sur les hauteurs de Bélèm que commencent les travaux à
partir de 1795, puis plusieurs fois stoppés, notamment sous
l'extension impériale de Napoléon Ie. Pire, en 1807,
la famille royale portugaise s'exile au Brésil pour échapper à
l'invasion des troupes impériales françaises, le roi Jean
VI n'a pas envie de devenir comme son voisin, Ferdinand
VII d'Espagne, prisonnier à Valençay pendant qu'un Bonaparte
prend le trône ! Pourtant les travaux continuent lentement, et
quand Jean VI du
Portugal revient en 1820, le château n'est pas
terminé. Autant vous le dire de suite, le château n'a jamais été
terminé.
Plan du Palacio de Ajuda en 1866 |
Comme vous pouvez le voir
sur ce plan, ce qui est en noir a effectivement été construit, plus
une partie et quelques murs. Les travaux se stoppent net en 1908,
après l'assassinat du roi Carlos Ie et
son fils héritier, Louis-Philippe. Si la famille royale s'est
installée dans les ailes déjà aménagées, on peut voir que le
projet était absolument immense et sans doute irréalisable. On voit
que l’œuvre n'a jamais été terminée quand on pénètre dans la
cour du château. Mais ce qui a été réalisé montre la splendeur
du projet.
A l'intérieur, nous
avons typiquement un décor du 19e siècle, très chargé et luxueux,
très représentatif des goûts de l'avant-dernière reine du
Portugal, Maria-Pia
de Savoie, femme de goût et extrêmement
dépensière. On y retrouve le style Second Empire, absolument pas
sobre de l'époque Napoléon III, comme on peut retrouver dans
certaines salles du Louvre, de Fontainebleau ou encore Compiègne. La
demeure a tout le confort moderne avec de nombreuses salles de bain
aussi. On passe de salle en salle avec toujours plus de choses à
regarder, à observer, à imaginer la vie de la famille royale, mais
aussi les galas, les grandes fêtes.
Pour protéger les
décors, certaines salles du rez de chaussée ont les rideaux tirées
et sont assez sombres, mais difficile de ne pas admirer tout ce luxe
et cette beauté. Et que de belles salles, comme l'immense salle à
manger, le grand escalier ou la salle du trône. Comme il n'y avait
personne, contrairement à la Pena de Sintra, j'ai nettement plus
apprécié la visite. Le palais mériterait d'être plus connu, il
serait vraiment dommage de passer à côté lorsqu'on est en visite à
Lisbonne.
Palacio de Ajuda
Largo Ajuda, Bélèm
10h-18h, fermé le
mercredi
5€
Autant rester dans le
thème royal pour le reste de l'après midi, nous redescendons pour
visiter le Musée des Carrosses.
Celui là, je l'attendais avec impatience car j'ai eu un petit
arrière-goût d'inachevé à la Galerie des Carrosses de Versailles.
Quant à Compiègne, les carrosses ne sont visibles que de loin pour
l'instant. Ce superbe musée regroupe tous les types de véhicules
depuis le 17e siècle jusqu'au début 20e ! Et il y en a :
chaises à porteurs, carrosses simples, carrosses de parade, calèches
… De la plus simple à la plus décorée, c'est à en devenir fou
tellement tout es beau. D'ailleurs, le premier musée, dans un
bâtiment ancien, ne garde qu'une petite partie des carrosses, ainsi
qu'une jolie collection de portraits des souverains portugais à
l'étage. Il faut traverser vers un bâtiment ultra-moderne pour
visiter le reste.
(Je m'excuse pour les
photos, Pipou III m'a lâché au début du second musée, j'ai du
faire avec mon téléphone.)
Amélie d'Orléans, reine du Portugal, par Vittorio Matteo Corcos, 1905 |
Je pense qu'il est
vraiment difficile de ne pas aimer ce musée. Bien agencé et
expliqué, on le suit de manière chronologique, pour voir
l'évolution dans la manière de se déplacer, et celui son rang
social. On y croise des carrosses du 18e siècle ayant servi lors du
mariage du futur Carlos Ie avec Amélie d'Orléans en 1886, mais
aussi le véhicule du Pape au 18e siècle … Seul manquait à
l'appel la calèche où eut lieu l'assassinat de Carlos 1e et de son
fils héritier, en 1908. Il a été prêté pour une exposition, mais
l'on pouvait voir une réplique miniature.
Museu Nacional dos
Coches
Praça Afonso de
Albuquerque
10h-18h du mardi au
dimanche
6€ (gratuit avec la
Lisboa Card)
Pour reprendre des
forces, et puisqu'il était l'heure de goûter, nouveau passage chez
Santini, chaîne de glaces absolument délicieuses que j'avais
déjà dégusté le samedi. Trois boules pour 3,9€, et vu le goût
qu'elles ont, on ne peut pas résister ! Avec nos glaces,
direction la gare non pas pour rentrer en ville mais pour partir à
la plage. Oui, si proche de la mer, on ne pouvait pas lui tourner le
dos. Et quitte à y aller, autant faire ça bien, direction Cascais,
une station balnéaire réputée pour la beauté de ses plages. Je
vous l'avoue, je ne me suis pas baignée, l'eau de l'Atlantique était
beaucoup trop froide (mais bravo à mes trois tarés qui l'ont fait !
), je me suis contentée de tremper mes jambes jusqu'aux genoux, très
agréable après toute cette marche et la chaleur ambiante.
Le soir, trop fatigués,
nous avons préféré profiter de l'appartement, donc dîner à la
maison à jouer, rire et papoter. Un peu de repos pour la dernière
ligne droite !
Ce mercredi, c'était le
départ de Cécile, nous n'étions plus que quatre pour cette
dernière journée tranquille avec deux visites sympathiques. Le
première est la Igreja de Sao Vicente de
Fora, un ancien monastère dédié à Saint Vincent
depuis le 12e siècle. Évidemment dévastée par le séisme de 1755,
il fut restauré au fil des années et abrite une énorme collection
d'azulejos sur les fables de la Fontaine, mais surtout la nécropole
des rois du Portugal de la dynastie Bragance, de
Jean IV au 17e siècle à Manuel
II début 20e siècle.
La nécropole est d'une
étonnante simplicité, il ne s'agit que de tombeaux très sobres,
épurés, les uns à côté des autres dans une salle, avec juste au
centre les tombeaux de la reine Amélie
d'Orléans, décédée en France en 1951, et son fils
Manuel II, dernier roi du
Portugal, décédé en 1932 en banlieue de Londres, sans oublier Carlos 1e et l'infant Louis-Philippe. A noter que la
reine Maria-Pia de Savoie repose à Turin où elle a fini sa
vie après l'exil de la famille royale en 1910.
Encore une fois, les
lieux étaient presque vides, on devinait aisément le repos des
moines en ces lieux. Le coin musée dispose d'une belle collection
d'objets liturgiques et les azulejos sur les fables de La Fontaine
sont étonnantes, davantage en ces lieux.
Igreja
Sao Vicente da Fora
Largo de Sao Vicente
10h-18h du mardi au
dimanche
5€ (gratuit avec la
Lisboa Card)
La dernière visite de
notre séjour a été pour moi une petite déception. Mon guide
présentait le Museu Nacional de Arte
Antiga comme un incontournable de la ville avec des
collections exceptionnelles à couper le souffle.
Non.
Bien sûr, le musée
reste très intéressant mais à l'étage des arts décoratifs, les
porcelaines Ming côtoyait des arts orientaux, sans parler de la
faïence et des paravents asiatiques. Si la peinture est agréable,
on notera que la peinture portugaise se représente quasi
exclusivement en peinture religieuse, avec des bébés Jésus pas
toujours très réussi. Le musée est immense certes, mais je ne le
trouve pas indispensable, sauf si vous adorez les musées.
Museu Nacional de Arte
Antiga
Rua das Janelas Verdes
10-18h du mardi au
dimanche
6€ (gratuit avec la
Lisboa Card)
Pour le goûter, nous avons joué la carte du touriste pur, à la Confeitaria Nacional, salon de thé-pâtisserie ouverte depuis 1829, au charme très agréable. En général, ce genre d'endroit profite des touristes pour gonfler ses prix. Là, pas du tout, les gâteaux sont environ à 2-3€ et les boissons dans la même gamme de prix.
Mais le clou du séjour
se passa le soir. Nous avions prévu d'aller boire un verre avant
d'aller dans un restaurant en centre-ville. Le Pensao Amor est
une ancienne maison close reconvertie en bar, avec des salles aux
tentures rouge, des miroirs et des dessins d'ébats amoureux, une
atmosphère sensuelle et un peu coquine. Quand on s'enfonce dans les
salles, on découvre une librairie de littérature érotique et aussi
un petit magasin de lingerie et objets coquins. Un endroit vraiment
atypique, il faut l'avouer. Mais quand la serveuse nous a annoncés
qu'il y aurait un show burlesque ce soir, au diable le restaurant en
centre-ville, on devait voir ça ! Surtout que pendant notre
apéritif, on pouvait assister aux répétitions de la maîtresse de
cérémonie.
Vite vite, manger dans le
quartier. Nous avons déniché un Irish Pub sympathique pour déguster
un fish & ships copieux, ainsi qu'une bière. Je n'ai pas noté
l'adresse exacte mais ce n'était pas non plus l'endroit du siècle.
A notre retour, il y avait déjà foule pour voir le spectacle. Nous
avons bu un coup pour vite se diriger vers la scène. Comme nous
partions le lendemain matin, pas question de rentrer trop tard mais
nous avons assisté à la première partie avec la maîtresse de
cérémonie et trois show-girls aux atmosphères différentes :
la première se la jouait veuve joyeuse tout de noir, la seconde dans
un monde circassien, et la troisième en jolie poupée aux allures
19e siècle.
C'est vraiment un endroit
surréaliste ! Alors les cocktails sont un peu plus chers
qu'ailleurs, mais on paie aussi l'ambiance et la décoration. Et
quand on vit à Paris, c'est toujours moins cher … Pensao Amor
Rua Nova do Carvalho 36.
Le jeudi matin, dernier
petit-déjeuner à l'appartement et dernières choses à mettre en
sac avant le départ. Pour ne pas nous embêter à marcher jusqu'au
métro pour prendre les transports, on a joué nos stars en
commandant un Uber. Disponible en 3min, 10€ pour 4 personnes,
c'était royal et nous sommes arrivés largement en avance à
l'aéroport pour passer les contrôles tranquillement et manger. Nous
étions dans le second terminal de l'aéroport, dans le coin low cost
… et ça se voit : peu de magasins et de places, et pour
manger il y a une sandwicherie et un McDonalds, qui fut le dernier
repas sur le territoire. Le retour s'est effectué aussi avec
Transavia, où nous avons eu un retard car une hôtesse a passé
30min a scruté tous les bagages pour déterminer s'ils pouvaient
potentiellement aller en soute ou non … Enfin une fois installés,
je me suis endormie et puis le retour à Paris. Cela faisait un choc.
Sans la grosse frayeur le
premier jour, j'aurais apprécié encore plus. Mais j'ai aimé cette
ville, cette douceur de vivre, cette gentillesse des gens et le coût
de la vie si bas. Après des années dans les pays du Nord, je ne
savais pas à quoi m'attendre, et je n'ai vraiment pas été déçue.
J'y retournerais, c'est certain …
Très envie d'y aller.
RépondreSupprimermerci