Venise déboussole
quiconque y met les pieds. Outre l'architecture magnifique, ces
petites rues sinueuses, et ces canaux à enjamber par de petits ponts
partout à travers la ville, on découvre très vite qu'il n'y a que
deux moyens de locomotions : la marche et le bateau. Et la
deuxième solution est vivement conseillée quand on veut visiter les
autres îles de la lagune. Car oui, pour cet article, je vous emmène
découvrir brièvement quatre îles magnifiques pour se changer les
idées, se perdre un peu et apprendre un peu plus sur Venise. Montez
à bord …
Je n'aurais jamais
vraiment fini de parler de Venise. Bon j'arrêterais un jour d'en
parler ici, mais cela revient dans mes conversations, la douceur de
vivre, le dépaysement, cette beauté enchanteresse, tous ces palais,
musées, églises à voir encore et encore. Puis le clapotis de l'eau
à bord d'un vaporetto de nuit, me ramenant vers mon hôtel, avec ce
soleil étoilé, moi qui n'en voit que trop peu à Paris. Ce
bercement des eaux de la lagune, pour s'endormir après une journée
bien remplie ou, à l'inverse, d'une nuit trop courte. La vaporetto
coûte très cher (7,5€ le voyage, durée 75min) mais une
carte sur plusieurs jours est vite rentabilisée. Nous restions cinq
jours avec mon meilleur ami (Ciao Mario ♥), et de prendre un
ticket sept jours (60€) a vite été rentabilisé. Avec un
aller-retour sur le Lido, plus tous les déplacements dans Venise
quand on en pouvait plus de marcher, cette carte a été plus
qu'utile ! Et puis surtout, elle nous a aussi permis de faire le
tour des îles sans regarder sa montre pour ne pas payer un nouveau
ticket. Parfait pour ne pas stresser en vacances …
Le Lido
Ah non, on ne parle pas
du cabaret sur les Champs Élysées, mais bien de l'île vénitienne.
Même si nôtre hôtel s'y trouvait là, le peu de temps et
l'abondance de visites n'a pas permis d'explorer cette île d'une
douzaine kilomètres de long, ni même d'aller faire un tour à la
plage. Pourtant, cela sent la station balnéaire avec ses « ville »
(ou villas) du début XXe siècle, et toutes les constructions
qui se sont ajoutées au fil du temps.
Un matin, nous avons
décidé de nous rendre dans le sud de l'île, où il n'y a pas
grand-chose à part un autre port et des centres sportifs. Non, nous
voulions voir au plus près l'île de Poveglia,
tout près du Lido. Mais
pourquoi, surtout qu'on ne peut pas aller dessus ? Oh, la rumeur
veut que l'île soit tout simplement hantée. Il faut
dire qu'elle a une sacrée histoire : dans l'Antiquité, on y
mettait en quarantaine des malades de la peste, enfin on les a
surtout laissés mourir. Durant le Moyen Âge, l'île fut peuplée
avant que tout le monde déserte qu'elle serve de lazaret pour
installer les malades de la peste. On estime à environ 160.000
morts enterrés sur cette île, vous voyez venir le côté
hanté ? Poveglia
resta l'île à peste, du moins à quarantaine, notamment pour les
bateaux venus d'ailleurs. En 1922, quelqu'un se dit que
c'était une bonne idée d'y construire un hôpital psychiatrique, et
les patients commence à voir des fantômes de pestiférés. Le
médecin en charge, un homme consciencieux tout ça, a écouté ses
patients … avant de pratiquer sur eux des lobotomies. Puis un jour,
il vit aussi les apparitions et se jeter du haut du clocher de
l’hôpital. Étonnamment, cet établissement a fermé ! Et si
l'île a continué de jouer les quarantaines pendant la Seconde
Guerre Mondiale, elle est aujourd'hui fermée au public. L’État
italien cherche même à vendre Poveglia
depuis 2014 !
Le Lido
reste une île agréable, avec de charmants hôtels, sans doute plus
au calme (et moins chers) que certains au cœur de Venise.
Nous avons séjourné à la Villa Delle Palme, une
charmante maison d'hôtes très agréable, avec une personnel
adorable et j'y reviendrais. Mais je vous en reparlerais dans un
prochain article !
Burano
L'île de la dentelle et
des pêcheurs affiche un cadre tellement hors norme, le dépaysement
à Venise dans Venise … Il s'agit de l'île la plus éloignée de
la principale avec sa voisine d'en face, Torcello. Il s'agit
en fait de quatre îlots reliés par trois canaux, et toute l'île
est remplie de maisons colorées, magnifiques et presque irréelles.
Ici, la dentelle a la part belle, avec une activité remontant au
XVIe siècle et ayant fait les beaux jours de l'Europe jusqu'à la
fin du XVIIIe siècle. Aujourd'hui, un musée se consacre
exclusivement à cette pratique, mais je ne l'ai pas visité. Et pour
le côté pêcheurs alors ? Outre la lagune tout autour et les
bateaux, ce sont les maisons elles-mêmes qui rappellent cette pêche.
Le rapport, me dites vous ? On peignait les maisons de
couleurs vives pour que les pêcheurs puissent les voir malgré la
brume ! Et encore aujourd'hui, les habitants ont l'obligation de
repeindre régulièrement pour garder l'éclat !
De toutes les îles
visitées, elle est mon coup de cœur. On se croit un peu à Venise
avec les canaux et en même temps pas du tout, cela reste très
surprenant et agréable. Bien sûr, tout ici est photogénique, même
un chat couché à l'ombre devant une maison. Nous avons profité
pour nous perdre dans les petites rues, à observer chaque bâtisse,
avec les couleurs qui se suivent sans se ressembler et pourtant
formant un ensemble harmonieux. J'ai adoré l'aspect village aussi,
on y croise des gens assis sur des chaises pliantes au coin des rues,
à interpeller d'autres habitants pour se parler, ou alors discuter
de fenêtre à fenêtre, l'air de rien. Bien sûr, le centre-ville a
muté en centre touristique avec ses restaurants et ses boutiques,
mais cela garde un certain charme. Petit détail amusant : il
n'y a qu'une seule église à Burano,
la chiesa San Martino !
Nous y sommes allés le
matin pour éviter la foule, et il y avait déjà du monde. Depuis le
Lido (et en haute saison), le
vaporetto 14 vous y emmène directement, sans passer par Venise.
Sinon, il faudra prendre la 12 à Fondamente Nove !
Murano
Qui ne connaît pas
Murano, la célèbre île du
verre ? Au 13e siècle, le Sénat votent le déplacement des
verriers et leurs fours à Murano,
pour éviter les incendies. Depuis cela est resté, tous les artisans
se retrouvent dans cette petite Venise avec son grand canal au
milieu ! Il y a bien sûr un musée du verre, là encore pas
visité, mais réputé. L'île n'a plus de réputation à faire,
beaucoup de lustres de palais vénitiens viennent de là. J'en ai
même vu un dans la maison de George Sand à Nohant, c'est
dire !
Tout est très joli, même si blindé de monde en plein
après-midi, pourtant les églises restent toujours aussi vides. Nous
en avons visité deux : la grande San Pietro Martire au
cœur de l'île datant du XIVe siècle et reconstruite au XVIe, où
l'on peut admirer des Tintoret et Véronèse à
l'intérieur. Comme beaucoup d'églises, les photos sont interdites.
De l'autre côté du canal se trouve une église atypique, Santa
Maria e Donato ! De l'extérieur, on se croit davantage en
Toscane qu'en Vénétie, et l'intérieur se veut moitié vénitien,
moitié byzantin avec ses mosaïques. J'ai adoré cet endroit,
notamment les os de dragon. Oui, vous avez bien lu, et non nous ne
sommes pas dans Game of Thrones. San Donato (Saint Donat en
français) a, comme Saint Georges et Saint Michel (et sans doute
d'autres), repoussé un dragon non loin d'ici et les os de la bête
sont maintenant derrière l'autel de cette église.
Voici les eaux de dragon ! |
Murano
ressemble beaucoup à Venise, la chaleur et la foule ne m'a peut être
pas aidé à apprécier l'île autant que je le voulais, mais elle
reste à découvrir et je suis sûre que des petites pépites se
cachent au détour des rues. Elle est accessible via Fondamente Nove
par de nombreuses lignes !
San Michele
Comment expliquer aux
gens qu'on aime visiter les cimetières ? Il faut l'avouer,
certains sont vraiment magnifiques, à l'instar du Père Lachaise à
Paris, par exemple ! Alors là, une île-cimetière, les
vénitiens ont mis la barre bien haute ! Enfin pas vraiment, eux
auraient sans doute aimé gardé leurs cimetière paroissiaux au sein
même de l'île, m ais pas Napoléon ! En 1807,
l'empereur Napoléon Ie, aussi roi d'Italie, décide de fermer
tous les cimetières vénitiens et que l'île de San
Michele, à mi-chemin entre Venise et Murano,
devienne le principal cimetière de la ville.
On croise de tout sur
cette île, du moderne à l'ancien, des columbariums avec des fleurs
en plastique, des monuments magnifiques, des cénotaphes, des
tombeaux en arc de cercle, un coin pour les ecclésiastiques, un pour
les militaires … tout se trouve ici, avec des divisions entre les
trois grandes branches chrétiennes (catholiques, protestants,
orthodoxes) car le cimetière juif se trouve sur le Lido.
Presque personne s'arrête ici, et l'île est immense, on y trouve la
tranquillité et on se balade. Bien sûr, il faut apprécier les
cimetières, mais si c'est le cas, les lignes 4.1 et 4.2 vous y
emmènent ! Et si vous regardez bien les noms, vous trouverez
des familles patriciennes ou encore, Igor Stravinsky !
Autant que Venise
elle-même, les îles sont à visiter pour voir un peu autre chose et
découvrir davantage. J'aurais voulu voir aussi Torcello, San
Erasmo. San Lazaro … Autant dire que j'ai de quoi visiter la
prochaine fois … Et vous, avez vous visité les îles ?
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !
Tes photos ont à couper le souffle !
RépondreSupprimerAh, Venise et ses îles, quelles merveilles !
Continue de nous régaler !
Ondine